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PULSION

PULSION, n.f. (lat. pulsio «poussée»). Terme utilisé en psychanalyse pour traduire le mot allemand dont se servait Freud, Trieb («poussée interne», «impulsion», «tendance»), par lequel il désignait toute force interne, ou dynamisme naturel, qu'il tenait pour physiologique en son fond. Freud a varié dans sa théorie des pulsions, passant d'un système où il opposait les pulsions de conservation du moi aux pulsions sexuelles, à un autre système où la dualité est celle d'Éros (amour, au sens sexuel) et Thanatos (mort). De nos jours, le psychologue Bowlby a découvert la pulsion d'attachement, indépendante de toute autre pulsion, et par laquelle l'être éprouve une forme élémentaire d'amitié pour un autre ; c'est le lien humain fondamental, au sens de la philia d'Aristote.

PULSION
En psychanalyse, processus dynamique orientant (par une poussée) l’organisme vers un but. La pulsion a sa source dans une excitation corporelle, qui détermine un état de tension ; elle est donc d’origine somatique ; son but consiste à supprimer l’état de tension qui la caractérise et il implique la rencontre d’un objet qui puisse la satisfaire.
♦ Chez Freud, la théorie des pulsions reste toujours dualiste : dès le début de ses travaux, il oppose la pulsion sexuelle aux pulsions d’autoconservation (la faim, par exemple). Ultérieurement, l’opposition se fera entre pulsions de vie (ou Éros, où se rassemblent libido et pulsions d’autoconservation) et pulsions de mort (ou Thanatos, tournées d’abord vers l’intérieur et l’autodestruction, puis vers l’extérieur et se manifestant comme pulsion agressive ou de destruction) qui tendent à la réduction complète des tensions, c’est-à-dire à ramener l’être vivant vers un état inorganique.
pulsion, force biologique inconsciente qui, agissant de façon permanente, suscite une certaine conduite. La source des pulsions est corporelle ; c’est un état d’excitation (faim, soif, besoin sexuel) qui oriente l’organisme vers un objet grâce auquel la tension sera réduite. Freud a étudié les pulsions dites instinctuelles et le refoulement qu’elles subissent par la censure morale.
pulsion, terme psychanalytique désignant la tendance instinctive qui pousse à accomplir ou à refuser certains actes. — Il remplace le terme de tendance.
PULSION
Poussée qui fait tendre l’organisme vers un but. A sa source dans une excitation corporelle, son but est de supprimer cette tension grâce à un objet de satisfaction. La faim est l’exemple d’une pulsion.
Chez l’homme il convient d’appeler pulsion ce que l’on appelle couramment instinct (instinct sexuel, instinct maternel) : en effet, instinct désigne un comportement fixé héréditairement et entièrement préformé, alors que la pulsion est une poussée qui peut se satisfaire avec des objets différents (faim de viande, de sucre...) et peut même ne pas se réaliser (refus de manger, grève de la faim).
PULSION. Concept limite entre le psychique et le somatique, le terme allemand "Trieb" (qui fut d’abord traduit par instinct) désigne un processus dynamique ayant sa source dans une excitation corporelle localisée. La pulsion mobilise l’appareil psychique, ainsi que la motricité, de telle sorte que soit mis en œuvre un comportement aboutissant à décharger la tension existant au niveau somatique. Cette décharge constitue le but de la pulsion ; elle est obtenue à l’aide d’un objet. "Nous donnons, écrit Freud, aux forces qui agissent à l’arrière-plan des besoins impérieux du Ça et qui représentent dans le psychisme les exigences d’ordre somatique, le nom de pulsions. Bien que constituant la cause ultime de toute activité, elles sont, par nature, conservatrices. En effet, tout état auquel un être est un jour parvenu tend à se réinstaurer dès qu’il a été abandonné. On peut ainsi distinguer une multitude de pulsions et c’est d’ailleurs ce que l’on fait généralement. Il importe de savoir si ces nombreuses pulsions ne pourraient pas se ramener à quelques pulsions fondamentales. Nous avons appris que les pulsions peuvent changer de but (par déplacement) et aussi qu’elles sont capables de se substituer les unes aux autres, l’énergie de l’une pouvant se transférer à une autre. Ce dernier phénomène reste encore imparfaitement expliqué. Après de longues hésitations, de longues tergiversations, nous avons résolu de n’admettre l’existence que de deux instincts fondamentaux : l’éros et l’instinct de destruction..." Rappelons à ce propos que la théorie freudienne de la pulsion est foncièrement dualiste ; dans un premier temps, Freud opposait les pulsions sexuelles aux pulsions du Moi (ou d’autoconservation). Ce dualisme rend compte du conflit psychique, le Moi trouvant dans la pulsion d’autoconservation l’essentiel de l’énergie nécessaire à la défense contre la sexualité.
