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SCHOPENHAUER Arthur (1788-1860)

[caption id="attachment_1429" align="alignleft" width="220"]Schopenhauer Schopenhauer[/caption]

SCHOPENHAUER Arthur (1788-1860)

Né à Dantzig d’un riche négociant aux idées larges (qui se suicida en 1805) et d'une jeune romancière à succès, Schopenhauer eut une enfance voyageuse : Le Havre (de neuf à onze ans pour apprendre le français), Paris, la Hollande, l'Angleterre. Il devait reprendre l’affaire de son père mais, celui-ci disparu, des amis de sa mère, dont Goethe, poussèrent le jeune Arthur aux études littéraires. Étudiant très brillant, il découvrit Platon, Kant et la pensée orientale (bouddhisme en particulier). Il fut fait docteur en philosophie à l’âge de vingt-cinq ans. Il se brouilla avec sa mère, trop frivole selon lui. Il publia son chef-d'œuvre Le Monde comme volonté et comme représentation à trente ans, dans l'indifférence générale. Tout fut détruit par l'éditeur. Quant à ses cours, ils étaient déserts. On lui préférait Hegel, qu'il détestait. Retiré de l'enseignement à partir de 1833, il vécut seul avec son chien Atma. Tous les midis, après le déjeuner, il jouait de la flûte, ce qui fit dire à Nietzsche qu'il ne pouvait haïr la vie autant qu'il le disait. Il connut finalement la gloire sur le tard, un an avant sa mort.

Philosophe allemand (1788-1860).

• Homme « d’une unique pensée » (toute vie est vouloir-vivre), Arthur Schopenhauer défend une philosophie pessimiste qui est aux antipodes du système hégélien, dans lequel le réel et le rationnel ne font qu’un. • « Le monde, affirme Schopenhauer, est ma représentation » : ne pouvant connaître que des phénomènes (Kant), je perçois le monde à travers un voile d’illusions. • L’essence du monde, c’est la volonté - non pas la volonté consciente du sujet, mais un « vouloir-vivre » aveugle et privé de raison qui anime tous les corps. Ce vouloir-vivre, qui vise la survie de l’espèce, se sert des individus pour parvenir à ses fins. • Aussi la lutte que mène chacun pour satisfaire ses désirs est-elle vouée à l’échec : l’homme, esclave de désirs sans cesse renaissants, est condamné au malheur. • Seules voies de salut possibles : l’art, qui permet de contempler les Idées, et l’ascèse bouddhique, qui passe par l’abolition de tout désir (et donc par le refus du vouloir-vivre). Principales œuvres : De la Quadruple racine du principe de raison suffisante (1813), Le Monde comme volonté et comme représentation (1818), Essai sur le libre arbitre (1841), Le Fondement de la morale (1841).




♦ « Je ne crois pas que ma doctrine aurait pu se constituer avant que les Oupanichads, Platon et Kant aient pu jeter ensemble leurs rayons dans l’esprit d’un homme... S’il n’y avait pas de chiens, je n’aimerais pas à vivre. » Schopenhauer. ♦ « Le jeune Schopenhauer s’est présenté à moi comme un homme curieux et intéressant. Il s’occupe, avec une certaine originalité ingénieuse, à lancer un paroli et un banco dans la partie de cartes de notre philosophie moderne, il faut attendre de savoir si ces Messieurs du métier l’admettent dans leur corporation; je le trouve intelligent et ne m’occupe pas du reste. » Gœthe, à Knebel, 24 novembre 1813. ♦ « Arthur Schopenhauer, le plus grand philosophe depuis Kant dont il a été le premier à penser complètement les idées jusqu’au bout... Quels charlatans sont à côté de lui tous les Hegel, etc. ! » Wagner. ♦ « Le solitaire désespéré ne saurait se choisir de meilleur symbole que le Chevalier flanqué de la mort et du Diable, tel que Durer l’a gravé, le Chevalier cuirassé au dur regard d’airain qui suit sa route d’épouvante, indifférent à ses affreux compagnons, mais sans espérance, seul entre son cheval et son chien. Notre Schopenhauer était ce Chevalier de Durer : il n’avait aucune espérance, mais .il voulait la vérité. Aucun autre ne l’égale. » Nietzsche. ♦ « Son principal défaut, c’est la sécheresse complète, l’égoïsme entier et altier, l’adoration du génie et l’indifférence universelle, tout en enseignant la résignation, l’abnégation, etc. Ce qui lui manque, c’est la sympathie, c’est l’humanité, c’est l’amour... » Amiel, août 1869. ♦ « Sa clarté dont il était fier risque à tout instant le danger de se révéler comme une trivialité... Son système était un darwinisme avant la lettre, auquel la langue de Kant et les concepts des Indous ne servaient que de manteau. Oswald Spengler. ♦ « Schopenhauer est un artiste du langage; c’est de là que naît sa pensée. » Kafka.

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