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Raymond Jean

Raymond Jean est un homme du sud. Dans sa vie. Et dans ses livres. Né à Marseille en 1925, étudiant à Aix-en-Provence où il enseigne aujourd’hui la littérature française, il a peu de liens avec Paris, sinon par son éditeur (le Seuil) et par le quotidien auquel il collabore régulièrement (le Monde). Ecrivain, Raymond Jean l’est à plusd’un titre : son œuvre compte une quinzaine d’ouvrages de nature différente mais de valeur égale. Plusieurs essais consacrés à des poètes français ou à de grands thèmes de la littérature (le « réel », le « désir ») le placent parmi nos meilleurs critiques contemporains. Ennemi de la modernité gratuite et des analyses artificielles, Raymond Jean ne dédaigne pas de dire en vérité ses joies de lecteur et de les exprimer dans une langue souple et classique. On retrouve dans ses romans ce souci d’une écriture sobre qui, précisément, touche son but. La conférence, Le village, Les deux printemps, La femme attentive nous révèlent, entre autres, le talent assuré d’un écrivain traditionnel et la trempe remarquable d’un bel amoureux de la description opportune. Jamais, en fait, Raymond Jean ne s’éloigne d’une réalité à laquelle il tient plus que tout : pour preuve, La fontaine obscure, son dernier roman (1976), où, à partir de documents et d’archives réels, Raymond Jean raconte l’histoire du procès de sorcellerie de l’abbé Louis Gaufridy et de Madeleine de Demandolx de la Palud, au début du XVIIème siècle. Non pas tant, au reste, qu’il veuille faire œuvre d’« historien » ; bien plutôt il cherche à montrer que, par bien des aspects, maintes analogies subsistent entre la mentalité des siècles passés et celle d’aujourd’hui. En parlant de la sorcellerie, c’est un peu à nous que l’auteur s’adresse. Romancier du passé et du présent, styliste talentueux, Raymond Jean a l’intelligence et le bon goût de n’écrire que lorsqu’il a, véritablement, quelque chose à transmettre.

► Bibliographie

Essais littéraires Nerval, 1964, Seuil ; La littérature et le réel, 1965, Albin Michel ; Éluard, 1966, Seuil ; La Poétique du désir, 1974, Seuil ; Romans Les ruines de New York, 1959, Albin Michel ; La conférence, 1961, Les Grilles, 1963 et Le village, 1966, chez Albin Michel ; La Vive, 1968, Les deux printemps, 1971, La ligne 12, la femme attentive, 1974 et La fontaine obscure, 1976, au Seuil.

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