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RÉPUBLICAIN (parti, en France)

Jusqu'à la création, en 1901, du parti républicain radical et radical-socialiste (v. RADICAUX), il n'y eut pas, en France, de grands partis républicains portant ce nom et organisés à l'échelle nationale. Sous le nom de parti républicain, on désigne cependant l'ensemble des activités dispersées des républicains au cours du XIXe s. • Les républicains sous la Restauration (1814/30) • Sous Louis-Philippe (1830/48) • L'échec de la IIe République (1848/51) • Sous le second Empire (1852/70) • De l'opportunisme à la victoire des républicains (1870/89) Les républicains sous la Restauration (1814/30) En 1814 et en 1815, dans le vide produit par l'écroulement de l'Empire, personne, même parmi les anciens conventionnels ralliés à Napoléon, n'avait osé prononcer le mot de République. Sous la Restauration, l'idée républicaine se développa lentement, clandestinement, dans les sociétés secrètes, notamment chez les carbonari. Mais la principale force d'opposition aux Bourbons, l'armée et les soldats de l'ancienne armée, était avant tout bonapartiste. Cependant, le parti républicain gagnait des adeptes chez de jeunes gens liés aux sociétés secrètes (Buchez, Trélat, Pierre Leroux), chez des étudiants et des ouvriers. Ce n'était qu'une faible minorité, et, lors de la révolution de Juillet 1830, les orléanistes n'eurent aucune difficulté à confisquer le mouvement populaire en faveur de Louis-Philippe. Sous Louis-Philippe (1830/48) Sous la monarchie de Juillet, l'opposition républicaine grandit et apparut au grand jour. Elle se manifesta violemment par les grandes insurrections de Paris et de Lyon (1832/34), par des associations telles que la Société des Amis du peuple et la Société des Droits de l'homme, par des journaux comme La Réforme et Le National. Les principaux chefs du parti républicain à cette époque ont été Armand Carrel, Ledru-Rollin, Garnier-Pagès, Barbès, Blanqui, Raspail, Michel de Bourges, Étienne Arago, Pierre Leroux. Comme il devenait impossible de se dire républicain, on s'affirma « radical », c'est-à-dire partisan de réformes « radicales ». À cause du cens électoral élevé, l'opposition républicaine au Parlement était inexistante. Dans le pays, la lutte se concentra sur la « réforme » électorale, c'est-à-dire l'extension du suffrage universel, obstinément refusée par Guizot. L'échec de la IIe République (1848/51) En févr. 1848, la République s'imposa d'elle-même. Tout le monde se rallia, les paysans comme les ouvriers, les bourgeois voltairiens comme les prêtres, qui bénissaient les « arbres de la Liberté ». Mais des aspirations inconciliables furent fatales à la IIe République. Aux excès des émeutiers de juin 1848, la République répondit par une répression impitoyable : le régime avait perdu l'appui des masses populaires. Il semblait toujours peu sûr aux propriétaires et les élections de mai 1849 virent le triomphe du « parti de l'Ordre ». Cette majorité conservatrice se déconsidéra en votant des lois restreignant la liberté de la presse et privant du droit de vote beaucoup d'électeurs populaires. Plusieurs chefs républicains furent déchus de leur mandat, arrêtés ou contraints de fuir à l'étranger. Quand Louis Napoléon Bonaparte fit son coup d'État (2 déc. 1851), la République était déjà morte, et les masses populaires n'intervinrent pas contre l'instauration du pouvoir personnel. 00020000108A00000D0C 1083,Sous le second Empire (1852/70) Pendant les premières années du second Empire, l'opposition républicaine fut réduite au silence en France. Mais elle s'exprimait avec éloquence depuis l'exil, surtout par la grande voix de Victor Hugo. Électoralement, le parti républicain n'eut que des succès restreints. Toutefois, pendant tout le second Empire, il accomplit une action efficace. Exclu de la vie politique active, il entreprit la conquête des consciences. Au cours de cette période, la mentalité républicaine se transforma profondément : la plupart des hommes de 1848 avaient été déistes, spiritualistes, parfois même liés activement au catholicisme. La nouvelle génération républicaine s'affirma au contraire positiviste et scientiste. L'orientation conservatrice prise par Pie IX (Syllabus, 1864) rendait incompatibles l'Église et les idées libérales. Le parti républicain devint donc résolument anticlérical. Il plaça au premier plan de ses revendications la séparation de l'Église et de l'État et la laïcité de l'enseignement. Le parti avait pour principale clientèle les ouvriers et les artisans des grandes villes, mais, dans ses cadres, c'était essentiellement un parti bourgeois. À côté d'un patriciat