Databac

Rabelais

Sa vie (1494-1554)


François Rabelais est né en 1494 près de Chinon. Son père, avocat à Chinon, était un assez gros propriétaire : l’œuvre de Rabelais abonde en souvenirs du terroir familial et en allusions aux gens de justice. Devenu moine cordelier, puis bénédictin, Rabelais se passionne pour le grec et fréquente les humanistes. Familier de l'évêque de Fontenay-le-Comte, il séjourne aux abbayes de Maillezais, puis de Ligugé. Le milieu humaniste de Fontenay-le-Comte semble avoir été favorable à l’Évangélisme et au Gallicanisme (qui lutte contre les ambitions temporelles des papes). A partir de 1528, Rabelais se déplace beaucoup, observant les mœurs et le langage des étudiants, en particulier à Paris où il prend l’habit de prêtre séculier. Inscrit à la Faculté de Montpellier en septembre 1530, il est bientôt chargé d’un cours et commente dans le texte grec les médecins Hippocrate et Galien. Médecin à l’Hôtel-Dieu de Lyon en 1532, il publie la même année sous un pseudonyme le "Pantagruel", puis à l’automne de 1534, le Gargantua. Le Tiers Livre est publié en 1546 après plusieurs voyages en Italie. Rabelais, docteur à Montpellier en 1536, devient un des premiers médecins de France, pratiquant des dissections de cadavres, méthode nouvelle d’enseignement de l’anatomie par l’observation directe. Bénéficiaire de la cure de St-Martin-de-Meudon en janvier 1551, il publie le Quart Livre en 1552. Ce dernier ouvrage est aussitôt condamné par le Parlement, comme les précédents. On perd ensuite la trace de l’écrivain, mort probablement à la fin de 1553 ou au début de 1554. Le Cinquième Livre parut partiellement en 1562 puis dans sa forme complète en 1564, mais son attribution à Rabelais demeure incertaine. Son œuvre "Pantagruel" (1532) conte les prouesses d’un géant, fils de Gargantua. Aux effets comiques nés d’un merveilleux gigantesque et féerique, Rabelais ajoute de nombreux détails tirés de la vie réelle et il exprime dans certains chapitres son idéal humaniste. "Gargantua" (1534) fait passer le réalisme des mœurs au premier plan, et revient sur divers problèmes : l’éducation, la guerre, la paresse des moines et les superstitions. Le "Tiers Livre" (1546) renonce par prudence à la satire religieuse, après l'affaire des Placards (voir Marot). Le personnage de Panurge passe au premier plan et l’on tend à oublier le gigantisme de Pantagruel. Le "Quart Livre" (1548-1552) évoque les escales de Panurge en route vers l’oracle de la "Dive Bouteille". Ce cadre, très souple, permet à l’auteur d’introduire dans le livre les fantaisies les plus variées ; une fois encore, certaines allégories satiriques visent les ambitions temporelles des papes. Le "Cinquième Livre" (1564) conduit Panurge et ses compagnons jusqu’à la "Dive Bouteille", mais les érudits ne s’accordent pas sur l’authenticité de ce dernier ouvrage. A travers les formes infiniment variées de son génie, deux tendances fondamentales résument les aspirations essentielles de Rabelais : la passion de l’humanisme et l’amour de la nature. L’auteur exprime sa pensée à l’aide de personnages et de récits symboliques, mais le réalisme le plus vivant et la fantaisie la plus débridée se mêlent aux idées sérieuses. De plus, Rabelais reste un des maîtres du rire, depuis la gauloiserie la plus grossière jusqu’à la comédie de caractère la plus fine. Il est servi par un prodigieux vocabulaire, qui emprunte à tous les langages, techniques, étrangers, provinciaux, allant jusqu’à forger des mots et se plaisant à l’énumération et à l’accumulation qui sont ses procédés familiers.