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RÉEL

Du latin realis, « réel », « effectif» (de res, « chose »).
- Adjectif : qui existe effectivement, et pas seulement à titre d’idée, de représentation ou de mot (exemple : un pouvoir réel). - Nom : l’ensemble des choses qui existent, le monde extérieur (synonyme : réalité).
• Pour Hegel, il n'y a pas lieu de distinguer ce qui est (le réel} et ce qu'exige la raison (le rationnel} : « Ce qui est rationnel est réel, ce qui est réel est rationnel ».

RÉEL, adj. et n.m. (lat. res « chose »). Qui est une chose ou qui concerne les choses. ♦ 1° Ce qui n'est ni apparent, ni imaginaire, ni illusoire ; ce qui est sérieux, solide, et sur quoi on peut compter. ♦ 2° Ce qui a rapport à l'absolu, aux choses en soi, par opposition au phénoménal et au relatif. ♦ 3° Ce qui est donné, ne serait-ce qu'à titre de phénomène, par opposition au possible et à l'idéal ; ce qui constitue la matière ou le contenu de la connaissance. ♦ 4° Par opposition à « personnel », droits réels, c’est-à-dire droits définis du point de vue des choses mêmes (par exemple, dans le régime de la propriété). — Par opposition à « nominal », valeur réelle, définition réelle (qui prennent en considération les choses mêmes, et ce qui est). ♦ 5° Psychologie. Fonction du réel, discernement entre le rêve, l'imaginaire et la réalité.

réel, qui est véritablement. — D'un point de vue logique, le réel s'oppose au possible aussi bien qu'au nécessaire. Du point de vue de notre perception du monde, le réel s'oppose à l'apparent. En métaphysique, il arrive qu'on distingue (Descartes) les notions de réel et d'existence : une idée dans l'esprit est quelque chose de réel, bien qu'elle n'ait rien d'« existant », le dernier terme étant réservé aux corps matériels. — D'une manière générale, le réel s'oppose à l'irréel, à l'imaginaire.

RÉEL. adj. et n. 1° Qui existe comme une chose : qui se produit effectivement; qui a une «réalité» objective (indépendamment de la perception qu’on en a ou de notre absence de perception). Le réel comprend notamment tous les phénomènes de la nature, tous les faits individuels ou toutes les manifestations collectives du monde humain. Dans ce sens, le réel s’oppose : — d’une part, à ce qui est apparent ou simplement perceptible : la science montre aisément que la majorité des phénomènes échappent à notre perception (à nos cinq sens) et que, souvent, ce que nous croyons percevoir ne correspond pas à la réalité effective des choses (contrairement aux apparences, le soleil ne tourne pas autour de la terre); — d’autre part, à ce qui est illusoire (un rêve que l’on caresse), fictif (une histoire qu’on invente) ou imaginaire (une œuvre d’art que l’on projette). 2° Ce qui est présent à l’esprit humain : qui peut être l’objet d’une réflexion précise, actuelle, mais n’existe pas en soi, de façon autonome, indépendamment de la représentation que s’en fait notre pensée. Ce second sens élargit le domaine du réel à tout ce que peut produire la subjectivité humaine, de façon rationnelle ou non. Une théorie émise par un homme de science est bien une réalité ; elle ne se confond pourtant pas avec le réel qu’elle interprète (sens n° 1). Elle est de nature intelligible, non sensible. Pourtant, une fois émise, elle fait partie du « réel » que les êtres humains vont pouvoir prendre en considération. Certains philosophes, à ce propos, essaient d’opérer une distinction entre ce qui est «réel» (qui existe en soi) et ce qui est «vrai » (qu’élabore l’esprit humain). Mais le problème se complique car certains estiment que les idées existent par elles-mêmes (voir Platonisme : l’idéalisme platonicien se veut un réalisme). Le réel, dans ce second sens (comme donnée actuelle présente à l’esprit), s’oppose à la fois à ce qui est possible et à ce qui est idéal (ce qui peut être, ce qui doit être). Ces deux sens du mot n’épuisent pas la redoutable question de ce qu’on nomme «réel», et qui tient autant à l’ampleur de la réalité qu’à la complexité de l’esprit humain. En effet : — d’une part, l’homme est un être de désir et d’imagination : ce qu’il croit sentir, ce dont il rêve, ce qu’il désire lui donne souvent une extraordinaire impression de réalité, impression qu’il peut faire partager par le langage (ainsi, toute la production imaginaire des œuvres d’art devient réalité, devient objet réel, existant en soi — songeons par exemple à l’invention mélodique en musique); — d’autre part, nous ne connaissons souvent le réel qu’à travers les représentations mentales, abstraites que nous nous en donnons (par le langage notamment). La réalité de l’eau, est-ce la sensation que j’en éprouve, ou bien est-ce la formule H2O ? Dans la mesure où le «réel» se réduit pour nous à des représentations, il n’a pas plus d’intensité pour nous que des représentations parfaitement formulées qui ne renverraient à aucune réalité; au niveau de la pure représentation, dans la conscience humaine, les illusions procurent souvent une plus grande impression de réalité que les figurations abstraites (mais justes) des choses telles qu’elles sont. Dans l’emploi des mots «réel» et «réalité», il faudrait donc à chaque fois préciser de quelle nature sont les réalités dont nous parlons et quel est le «degré de réel» du réel auquel nous nous référons. De même pour l’emploi du mot réalisme, quelles que soient ses connotations.

