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SCHELLING

SCHELLING (Friedrich Wilhelm Joseph von). Schelling (1775-1834) enseigna successivement dans les universités d'Iéna, de Wurzbourg, de Munich et de Berlin. Ses principales œuvres sont Système de l'idéalisme transcendantal (1801), Exposition de ma philosophie (1801), Bruno, Philosophie de l'art (1803), Philosophie et Religion (1804), Aphorismes sur la philosophie de la nature (1805-1806), Recherches philosophiques sur l'essence de la liberté humaine (1809). On peut situer Schelling parmi les philosophes « romantiques » allemands. Sa pensée, très évolutive, s'est développée en plusieurs étapes, a) La philosophie de la nature nous fait voir en elle une puissance infinie de rajeunissement. Elle apparaît comme l'activité infinie qui s'affirme en posant son opposé et en rétablissant sans fin les oppositions qu'elle a détruites. Parallèlement, le moi prend conscience de soi grâce à la solution des conflits qui naissent de la limitation de son activité. Enfin, l'histoire est à la fois la liberté et la révélation progressive de Dieu. « L'homme donne, par son histoire, une preuve de l'existence de Dieu, mais une preuve qui ne peut être achevée que par l'histoire tout entière ». (Système de l'idéalisme transcendantal), b) La philosophie de l'identité est très difficile. Après avoir posé, au sommet de toutes choses, un Absolu, qui ne sort pas de lui-même, Schelling doit expliquer la manière dont la Nature et l’Esprit dérivent de l’Absolu. C’est l’objet de trois ouvrages : Exposition de ma philosophie, Bruno, Philosophie de l'art, c) Puis le philosophe aboutit à une vision épique et mystique fortement marquée par J. Boehme et la théosophie. Il reste aux prises avec le vieux problème de l’individu et en vient à concevoir l’existant comme radicalement libre, le Mal ayant pour origine une volonté particulière qui se ferme à l’Amour universel. L’histoire serait le difficile retour à Dieu après la chute de l'homme.

Philosophe allemand. Il est à Tübingen le condisciple de Hegel, qui sera plus tard son « rival abhorré », et dont le système masque souvent - au moins en France - les analyses subtiles. D'abord influencé par Fichte, il s'interroge sur la possibilité de concevoir la philosophie comme science, et tente dans cette optique d’aller au-delà du criticisme de Kant. L'absolu lui apparaît initialement sous l'aspect du moi, saisi dans sa double capacité à se poser lui-même et à poser en face de lui l'ensemble de ce qui existe.

♦ Passant à partir de 1801 de l'idéalisme du moi à l'idéalisme de la nature, il affirme leur identité : le monde de l'esprit et le monde de la nature, que la conscience ordinaire croit devoir opposer, n'en font, philosophiquement parlant, qu'un, parce que c'est une force unique (assez comparable à la « nature naturante » de Spinoza, que Schelling a beaucoup lu) qui forme la nature et s'exprime dans l'univers spirituel. Dans une telle approche, l’art occupe une place de choix : grâce à sa nature symbolique, il peut devenir représentation de la philosophie.

♦ En 1809, Schelling fait paraître ses Recherches sur la liberté humaine, qui inaugure une autre étape de sa philosophie, en rappelant que la liberté est pouvoir de choisir le mal, qui, plus qu’un manque ou défaut, est une « perversion positive ». Cela l'amène à concevoir Dieu comme coexistence éternelle de lumière et de ténèbres, qui autorise l'émergence d'une histoire, dont Schelling, dans Les Âges du monde (1815), voudrait percer le mystère. Ce dernier réside dans la Création, à partir de laquelle la nature « désire » Dieu, vers lequel l'homme doit la ramener. La religion vise ainsi à retrouver l’unité « de notre être et de l'Être ». La philosophie elle-même, considérée comme « l'antidote du péché » (Jankélévitch), s'efforce de surmonter « la dislocation de l'équilibre originel » et de retrouver les synthèses enfuies, à commencer par celle du moi et de la nature. Offrant de l'idéalisme allemand une autre version que celle promue par Hegel, la philosophie de Schelling sera saluée par Kierkegaard et par Heidegger. C'est qu'elle préfigure certains aspects de la pensée existentielle, dans la mesure où elle tente de penser l'irruption première de l'existence sans la fixer dans une essence dépendant de Dieu.

AUTRES œuvres : Premiers Écrits (17941795) ; Idées pour une philosophie de la nature (1797) ; Philosophie de Part (1803) ; Philosophie et religion (1804).

SCHELLING (Friedrich Wilhelm Joseph von), philosophe postkantien allemand (Leonberg 1775-Bad Ragaz 1854). Il étudia à Tübingen et à Leipzig la philosophie et la théologie. Il eut pour condisciples, à l'université de Tübingen, Hegel et Hölderlin (1790). Il fut ensuite professeur à léna (1798), à Würzburg (1803), puis à Erlangen, Munich et Berlin (à partir de 1841), où il professa ses fameuses Leçons sur la philosophie de la mythologie et de la Révélation. La philosophie de Schelling n'est pas un système, mais une suite de créations géniales et d'intuitions nouvelles, dont la dominante fondamentale est l'intuition romantique de la nature comme médiatrice entre l'homme et la divinité. On peut fixer trois époques dans le développement de sa pensée : 1° la philosophie de l'identité (1792-1799), où Schelling, d'abord simple commentateur de Fichte et « crieur public du moi », interprète l'identité du « moi » comme une identité absolue de l'esprit et du monde; il ramène en somme l'identité, qui caractérise toute prise de conscience de soi (Fichte), à l'enthousiasme romantique (De la possibilité d'une forme de la philosophie en général, 1795; Lettres sur le dogmatisme et le criticisme, 1796); 2° la philosophie de l'esprit (1800-1809), qui est une réflexion sur le droit, la morale et surtout sur l'art comme lieu de la révélation du divin dans les choses (Système de l'idéalisme transcendantal, 1800; Dialogue sur le principe divin et le principe naturel des choses, 1802); 3° la philosophie de la religion et de la mythologie (1809 à la fin), où le philosophe s'efforce de ressaisir le sens des mythes et des rites, les principes généraux de toute fabulation, bref d'expliciter le sens de l'imaginaire (Philosophie de la mythologie, 1842). Tels sont les trois moments de la « philosophie de la Nature ». Toutefois, les thèmes développés dans sa « première » philosophie restent une constante de son œuvre : la participation de l'homme à l'Absolu par l'intermédiaire du sentiment, le caractère spéculatif de sa philosophie, qui ne comporte aucune doctrine concrète d'action, enfin son caractère de rationalisme dogmatique, qui l'amène à expliquer tous les phénomènes de la conscience humaine (notamment la conscience d'être libre) à partir d'un ordre absolu qui préexiste à l'homme (De l'essence de la liberté humaine, 1809). A cet égard, Schelling n'a rien de commun avec Kant ni avec Fichte. Il a inspiré, en France, la doctrine de Ravaisson.

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