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Salavin (Vie et aventures de) Georges DUHAMEL, 1920-1932

• Cette suite romanesque en cinq volumes est consacrée à un petit employé parisien qui fait d'abord figure de velléitaire sans envergure et de raté mais que Duhamel a chargé peu à peu d'une signification plus riche et plus haute, lui prêtant l'ambition de la sainteté - d'une sainteté toute laïque - dans le cadre ingrat de sa vie banale. Aussi Duhamel a-t-il pu définir son oeuvre achevée comme l'histoire d'un homme qui, privé d'axe métaphysique, ne renonce quand même pas à la vie morale et n'a pas accepté de déchoir. • Dans Confession de minuit (1920), Louis Salavin se présente lui-même. À l'approche de la trentaine, ce célibataire doux et modeste est saisi de révolte contre la médiocrité de sa vie et de son caractère. Il voudrait devenir un héros, mais reste prisonnier de sa faiblesse et n'a su donner que dans l'incongru. C'est ainsi qu'il a cédé à l'envie irrépressible de toucher l'oreille de son patron qui l'a mis à la porte. Depuis, il s'enlise dans l'oisiveté, quoique sa mère ait seulement son travail de couturière pour le faire vivre. Il a refusé de se marier comme elle l'aurait souhaité et a quitté l'appartement familial pour chercher plus librement sa voie. • Deux Hommes (1924) montre l'échec d'une amitié nouée par Salavin, maintenant marié, avec un homme de son âge, Édouard Loisel, un chimiste dont la robustesse morale et le goût du bonheur finissent par l'humilier. • Le Journal de Salavin (1927) donne un sens plus précis au tourment du personnage qui déclare son dessein de s'élever à la sainteté, bien qu'il ait perdu la foi religieuse. Ses bonnes intentions sont bafouées par la réalité. • Le Club des Lyonnais (1929) confronte Salavin avec les activités d'un groupe communiste qui rêve de révolution sociale. Pour lui, seule son aventure morale personnelle continue de compter : vous pouvez tout changer, si vous ne me changez pas, moi, par exemple, moi, Salavin, eh bien! vous n'aurez rien changé du tout. • Le dernier volume, Tel qu'en lui-même (1932), peint son ultime tentative pour recommencer son existence à Tunis où, sous un nom d'emprunt, il tient une boutique de disques. Il soigne les malades à l'hôpital et trouve enfin son accomplissement dans l'exercice de la générosité. Sa mort est l'image de cette dernière étape de sa vie : il meurt des suites d'une blessure reçue au cours d'une courageuse intervention pour apaiser son employé arabe qui venait de commettre un meurtre. • Une des dernières phrases de Salavin aide à situer le personnage dans la réflexion humaniste de Duhamel : La seule vertu de l'humanité, c'est son besoin de vertu.

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