PULSION PARTIELLE. Il existe pour Freud autant de pulsions sexuelles que de sources somatiques d’excitation libidinale. C’est ainsi que l’on parle de pulsions orales, anales, voyeuristes, etc. ; ces diverses pulsions fonctionnent d’abord indépendamment les unes des autres ; un courant énergétique commun se déplace de l’une à l’autre, cependant qu’au terme d’une certaine maturation sexuelle elles se trouvent plus ou moins subordonnées à la fonction génitale. Le jeu des pulsions partielles s’observe chez l’enfant, ce « pervers polymorphe », chez l’adulte sous forme d’activités préliminaires à l’acte sexuel et dans les perversions. Les pulsions partielles rattachées aux diverses zones érogènes fonctionnent d’abord de façon anarchique ; elles s’intégrent progressivement aux diverses organisations libidinales.



« Nous donnons le nom de pulsions aux forces qui agissent à l’arrière-plan des besoins impérieux du Ça et qui représentent les exigences d’ordre somatique dans le psychisme ». Les pulsions, les motions pulsionnelles, sont la base énergétique de la motivation et les déterminants de l'économie de la conduite. Dans la théorie psychanalytique, le concept de pulsion prend la place, chez l’homme, animal « prématuré » (néoténié), de l' instinct en zoologie.
1. La neurophysiologie fournit très généralement à l’étude du comportement le schéma de l'excitation et de la décharge (selon le modèle du réflexe) ; la psychanalyse nous contraint à une complication de ce schéma, pour autant que les motions pulsionnelles (pulsions instinctuelles) représentent, dans un contenu psychique durable et impétueux, une source interne d’excitation, agissant sous la forme d’une force constante et inévitable (à l’opposé de l’impact momentané de l’excitation externe). Aucune « fuite » ne peut servir contre elle (on pense ici à la soif et à la sécheresse du pharynx...). Toute pulsion exige satisfaction, grâce à une modification adéquate, pour le « besoin » (désir) qu’elle engendre. Les pulsions imposent ainsi une orientation de l’activité vers la modification du monde (dans un sens satisfactoire). Elles sont, en ce sens, la source de tout progrès et s’opposent à l'inertie du système (nerveux). La théorie des pulsions introduit donc le point de vue biologique en psychologie et différencie, en cela même, la psychanalyse de toute autre psychologie. La pulsion est comme le « représentant psychique » de l’excitation interne. Elle exprime, pour ainsi dire, le « travail » psychique du somatique.