à la fortune bien assise (Ferry, Scheurer-Kestner, Floquet, Cavaignac), on y trouvait des célébrités du barreau (Jules Favre, Marie, Grévy, Ernest Picard, Gambetta), des médecins (Clemenceau)... La composition de cette élite dirigeante se refléta dans le programme du parti républicain en 1870, dont les revendications étaient strictement politiques : garanties de la liberté individuelle, des libertés de presse, de réunion, d'association ; garantie de l'indépendance judiciaire ; suffrage universel ; décentralisation ; suppression des armées permanentes. Jusque dans le programme radical de Belleville (v.) (1869), les revendications sociales étaient absentes. Ainsi se préparait, déjà sous Napoléon III, la rupture entre républicains et socialistes qui apparut avec la Commune. De l'opportunisme à la victoire des républicains (1870/89) Maîtres du pouvoir après le désastre de Sedan et la révolution du 4 sept. 1870, les républicains modérés (Favre, Grévy, Ferry, Simon, Gambetta) furent largement distancés aux élections de févr. 1871 par les monarchistes (légitimistes et orléanistes), élus de la France provinciale et rurale. Mais le parti républicain bénéficia du désaccord entre légitimistes et orléanistes. Les anciens républicains doctrinaux réalisèrent que le régime républicain ne pourrait s'installer qu'en faisant des concessions. Gambetta se fit le champion de l'opportunisme : au cours de nombreuses tournées en province, il gagna peu à peu à la République les « nouvelles couches » : paysans, notables locaux, membres des professions libérales. La « République opportuniste » (1879/98) fut essentiellement une République d'affaires, conservatrice et laïque. Pour s'allier durablement avec le centre gauche, les opportunistes renoncèrent temporairement aux points les plus hardis du programme de Belleville (suppression des armées permanentes, élection des magistrats, séparation de l'Église et de l'État) ; en échange, les anciens orléanistes leur donnèrent toute liberté d'action dans le domaine de la laïcité scolaire. Cependant, l'opinion républicaine n'assistait pas indifférente à ces arrangements : les élections de 1885 furent une sérieuse défaite pour les opportunistes et virent les progrès importants de l'aile gauche (socialistes, radicaux-socialistes, radicaux). Le parti républicain, divisé, fut secoué par la crise boulangiste, mais il refit son unité, et les élections de sept./oct. 1889, qui donnèrent 366 sièges aux républicains contre 210 aux conservateurs, marquèrent l'établissement définitif de la République en France. La politique du « ralliement », définie par le cardinal Lavigerie en 1890, acheva de désorganiser l'opposition conservatrice et antirépublicaine ; un certain nombre de monarchistes (A. de Mun, J. Piou, E. Lamy) se rallièrent au régime républicain (fondation de l'Action libérale, 1893). Dès lors, le parti républicain se disloqua en familles particulières (socialistes, radicaux-socialistes, radicaux, républicains de gauche, républicains progressistes...). 00020000061C00001D8F 616,Un parti républicain fut fondé le 19 mai 1977 à Fréjus. Il succédait à la Fédération nationale des républicains indépendants fondée et présidée par Valéry Giscard d'Estaing. Celui-ci étant devenu président de la République en 1974, il s'agissait de créer dans la majorité de droite un soutien à l'action présidentielle. Le parti républicain fut d'abord dirigé par Jean-Pierre Soisson, puis par J. Blanc. Renforcé à l'issue des élections législatives de 1978, il s'efforça d'être l'élément moteur de l'Union pour la démocratie française (UDF), laquelle, regroupant les formations non gaullistes de la majorité, permit au président V. Giscard d'Estaing de « gouverner au centre ». Après la victoire de François Mitterrand à l'élection présidentielle du 10 mai 1981, le parti républicain subit, avec l'ensemble de l'UDF, un recul sévère, passant de 65 à 32 sièges. En 1982, il se donna un nouveau secrétaire général, François Léotard. Plusieurs responsables du PR participèrent à l'expérience de « cohabitation » du gouvernement de Jacques Chirac de 1986 à 1988. Lors des présidentielles de 1995, le parti républicain soutint fermement la candidature d'Édouard Balladur. À l'issue du scrutin, les dirigeants du PR se retrouvèrent donc en situation délicate avec le nouveau président, J. Chirac, situation aggravée par des accusations de financement occulte et de corruption du parti. En juin 1997, le PR changea de dénomination pour adopter celle de Démocratie libérale (DL) et élut à sa tête Alain Madelin qui amena son parti à se séparer de l'UDF en mai 1998.

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