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RHÉNANIE

Région historique de l'Allemagne, s'étendant de part et d'autre du Rhin, entre la frontière française et la frontière belgo-néerlandaise. Au Moyen Âge, cette région d'intense activité commerciale, spirituelle et artistique, se divisa en de nombreuses principautés ecclésiastiques et laïques. Les principales étaient les électorats du Palatinat, de Mayence et de Trèves, le duché de Juliers, les comtés de Clèves et de Berg. Les deux principales places de la Hanse en Rhénanie étaient Cologne et Wesel. Les traités de Westphalie (1648) et de Nimègue (1678) permirent à la France de s'installer en Alsace et dans le Palatinat : Louis XIV essaya d'augmenter ces conquêtes par la politique des « réunions » (v.), qui échoua. Au cours du XVIIIe s., l'influence intellectuelle et artistique de la France fut considérable en Rhénanie, et cette circonstance favorisa d'abord la politique impérialiste de la Révolution française. Dans son célèbre rapport de févr. 1793, Carnot affirma que « les limites anciennes et naturelles de la France sont le Rhin, les Alpes et les Pyrénées ; les parties qui en ont été démembrées ne l'ont été que par usurpation ». La Convention fit sienne cette doctrine des « frontières naturelles ». Les armées françaises ayant conquis la rive gauche du Rhin en 1794, la République fit reconnaître son droit d'annexer cette région d'abord par la Prusse (traité de Bâle, 1795), puis par l'Autriche (traité de Campoformio, 1797). Au traité de Lunéville (1801), toute la rive gauche du Rhin passa sous la domination française et fut organisée en quatre départements français. Cette unification de la Rhénanie permit, au congrès de Vienne, en 1815, d'adjuger presque toute la région à la Prusse, qui créa la province de Prusse-Rhénane (Rheinprovinz). L'établissement de la bureaucratie autoritaire prussienne rencontra quelques difficultés, notamment dans le domaine religieux. Mais la Rhénanie connut au XIXe s. un extraordinaire développement industriel qui fit d'elle la région la plus prospère d'Allemagne. Le traité de Versailles (1919) imposa à l'Allemagne la démilitarisation de la Rhénanie et pour une durée de quinze ans l'occupation alliée de la rive gauche du Rhin et, sur la rive droite, des têtes de pont de Kehl, Mayence, Coblence et Cologne. À la suite du retard de l'Allemagne dans le paiement des réparations, Poincaré qui réclamait l'exécution du traité dans toute sa rigueur, ordonna l'occupation de la Ruhr (janv. 1923). En Rhénanie, le général Mangin et le haut-commissaire français Tirard s'efforcèrent de susciter des mouvements séparatistes. En oct. 1923, des putschs séparatistes, appuyés par les autorités françaises et belges, eurent lieu à Aix-la-Chapelle, Bonn, Cologne, Mayence, mais rencontrèrent l'opposition de la majorité de la population. Une tentative analogue dans le Palatinat se termina par le massacre de Pirmasens (12 févr. 1924). L'échec du mouvement séparatiste ruina toutes les espérances de la France en Rhénanie. La France, en adhérant au plan Dawes, accepta le principe de l'évacuation de la Ruhr, effectif en août 1925. À la suite des garanties fournies par le pacte de Locarno (16 oct. 1925), la zone Nord de la Rhénanie fut évacuée en janv. 1926, et, après l'acceptation du plan Young, les troupes françaises évacuèrent le reste de la Rhénanie au cours de l'été 1930. Le plébiscite du 13 janv. 1935 rendit la Sarre au Reich. Invoquant comme prétexte la conclusion du pacte franco-soviétique de 1935, Hitler, le 7 mars 1936, ordonna la remilitarisation de la Rhénanie. Conquise par les Anglo-Américains au printemps 1945, la Rhénanie fut occupée par les armées britannique et française, puis partagée au sein de la République fédérale entre les États de Rhénanie du Nord-Westphalie, Rhénanie-Palatinat et Sarre.

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