RÉEL 1. — (Lato) Qui existe comme existent les choses ; c.-à-d. qui a une existence actuelle, indépendante ; Syn. actuel, donné, effectif. 2. — Qui est absolument, qui constitue l’Être. 3. — Qui existe véritablement par opposition à : a) Ce qui n’existe que dans la pensée ou l’imagination, qui est abstrait ou intelligible. b) Ce qui n’est qu’apparent et illusoire ; opposé à phénoménal, c) Ce qui n’est que possible. 4. — Qui concerne les choses, par opposition à : a) Ce qui concerne les signes : opposé à nominal, verbal, b) Ce qui concerne la pensée ; une distinction réelle entre deux choses est opposée à la distinction logique entre deux propriétés (entre la matière et la forme de quelque chose, il n’y a qu’une distinction logique), c) Ce qui concerne les personnes : droit personnel opposé à droit réel. 5. —Réaliser : a) Rendre réel, faire passer quelque chose de l’ordre du possible du projet, à celui de la réalité, b) Attribuer la réalité des choses à ce qui n’a qu’une existence de pensée : réaliser une abstraction ; Syn. hypostasier. c) Prendre une conscience nette de la réalité telle qu’elle est. 6. — Se réaliser : a) Trouver une forme de vie où ses aspirations et ses capacités ont pleinement leur place, b) Pour Sartre, prendre une conscience nette de ce qu’on est dans une situation donnée, c) Arriver. 7. — Réalisme : a) (Ant., scol.) Doctrine de Platon pour qui les idées constituent le réel au sens 2 ; (par ext.) doctrine de ceux qui soutiennent que les universaux ont une existence séparée de la pensée et des choses sensibles : opposé à nominalisme et conceptualisme, b) Toute doctrine d’après laquelle l’être est quelque chose de différent de la pensée ; (en part.) toute doctrine qui soutient l’existence de choses hors de nous comme causes de nos perceptions : opposé à idéalisme au sens 3. c) (Sens vulg.) Sens des réalités ; caractère de celui qui, dans ses actions et sa pensée, tient compte des réalités, d) (En part.) Attitude des mathématiciens pensant que les êtres math, ne sont pas créés mais découverts par le savant, e) Toute doctrine opposant le monde des choses à l’intelligible. f) Réalisme critique : doctrine de Kant, selon laquelle le monde externe est bien une réalité, mais que nous ne connaissons pas telle qu’elle est en soi, g) Réalisme naïf : attitude consistant à croire que les choses sont bien telles que nous les percevons. b) Théorie esthétique selon laquelle l’artiste doit représenter le monde tel qu’il est ; (par ext.) Syn. naturalisme. 8. — Réalité : a) Caractère de ce qui est réel, la réalité du monde externe, b) Au sens concret, le réel lui-même.


RÉEL 1. Qui existe comme une chose, qui a une existence concrète (le stylo que je tiens est réel). En ce sens : - s’oppose à imaginaire, illusoire, fictif (le cheval ailé n 'est pas réel), - s’oppose à apparent (un bâton plongé dans l'eau paraît brisé mais il ne l'est pas réellement). 2. Ce qui est présent à l’esprit, qui est actuel, donné (une angoisse réelle). En ce sens : - s’oppose à possible («réel signifie réalisé, dit Bachelard pour la pensée scientifique), - s’oppose à idéal (en morale on distingue ce qui doit être de ce qui est réellement). 3. Qui concerne les choses et non les propriétés : en logique , on parle d’une distinction réelle entre deux choses et d’une distinction logique entre deux qualités d’une même chose (par exemple, il y a une distinction réelle entre deux tables, mais une distinction logique entre la matière et la forme de chaque table.) 4. Sens vieilli : ce qui concerne les choses et non les personnes : le droit se divisait en « droit personnel » et « droit réel » concernant les biens; cette distinction se rencontre, par exemple, chez J.-J. Rousseau (Contrat social, livre I, chap. 8).