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querelle des Anciens et des Modernes

querelle des Anciens et des Modernes

Querelle qui opposa, au XVIIe siècle, les partisans de l'imitation de l'Antiquité aux tenants des audaces de l'esprit moderne.
Commentaire Ces mouvements antagonistes apparurent dès le début du XVIIe siècle. Ce ne fut cependant que le 27 janvier 1687, à l'Académie française, que Charles Perrault mit le feu aux poudres en présentant son poème le Siècle de Louis le Grand, où il critiquait ouvertement les Anciens, proclamant la supériorité du Grand Siècle sur celui d'Auguste; Boileau et La Fontaine (Epître à Huet) firent front, rejoints rapidement par La Bruyère (« Discours sur Théophraste », Caractères.). Les Modernes cependant s'organisèrent, infiltrant l'opinion grâce à leur journal, le Mercure Galant. On attendait de l'Académie qu'elle tranchât. Elle s'en garda bien, élisant parmi les siens, en 1691, le « Moderne » Fontenelle et, en 1693, l'« Ancien » La Bruyère. Perrault {Parallèles des Anciens et des Modernes, 1688-1692) et Boileau (« Discours », Satire, X, 1693) ne cessèrent néanmoins de s'affronter jusqu'à la fin du siècle, où enfin la tolérance l'emporta : on put admirer les Anciens tout en reconnaissant les mérites des Modernes. La querelle se ranima au début du XVIIIe siècle pour s'éteindre définitivement grâce à Fénelon et sa Lettre à l'Académie (1714). Si le détail de cette querelle est bien oublié aujourd'hui, la lutte entre les partisans de la tradition et les tenants du modernisme ne s'est pas éteinte pour autant : il suffit d'une étincelle pour qu'elle se rallume, un projet de réforme de l'orthographe ou l'introduction d'un mot anglais dans la langue, par exemple.
Citation Ceux que nous appelons anciens étaient véritablement nouveaux en toutes choses, et formaient l'enfance de l'homme proprement dit ; et comme nous avons joint à leurs connaissances l'expérience des siècles qui les ont suivis, c'est en nous que l'on peut trouver cette antiquité que nous révérons dans les autres. (Pascal, Traité du vide.)


ANCIENS ET MODERNES (querelle des) - Polémique littéraire qui opposa à la fin du XVIIe siècle les partisans d’une littérature inspirée des modèles antiques et ceux qui soutenaient la nécessité d’une évolution en art.
La question de l’imitation avait été au centre des débats sur la littérature depuis la Renaissance au moins. La question était de savoir si la perfection des textes antiques serait ou non indépassable et s’il fallait ou non chercher dans ceux-ci la source essentielle de son inspiration en faisant des grandes œuvres du passé des modèles absolus. Le débat reprit avec une très grande virulence à la fin du XVIIe siècle. Contre les Anciens - notamment Boileau et Bossuet -, les Modernes - avec Perrault - soutenaient que l’Histoire était le lieu d’un progrès du goût et de l’art qui interdisait qu’on révérât servilement les grands auteurs de l’Antiquité en se refusant à explorer d’autres voies que celles qu’ils avaient ouvertes. Le moment fort de la querelle des Anciens et des Modernes fut sans doute celui de la polémique qui vit s’affronter en 1687 Boileau et Perrault au sujet d’un poème dans lequel ce dernier affirmait que le siècle de Louis XIV dépassait en grandeur celui d’Auguste. En un sens, la Querelle des Anciens et des Modernes se prolonge largement au-delà du XVIIe siècle. Toute l’histoire de l’art et de la littérature peut en effet être lue comme le champ de bataille où s’affrontent perpétuellement défenseurs de la tradition et tenants de la modernité. C’est pourquoi l’expression « querelle des Anciens et des Modernes » est souvent utilisée pour désigner d’autres épisodes polémiques de l’histoire culturelle. On dira par exemple que les débats sur le Nouveau Roman ont constitué au sein de la critique française comme une nouvelle querelle des Anciens et des Modernes.
—> Académisme — Antiquité — Imitation — Modernisme