2. La division des pulsions en deux groupes : pulsions d'autoconservation (ou du « Moi ») et pulsions sexuelles, semble alors la plus appropriée pour un point de départ (si l’on considère, par exemple, le conflit entre le Moi et les revendications sexuelles dans les névroses classiques (hystérie, obsessions), ou le contraste saisissant entre la linéarité des « pulsions du Moi », et la plasticité des pulsions sexuelles). C’est l’importance extraordinaire des pulsions sexuelles que souligne la psychanalyse dans leurs surprenantes caractéristiques. Les pulsions sexuelles sont, en effet, nombreuses ; elles sont issues de sources organiques multiples, ce qui suffit peut-être à expliquer leurs différences qualitatives (la source de la pulsion réfère au processus somatique qui correspond à l’excitation psychique ; bien que déterminant pour la vie psychique, nous ne le connaissons pas en lui-même, son étude relève de la biologie). Elles se développent en marge de toute activité, phénomène ou processus organique de quelque importance. Elles s’étayent, à l’origine, sur les pulsions d’auto-conservation dont elles ne se détachent que progressivement (et incomplètement) et qui leur montrent les voies de la découverte de l’Objet. Elles fonctionnent d’abord, cependant, sur un mode auto-érotique au moins dans certaines composantes. La plupart des pulsions sexuelles, comme le suçotement, se détachent auto-érotiquement de la conservation ; d’autres ont toutefois un fonctionnement semi-objectal d’emblée : telle la pulsion sexuelle à voir (scoptophilie) qui ne s’arrête pas à l’œil, ou le « sadisme », qui dépasse le muscle, même si l’objet pris (comme dans la vision érotique) est éventuellement le propre corps... Ce qui distingue singulièrement les pulsions sexuelles de toutes autres, c’est, avec leur plasticité, leur possibilité remarquable de se remplacer largement l’une l’autre, d'échanger leurs objets, jusqu’à permettre des réalisations éloignées des buts originaux (comme c’est le cas, particulièrement, dans la « sublimation »...). Les pulsions sexuelles restent longtemps partielles avant de se regrouper sous la primauté génitale, en passant préalablement par plusieurs organisations nommées d’après la « zone érogène » dominante (orale, anale, phallique...). Fondamentalement, toute pulsion (motion, poussée) sexuelle est un fragment d’activité (une pulsion « passive », ne saurait être qu’une activité pulsionnelle à but passif) dont le but est la satisfaction. Cependant, c’est le propre de la satisfaction sexuelle que de pouvoir s'arrêter sur des intermédiaires ou de se réaliser par diverses voies entre lesquelles se font des combinaisons ou des substitutions. La psychanalyse met ainsi en évidence l’importance de « pulsions inhibées quant au but », où la satisfaction n’est qu’ébauchée ou des plus partielles. L'objet d’une pulsion sexuelle, qui est ce par quoi elle peut atteindre satisfaction (apaisement), est bien alors ce qu’il y a de plus variable, si ce n’est de contingent quant au but... Ce n’est même pas forcément un objet étranger (c’est aussi bien, à l’occasion, une partie du corps propre). Il est remplaçable, interchangeable par déplacement ; il peut servir à la satisfaction de plusieurs pulsions (intrication). Si la liaison de l’Objet et de la pulsion est particulièrement intime, nous disons de fait qu’il y a eu une fixation. Les pulsions sexuelles peuvent connaître divers destins au cours du développement. Ces destins apparaissent indistinctement comme les modes de la défense primaire contre ces mêmes pulsions, caractéristique du stade narcissique de l’évolution psychologique. Outre la sublimation (inhibition quant au but, transfert d’Objet et idéalisation), elles peuvent donner lieu :
- au renversement dans le contraire : renversement de l’activité à la passivité, comme dans les couples sadisme/masochisme, voyeurisme/exhibitionnisme, en ce qui concerne le but pulsionnel, et renversement de contenu dans le cas de la transformation de l’amour en haine (pour autant que l’amour soit une pulsion, plutôt que le faisceau synthétisé des pulsions après la formation du « Moi » et le choix d’Objet...). - au retournement sur la personne propre : par changement d’Objet avec but inchangé (sadisme retourné sur soi, par exemple dans l’auto-punition de la névrose obsessionnelle). Renversement d’activité en passivité et retournement sur la personne propre ne portent jamais, en fait, que sur un « quantum » de la motion pulsionnelle ; la première direction persiste toujours à quelque degré (comme dans la suite de vagues successives de lave) et est une source d'ambivalence.
