RUHR
Rivière d'Allemagne occidentale, affluent du Rhin (rive droite). Elle a donné son nom à la région houillère et industrielle qu'elle traverse. Le développement industriel de la région commença avec l'installation de Krupp à Essen (1811). La seconde moitié du XIXe s. vit se constituer dans la Ruhr des entreprises gigantesques, qui possédaient à la fois des mines de charbon et des usines sidérurgiques, et, de plus, contrôlaient étroitement les activités similaires en Lorraine annexée (1871). Cette concentration était un trait caractéristique de l'économie de la Ruhr. Les entreprises de la Ruhr jouaient aussi un rôle de pionniers en matière de politique sociale et leurs ouvriers furent les premiers, à la suite d'une grande grève, à obtenir la journée de huit heures (1905). L'occupation de la Ruhr (1923/25) Après la Seconde Guerre mondiale L'occupation de la Ruhr (1923/25) Après le traité de Versailles, à la suite des retards de l'Allemagne dans l'acquittement des réparations, les troupes françaises et belges occupèrent les villes de Düsseldorf, Duisburg et Ruhrort (mars 1921). Au cours de l'année 1922, l'Allemagne, en proie à une inflation croissante demanda aux Alliés l'octroi d'un moratoire. En France, Poincaré voulait « faire payer le Boche » et subissait les pressions des industriels de Lorraine, qui convoitaient le charbon de la Ruhr. Il exigea la saisie de gages productifs, ce qui entraîna l'échec des conférences de Londres (déc. 1922) et de Paris (janv. 1923). Abandonnée par l'Angleterre mais soutenue par la Belgique, la France procéda à partir du 11 janv. 1923 à l'occupation des principaux centres de la Ruhr (Essen, Bochum, Dortmund, Gelsenkirchen). Le gouvernement allemand répliqua en organisant la « résistance passive », et, le 22 janv., la grève générale fut déclenchée dans la Ruhr. Cependant, le bassin houiller et sidérurgique ayant été complètement isolé par les troupes franco-belges, les usines du Reich manquèrent vite de charbon et de matières premières. Après la démission du chancelier Cuno, le nouveau gouvernement allemand, présidé par Stresemann, dut mettre fin à la « résistance passive » (26 sept. 1923). Alors qu'en France l'action de Poincaré était vivement contestée par la gauche, en Allemagne elle fournissait un excellent thème de propagande aux nationalistes (v. HITLER). À la suite de la défaite électorale de Poincaré et des partisans du Bloc national aux élections de mai 1924, le nouveau gouvernement Herriot donna son adhésion au plan Dawes pour le règlement des réparations (août 1924). La Ruhr fut évacuée progressivement d'oct. 1924 à juill. 1925. Après la Seconde Guerre mondiale En 1945, la Ruhr fut incluse dans la zone d'occupation britannique, et les Alliés proclamèrent d'abord leur intention de briser les cartels industriels, de démanteler certaines entreprises et de maintenir la production à un niveau fixé par les autorités victorieuses. Mais alors que l'Union soviétique voulait conserver le bassin à l'Allemagne en maintenant le contrôle international des industries, la France voulait que la Ruhr fût détachée du Reich. La guerre froide obligea les Occidentaux à créer en avr. 1949 l'Autorité internationale de la Ruhr, pour assurer un contrôle conjoint des États-Unis, de l'Angleterre, de la France et du Benelux sur la production de la Ruhr ; elle perdit sa raison d'être et disparut lors de la création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier, en 1952. La pleine restauration de la souveraineté allemande sur la Ruhr eut lieu avec la signature des accords de Londres et de Paris (oct. 1954). ÉVACUATION DE LA RUHR • 1er juillet 1925 L’Allemagne se faisant un peu trop prier pour payer les dommages de guerre infligés par le traité de Versailles, le général Dégoutté, sur ordre de Poincaré, envahit la Ruhr le 11 janvier 1923. À ces mesures de coercition répondent des actes de résistance passive et de sabotage. En France, 1 ’opinion publique est divisée puisque le député Marcel Cachin, qui est allé encourager surplace les ouvriers de la Ruhr, voit son immunité parlementaire levée avant d’être incarcéré. Mais en 1924, le président du Conseil, Edouard Herriot, soucieux d’améliorer les relations avec l’Angleterre, hostile à l’occupation, s’engage à l’évacuation des troupes l’année suivante. Celle-ci s’achève le 1erjuillet 1925.