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SARTRE (Jean-Paul)

SARTRE (Jean-Paul). Jean-Paul Sartre (1905-1980) est né à Paris. Ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de philosophie, il fut professeur au lycée du Havre, au lycée Pasteur à Neuilly et au lycée Condorcet à Paris. Il quitta l’enseignement en 1944 pour se consacrer à la direction de la revue les Temps Modernes, qu'il avait fondée, et à l’ensemble de son œuvre. Sartre a beaucoup écrit. Ses principales œuvres sont : En philosophie, l'imagination (Paris, 1936), la Transcendance de l'Ego (1938), Esquisse d'une théorie des émotions (1939), l'imaginaire (1940), l'Être et le Néant (1943), L'Existentialisme est un humanisme (1946). En littérature, la Nausée (1938), le Mur (1939), les Chemins de la liberté (trois volumes, 1945-1949), les Mots (1964). Au théâtre, les Mouches (1943), Huis Clos (1944), Morts sans sépulture (1946), les Mains sales (1948), le Diable et le Bon Dieu (1951). Et de nombreuses publications critiques et politiques, en particulier Situations (neuf volumes de 1947 à 1972). L'Être et le Néant est présenté comme un Essai d'ontologie phénoménologique. Sartre décrit trois régimes de l’être : l’en soi, le pour soi et le pour autrui, a) L’être en soi, c’est l'objet. Il est ce qu’il est, « opaque à lui-même », sans devenir, sans temporalité, incréé, « absurde » en termes de logique, contingent en termes d'ontologie, et en termes d'expérience, « de trop ». L'homme est chose par son corps, par son passé, par la situation déterminée dans laquelle il se trouve, il le sera surtout par sa mort, qui, selon le mot de Malraux, « transforme la vie en destin ». b) L’être pour soi, c'est le sujet. « Ce que je suis, par principe, ne peut être objet pour moi en tant que je le suis. » La sincérité est donc impossible. Etre conscient, c'est être à distance de soi. D'où le malaise de la conscience malheureuse. Le malheur de la conscience est le thème central de l'existentialisme sartrien. La conscience voudrait devenir « en soi pour soi », c'est-à-dire ce que l'homme pense sous le concept de Dieu. C'est impossible. L'homme est « une passion inutile ». Pourtant, l'existentialisme est un humanisme. Il donne à l'homme la tâche de se constituer lui-même et de donner un sens au monde par sa liberté. « L'existence précède l'essence. » Il n'y a pas de nature humaine. L'homme se fait. C'est en agissant dans le monde que l'homme se découvre. Sa liberté est « totale et infinie ». Elle est une sorte d'absolu. Elle permet de dépasser toute situation donnée vers un avenir indéterminé. En dépit des apparences, rien ne m'arrive que je ne l'aie choisi librement, car c'est moi qui donne un sens au monde, aux choses, aux événements. C'est la liberté qui crée les valeurs. Une valeur n'est pas un être. Sa transcendance est celle d'une fin à réaliser. Chacun choisit sa morale et sa vérité, par un choix injustifiable et même absurde. La responsabilité du choix est donc écrasante et source d'angoisse. Les esprits «sérieux» qui se rassurent avec des mythes comme ceux des valeurs absolues, des droits et des devoirs inhérents à la nature de l'homme sont des « salauds ». Ils se dissimulent que chaque individu crée librement ses valeurs. L'homme lucide, au contraire, sait qu'il est «sans recours». Je rencontre autrui dans la honte d'être regardé. Autrui « me vole le monde », parce qu'il le regarde et lui confère un sens que sa liberté choisit. D'où le mot de Huis Clos : « L'enfer, c'est les autres ». Une conscience peut prendre à l'égard d'autrui deux attitudes principales : s'efforcer de réduire autrui à l'état d'objet pour s'affirmer comme liberté, ou se faire chose devant lui pour capter sa liberté. D'un côté comme de l'autre, c'est l'échec : l'amour est, par essence, une duperie. Une morale est possible. Sa première maxime est : sois un homme, exerce ta liberté, et travaille à réaliser un monde où la liberté soit possible pour tous.

Philosophe et écrivain français (1905-1980). • Figure emblématique de l’intellectuel du XXe siècle, Jean-Paul Sartre fut de tous les combats, à l’unisson de la pensée existentialiste, qui prône engagement et responsabilité. • À l'en soi (l’être des choses, qui ne sont que ce qu’elles sont), Sartre oppose le pour soi, c’est-à-dire la conscience, en tant qu’elle introduit du néant dans le monde et ne coïncide jamais avec elle-même. • Chez l’homme, « l’existence précède l’essence ». Cela signifie que l’homme existe avant de pouvoir être défini par un concept, et qu’il « n’est rien d’autre que ce qu’il se fait ». Exister consiste en effet à choisir. Et celui qui prétend ne pas pouvoir choisir se ment à lui-même ; il est de mauvaise foi. • Cela dit, cette absolue liberté est sans cesse menacée par le regard d’autrui qui, en me constituant comme sujet, me pose en objet et tend à m’enfermer dans une essence. • Dans son souci de concilier existentialisme et marxisme, Sartre nous invite à nous réapproprier notre histoire par le « dépassement » permanent de nos propres conditions d’existence. Principales œuvres : La Nausée (1936), L’Imaginaire (1940), L’Être et le Néant (1943), Huis clos (1944), L’Existentialisme est un humanisme (1946), Critique de la raison dialectique (1960), Cahiers pour une morale (1983).


Philosophe et écrivain français né et mort à Paris (1905-1980). Il a développé sa conception de l'existentialisme dans L'Etre et le Néant (1943). Selon lui, les choses sont fondamentalement déterminées par leur nature et deviendront ce qu'elles doivent devenir. Mais en ce qui concerne l'homme, l'existence précède l'essence. L'être ne vient qu'après : « L'homme fait, et en faisant se fait. » Mais il se fait en choisissant, car il est libre. Et s'il ne se choisit pas dans son être, il se choisit dans sa manière d'être. Dès lors, il est pleinement responsable de ses actes. La liberté devient l'unique fondement des valeurs ; une liberté absolue à laquelle l'humanité est condamnée et qui va la contraindre à inventer sa route et la mener à l'engagement. Sartre a étudié les rapports de l'individu et de la société, du « moi » et de « l'autre ». Par ses prises de positions politiques, il s'est montré proche de l'idéologie communiste (direction du journal Libération, déclarations pendant la crise de mai 1968, etc.). Il est l'auteur de romans et d'essais philosophiques (La Nausée, Le Mur), de pièces de théâtre (Les Mouches, Huis clos, La Putain respectueuse, Les Mains sales, Le Diable et le bon Dieu, Les Séquestrés d'Altona...) et d'une biographie de Flaubert (L'Idiot de la famille). En 1964, il a refusé le prix Nobel de littérature.

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