REGLE (étymologie)
REGLE vient du latin régula. C'est une forme refaite sur le latin. L'évolution de la langue avait donné en ancien français le mot reille (barre). Autres formes anciennes : ruile, rieule. Mots de la famille : réglet, réglette, régler, dérégler, réglage, régleur, règlement, dérèglement, réglementaire, etc. Attention, dans cette famille de mots, aux variations des accents (régler mais règle, etc.).
REGLE nom fém. - Principe dont le respect, dans certaines esthétiques et notamment le classicisme, s’impose aux artistes et aux écrivains.
ÉTYM. : du latin régula = « règle ».
Le XVIIe siècle français cherche dans l’art antique tel que celui-ci a été décrit par Aristote dans sa Poétique un corps de règles dont l’application permettrait à l’écrivain de produire une oeuvre digne de ce nom. S’inspirant de commentateurs italiens d’Aristote, un certain nombre de théoriciens français - tels Scudéry, d’Aubignac ou Chapelain - au milieu du siècle construisent une esthétique stricte et rigoureuse qui fait de la beauté le résultat de la stricte obéissance à des principes que les Anciens ont respectés, mais qui découlent en vérité de la raison et de la nature. Cette conception va s’imposer et déterminer dans une très large mesure le classicisme. C’est tout particulièrement au théâtre que ces règles - comme celle des trois unités, de la bienséance ou de la vraisemblance - influeront sur les grandes oeuvres du siècle. Si la nécessité du talent voire du génie n’est nullement niée, l’esthétique classique porte donc bien en elle une vision normative de l’art.
Les écrivains romantiques s’élèveront contre celle-ci et notamment dans le domaine du théâtre en s’en prenant à toutes les contraintes que la tragédie classique s’était imposées à elle-même et en prétendant libérer la scène. Depuis lors, la notion de règles a, en art et en littérature, mauvaise presse : on valorise une esthétique de la liberté absolue, de la rupture, qui fait du refus de toutes les conventions le signe même de l’authenticité créatrice. Ce qui n’empêche nullement que tout art, et même le plus audacieux et le plus révolutionnaire, ne peut exister que par le respect des règles qu’il se donne à lui-même.