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PSYCHÉ

PSYCHÉ, n.f. (gr. psuchê «souffle», «esprit», «âme»). ♦ 1° Aristote. L’âme, c’est la forme organisatrice immanente d’un corps organisé, quand il est vivant (il est vivant par ce principe qu’est l’âme). ♦ 2° Terme repris par des psychologues modernes tels que Jung pour designer l'ensemble des phénomènes psychiques, conscients ou non.

"Lorsque nous nommons la psyché, nous évoquons symboliquement l’obscurité la plus épaisse que l’on puisse s’imaginer" . Pour Jung, c’est cependant une réalité vivante et agissante dont on n’a pas encore apporté la preuve qu’elle ne soit qu’un épiphénomène et qui oblige à répudier « la prétention arrogante de la conscience à être la totalité de la psyché >. C’est en effet « une équation qui ne peut être résolue sans le facteur de l’inconscient ; c’est une totalité qui inclut à la fois le Moi empirique et ses racines transconscientes ». Cette équation, Jung l’expose sans la résoudre et surtout sans vouloir la réduire : < Ce que nous posons avec le concept de psyché, nous ne pouvons tout simplement ni le savoir ni le saisir, car la psychologie est dans cette situation fâcheuse où l’observateur et la chose observée y sont en dernière analyse identique >. Cependant, c’est « dans la mesure où la psyché se connaît comme existante, se comporte en conséquence et présente une phénoménologie qui lui est propre et qu’on ne peut réduire à rien d’autre >, qu’on peut la décrire et en rechercher les lois. Les rapports du conscient et de l’inconscient ne semblent pas livrés au hasard. "Le conscient repose sur le socle pour ainsi dire statistique et hautement conservatif de l’instinct et des formes imagées spécifiques de ce dernier, les archétypes" qui constituent les "unités d’efficience de l’inconscient". Lors des processus de prise de conscience, la directivité nécessaire du conscient agit au prix d’une unilatéralité ; mais < comme la psyché est un système autorégulateur, tout comme le corps, la contre-réaction régulatrice se développe toujours dans l’inconscient » qui a donc une position compensatoire plutôt que complémentaire. Sous cet éclairage, « la psyché apparaît comme un processus dynamique qui repose sur les antithèses qui la sous-tendent si bien qu’on peut se la représenter sous l’image d’une tension entre ses pôles. Par ailleurs, le concept de Soi met l’accent sur un processus de centrage de la personnalité. < Désignant la totalité de la psyché, il est non seulement le centre, mais aussi le périmètre qui inclut conscient et inconscient ; il est le centre de cette totalité comme le Moi est le centre de la conscience >. Enfin, il semblerait < qu’une partie au moins de la psyché échappe aux lois de l’espace et du temps, fonctionnant parfois par-delà la loi causale spatio-temporelle >. Les phénomènes de synchronicité qui en résultent, suggèrent que « matière et psyché sont deux aspects différents d’une seule et même chose » et que « les phénomènes psychiques sont en relation énergétique avec le fondement physiologique ».




Psyché («l’âme»). Nom de l’héroïne d’une légende, racontée dans les livres IV à VI de L 'Âne d'or d’Apulée .: le narrateur est une vieille femme qui essaie de distraire une jeune fille capturée par des brigands. Psyché était si belle que Vénus en devint jalouse et envoya Cupidon pour la rendre amoureuse de quelque créature désagréable à voir. Or c’est Cupidon lui-même qui en devint amoureux. Il installa Psyché dans un palais, mais ne lui rendait visite que dans l’obscurité, et lui interdisait d’essayer de le voir. Ses soeurs, par jalousie, lui dirent qu’il s’agissait d’un monstre qui voulait la dévorer. Une nuit, elle prit une lampe et regarda Cupidon dans son sommeil, mais une goutte d’huile brûlante le réveilla. Aussitôt le dieu l’abandonna, mécontent de sa désobéissance. Psyché, seule et hantée par le remords, rechercha son amant par toute la terre, et Vénus exigea d’elle divers exploits qui dépassaient les capacités humaines. Le premier fut de trier avant la tombée de la nuit un énorme tas de grains mélangés. Mais les fourmis eurent pitié de Psyché et, venues en masse, elles exécutèrent la tâche à sa place. D’une manière ou d’une autre, toutes les tâches furent accomplies, sauf la dernière : descendre aux Enfers et aller chercher le coffret de la beauté de Perséphone. La curiosité eut raison des craintes de Psyché et elle ouvrit le coffret, qui ne contenait pas la beauté, mais un sommeil de mort auquel elle succomba. Jupiter, sur les prières de Cupidon, consentit enfin à leur mariage, et Psyché fut conduite au ciel. On a souvent interprété ce conte merveilleux comme une allégorie du voyage de l’âme dans la vie et de son union finale avec le divin, après l’épreuve de la mort.

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