Le destin, psychanalytiquement le plus pertinent, mais le plus dirimant, de la pulsion (sexuelle) est le refoulement (qui vise à supprimer le développement de la pensée par l’empêchement du devenir conscient de la représentation). Dans les stades ultérieurs du développement de la personnalité, les pulsions entrent en conflit avec les idéaux, en entraînant une défense du Moi contre elles. La plus typique est la « formation réactionnelle » (contre-investissement de la pitié contre le sadisme, de la propreté vis-à-vis des tendances anales...).
3. La distinction des pulsions du Moi conservatoires et des pulsions sexuelles correspond à la première théorie des pulsions, contemporaine du moment névrotique de la psychanalyse. A la lumière de la psychologie du Moi, dans le moment psychotique de la psychanalyse, de très nombreux aspects des pulsions de « conservation » se sont montrés étroitement intriqués à l’investissement sexuel (narcissique) du propre Moi. Le progrès subséquent a conduit à mettre sur un même plan, dans le déterminisme psycho-névrotique, les avatars de l'agression, à côté de ceux des pulsions sexuelles (réunies dans le concept énergétique général de la libido). La dernière théorie des pulsions se transforme, alors, en « théorie des instincts », avec opposition des instincts de vie (narcissisme, sexualité, Eros) et instinct de Mort (la « conservation » étant ramenée à un mixage de narcissisme et d’instincts d’agression externalisés).
Des considérations complexes : thérapeutiques (phénomènes de répétition, au-delà du principe du plaisir) biologiques (nature « conservatrice », au sens répétitif, de l’instinct), cliniques (réaction négative à la thérapeutique, structure de la mélancolie et de la névrose obsessionnelle, masochisme fondamental, etc.), sociologiques (phénomènes de guerre, malaise de la Civilisation), etc., ont conduit en effet à regrouper toutes les forces de l'agression - depuis longtemps reconnues comme force motrice de la pulsion, composante sadique de la libido, contingent hostile du complexe d’Œdipe, ambivalence fondamentale, agressivité réactionnelle de frustration, etc. - en un « instinct de Mort », normalement lié en masochisme pulsionnel primaire, et déflecté en instinct d’agression et en instinct du Moi (dans l’« intrication » des pulsions)...
4. La théorie des pulsions est notre mythologie, disait Freud. Il n’est pas sûr qu’il entendait par là qu’elle était imaginaire, irréelle. Plutôt, elle tentait, par approximation, de cerner les grandes Forces et Principes qui sont en Cause derrière le processus analytique, et qui mettent en acte et en scène les phénomènes observables (comme c’était la fonction des « Eléments » dans la philosophie présocratique).
 

Pulsion Du bas latin pulsio, « action de pousser » (de pellere, « remuer », « pousser »). Chez Freud, manifestation de l’inconscient qui pousse l’individu à agir pour supprimer un état de tension organique (exemple : les pulsions sexuelles).

PULSION (n. f.) Traduction de l’all. Trieb. 1. — Terme employé par Freud en opposition à la conception tradit. de l’instinct pour désigner un processus dynamique qui fait tendre l’organisme vers un but ; une pulsion possède une source (excitation corporelle), un but (acte permettant la suppression de l’état de tension), un objet (être grâce auquel elle atteint son but) et une quantité ; les éléments concrets correspondants ne sont pas donnés une fois pour toute, et il y a une histoire ou maturation de la pulsion (pulsion sexuelle). 2. — Pulsion de vie / de mort : dans un premier dualisme, Freud oppose pulsion sexuelle et pulsion d’auto-conservation (ensemble des besoins liés aux fonctions corporelles), puis il vient à classer ces deux pulsions sous la catégorie des pulsions de vie (Éros) et à leur opposer des pulsions qui tendent à la réduction complète des tensions, c.-à-d. à ramener l’être vivant à l’état inorganique ; il nomme ces dernières pulsions de mort (Thanatos).

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