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Récit (nom masc.)

Récit (nom masc.)
Transmission orale ou écrite de faits vrais ou imaginaires. Le mot récit peut être utilisé dans deux sens différents : dans le premier cas, il correspond à la narration et renvoie à l'acte de raconter; dans le second cas, il est le produit de la narration, c'est-à-dire l'histoire achevée, telle qu'elle est livrée au lecteur.
Exemple
Elle s'assit à son secrétaire, et écrivit une lettre qu'elle cacheta lentement, ajoutant la date du jour et l'heure. Puis elle dit d'un ton solennel : — Tu la liras demain; d'ici là, je t'en prie, ne m'adresse pas une seule question !... Non, pas une ! — Mais... — Oh ! laisse-moi. Et elle se coucha tout au long sur son lit.
(Gustave Flaubert, Madame Bovary.)

Commentaire
Le récit repose sur des choix d'écriture : la personne, les temps verbaux, le point de vue (objectif ou subjectif), la chronologie, la composition (narration, dialogue, portrait, description, analyse) peuvent faire l'objet de commentaires. Quelle que soit sa forme, le récit entraîne le lecteur dans l'imaginaire d'un auteur.

RÉCIT, n. m. Relation orale ou écrite d’un ensemble d’événements réels ou imaginaires. Histoire, chronique, narration. Écrire un récit. Faire le récit de. Un récit historique, fantastique. Ce sens général peut, dans le domaine littéraire, se spécialiser en fonction de diverses oppositions :
• Récit et histoire. L’histoire rapportée par un récit se constitue d’un ensemble d’événements, de faits majeurs ou mineurs. Par rapport à cette histoire, le récit peut résumer ou amplifier les épisodes, déplacer leurs relations, etc. Il peut donc y avoir intérêt à comparer le schéma de base (la chronologie «objective» des événements, l’histoire) à la narration globale qu’en effectue le récit.
• Récit et chronique. Une chronique relate en principe une série d’événements historiques. Le récit, par opposition à la chronique, se permet de romancer, d’inventer, d’amplifier, de combler les lacunes de l’Histoire. Certains récits, à l’inverse, tentent d’adopter le ton objectif de la chronique. Des romanciers vont même jusqu’à intituler «chronique» la narration purement fictive dont se constitue leur récit (voir Chronique).
• Récit et roman. Si tout roman comporte un «récit» (une relation de faits), le roman est en général une œuvre narrative beaucoup plus longue, étoffée par la peinture des caractères et des milieux sociaux, dans laquelle l’élément «fiction» (la part de l’imaginaire, de l’aventure «romanesque») tient une place centrale. Par opposition au roman, le récit se veut moins «romanesque», plus près de la chronique objective des faits (même si ceux-ci sont imaginaires) : c’est ainsi que Camus présente La Peste (histoire purement fictive) comme un «récit», alors qu’on peut très bien considérer ce livre comme un roman.
• Récit et «discours». La narration d’un roman ou d’un récit ne comporte pas seulement l’énoncé de faits ou de descriptions : elle fait souvent intervenir, directement ou indirectement, des jugements du narrateur (il peut s’adresser au lecteur ouvertement; il peut suggérer ce qu’il faut penser: «Hélas, le Prince ne savait pas que...»; il peut prendre la parole et argumenter, dans le cas par exemple d’un récit autobiographique). L’analyse de l’énonciation permet de distinguer ainsi ce qui est pur récit de ce qui est «discours» (voir ce mot, au sens n° 4). Notons d’ailleurs qu’un récit particulier peut lui-même être au service d’un «discours» (un «message»), comme c’est le cas de certaines anecdotes, de l’apologue ou de la parabole : le mot discours étant employé ici, non pas au sens de « paroles rapportées », mais comme manifestation plus ou moins explicite des positions de l’énonciateur.

RÉCITATIF, n. m. Dans un opéra ou un oratorio, texte narratif ou dialogué qui est déclamé de façon chantante, avec un accompagnement musical. Les personnages «parlent» en adoptant la ligne mélodique d’une musique qui suit de près les inflexions du langage parlé. Les récitatifs font la transition entre les grands moments dramatiques où sont chantés les «airs».

RECIT nom masc. - Toute forme de présentation - orale ou écrite - d’une histoire, véritable ou fictive.
ETYM. : du latin recitare - « lire à haute voix ».
On distingue, en linguistique, le récit du « discours ». Le « récit » correspond à un « énoncé rapporté ». Comme le fait l’historien, le locuteur rapporte des faits sans s’y impliquer. Dans ce cas, les événements semblent se raconter eux-mêmes : « Les Grecs accordaient une grande place au théâtre et organisaient... » ; « Elle se pencha et de son balcon vit... » Avec le « discours », nous sommes dans le domaine de l’énonciation directe. C’est par exemple le cas du dialogue.
Le romancier mélange le plus souvent ces deux types d’énonciation.



Récit. Terme qui recouvre, selon Genette, trois notions distinctes : — Synonyme de discours, il désigne un énoncé narratif. Il prend alors la forme d’un discours oral ou écrit qui assume la relation d’un événement ou d’une série d’événements Ex. : le récit d’Ulysse aux Phéaciens (Odyssée, chap. 9-12). — Synonyme d’histoire, il désigne la succession d’événements réels ou fictifs qui font l’objet de ce discours. Ex. : les aventures vécues par Ulysse depuis la chute de Troie jusqu’à son arrivée chez Calypso. — Synonyme de narration, il désigne l’acte de narrer pris en lui-même : quelqu’un raconte quelque chose. Ex. : l’acte de Proust écrivant A La Recherche du temps perdu. Les trois sens sont étroitement liés dans la mesure où le discours narratif ne peut être tel que parce qu’il raconte une histoire, sans quoi il ne serait pas narration, et parce qu’il est proféré par quelqu’un, faute de quoi il ne serait pas en lui-même un discours. La présence de récits caractérise toutes les formes narratives, épopée, roman ou nouvelle. Au théâtre, le récit est une forme particulière de dialogue établie entre un personnage impliqué dans le drame, et un autre protagoniste, tout aussi concerné. Sa fonction est de raconter ce qui se passe ailleurs ou ce qui est arrivé avant que la pièce ne commence. Les récits sont particulièrement nombreux dans la tragédie, grecque et classique. Situés à l’exposition ils ont un rôle analogue à celui de l’analepse explicative dans le roman qui débute in medias res, car ils exposent des événements passés nécessaires à la compréhension de la situation présente. Ex. : Andromaque commence par un récit d’Oreste à Pylade qu’il retrouve à la cour de Pyrrhus après six mois de séparation. Rares au milieu de la pièce, ils sont alors générateurs de péripéties. Ex. : dans Horace, Julie vient à maintes reprises raconter les phases du combat entre les Horaces et les Curiaces. Le plus souvent, ils sont situés au dénouement. Ex. : dans Phèdre, Théramène narre la mort d’Hippolyte à laquelle il vient d’assister.