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Roger Peyrefitte

Né en 1907 à Castres. Après des études secondaires dans un collège de Jésuites à Toulouse, Roger Peyrefitte passe une Licence de Lettres dans cette même ville. Sciences politiques à Paris. Reçu au concours du Quai d’Orsay, il est révoqué de la Carrière en 1945. Représentant depuis lors de la littérature à gros tirages, il devient le spécialiste mondain des révélations tapageuses. La publication en 1944 des Amitiés Particulières (Prix Renaudot en 1945) fit l’unanimité en faveur de ce diplomate de 37 ans, disciple avoué de Voltaire et d’Anatole France. Le romancier avait su appréhender l’univers trouble de l’adolescence dans le milieu confiné d’un collège religieux et suggérer une passion interdite entre garçons avec une subtilité qui en excluait toute intention provocatrice. Les romans qui suivirent immédiatement confirmèrent les qualités de styliste de Roger Peyrefitte. Malheureusement, il érigea bientôt le scandale en principe de création : « il ne peut y avoir pour moi de vraie littérature sans scandale, en dehors de ce que j’appellerai la littérature poétique ». Dès lors, l’exploitation de cette veine fut délibérée et alimenta toute sa production, anéantissant du même coup les espoirs qu’il avait suscités. Roger Peyrefitte se plongera avec délectation dans l’amoralisme agressif et vulgaire, fouillant les caves du Vatican et les tiroirs des Ambassades pour en extraire des anecdotes grotesques qu’il transformera complaisamment en accusations aussi grossières que peu fondées, et en règlements de compte où dominent les coups bas. Son ouvrage sur Fernand Legros (Tableau de chasse) ne faillit pas à la règle énoncée, L’amoureux de la Grèce antique se fait l’hagiographe d’un marchand de tableaux notoirement connu pour ses activités douteuses. De même, ses Propos secrets, recueillis au magnétophone confirment son inclination au colportage de ragots et à la délation. Roger Peyrefitte peut être considéré comme un écrivain dévoyé qui parvient difficilement à dissimuler l’indigence de son inspiration sous une attitude de défi qui correspond en définitive à une simple voie d’accès au best-seller.
► Bibliographie
Romans :
Mademoiselle de Murville, 1947; L'Oracle, 1949; Les Amours singulières, 1950; Les Ambassades, 1951 ; La fin des Ambassades, 1953; Les clefs de Saint-Pierre, 1955; Jeunes Proies, 1956; Chevaliers de Malte, 1957; L'Exilé de Capri, 1959; Les fils de la lumière, 1961 ; La nature du Prince, 1963; Les Juifs, 1965; Notre amour, 1967; La Coloquinte, 1971 ;
Essais :
Du Vésuve à l'Etna, 1952; Les Américains, 1968; Les Français, 1970;
Théâtre :
Le Prince des neiges, 1958; Le spectateur nocturne, 1960; Tous ces titres chez Flammarion chez Albin Michel : Manouche, 1972; Propos secrets, 1977.
PEYREFITTE Roger. Écrivain français. Né à Castres (Tarn) le 17 Août 1907. Il fait ses études dans deux collèges religieux du Sud-Ouest, au Lycée de Foix et à la Faculté des Lettres de Toulouse. En 1930, il sort major de l’École des Sciences Politiques, entre au Quai d’Orsay en 1931, est secrétaire d’ambassade à Athènes de 1933 à 1938. Il est révoqué en 1945, révocation annulée en 1962. Son œuvre commence par un coup d’éclat, la publication en 1944 d’un roman, Les Amitiés particulières, que Gide appréciait fort et qui obtint le prix Renaudot. Dans ce récit tendre et lyrique d’une passion juvénile dans les maisons d’éducation, Roger Peyrefitte parvient à renouveler le vieux débat du pur et de l’impur, du bien et du mal en lui donnant une hauteur tragique grâce à la présence d’un jésuite, le père de Trennes, figure douloureuse et diabolique. Mademoiselle de Murville (1947) est suivie de l’Oracle (1948), peinture des milieux archéologiques en Grèce, pays qui va occuper dans l’œuvre de R. Peyrefitte une place privilégiée, comme la patrie du bonheur. Dans La Mort d’une mère (1950), le narrateur raconte le peu d’empressement qu’il marque pour se rendre au chevet de l'agonisante. Cette espèce de confession publique a un sens qui la dépasse : un individualisme tout païen est sur le point de se substituer à un monde de foi et d’humanité. Cette veine intime, Roger Peyrefitte la retrouve à différents moments de sa carrière littéraire. Notamment avec Jeunes proies (1956), Notre amour (1967) et L’Enfant de cœur (1978). Avec les romans qui suivent les années 50, il opère un tournant marqué en se lançant dans la chronique scandaleuse de notre époque. Les Ambassades (1951) et La Fin des Ambassades (1953) sont des satires féroces de la Carrière où l’auteur introduit des personnages à clef. Il s’en prend ensuite au personnel administratif de l’église romaine dans Les Clefs de Saint-Pierre (1955) suivies des Chevaliers de Malte (1957) qui reprend la même attaque au travers d’un ordre fort ancien. Tournant ensuite sa verve contre un ordre laïque cette fois, il s’en prend à la franc-maçonnerie avec Les Fils de la lumière (1961). Tout en aiguisant un tour d’esprit voltairien, Roger Peyrefitte élargit l’horizon de ses attaques. Il introduit dans ses romans toute une part de documentation qui ne va pas sans soulever de nombreuses polémiques. Avec Les Juifs (1965), il prétend ne s’en prendre qu’à certains milieux juifs. Les Américains (1968) et Manouche (1972) ajoutent de nouveaux traits à la fresque de la société contemporaine dont il veut se faire le peintre. Il est certes difficile de tracer une perspective générale dans cette œuvre où l’auteur semble n’obéir qu’à sa seule fantaisie. Ces dernières années, il a publié un Musée de l’amour (1972), où il fait connaître ses collections artistiques puis La Muse garçonnière (1973), recueil d’épigrammes traduites du grec, contribution de Roger Peyrefitte à l’hellénisme dont il donne un vaste tableau avec un triptyque qui doit constituer la vie d’Alexandre le Grand et dont le premier volume a pour titre La Jeunesse d’Alexandre (1978). Auparavant, il a fait un crochet pour raconter dans Tableaux de chasse ou la Vie extraordinaire de Fernand Legros la carrière d’un singulier marchand de tableaux qu’il considère comme « un Casanova moderne du monde des milliards et qui a été plusieurs fois sous les plombs ». Roger Peyrefitte place lui-même son œuvre sous un double signe : celui de la Grèce et celui du huitième siècle.

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