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PSEUDONYME

PSEUDONYME, n. m. (de pseudo-, voir ci-dessus, et onoma, « nom ») Nom d’emprunt que se donne quelqu’un pour masquer son identité, notamment dans le domaine littéraire. Un auteur peut choisir un pseudonyme pour échapper à des poursuites ou à la censure, pour cacher une activité littéraire dont il a honte (écrire des romans licencieux) ou pour se donner une identité nouvelle correspondant à son «moi écrivain», qu’il distingue de sa personne globale. Molière, Voltaire, Stendhal, Céline sont des pseudonymes. Prendre un pseudonyme est-il, comme l’étymologie pourrait le laisser penser, un acte mensonger? D’une part en effet, le lecteur est induit en erreur (même s’il s’agit d’une pratique conventionnelle et admise). Mais, d’autre part, l’acte d’écrire est bien particulier : l’homme qui s’y livre entre dans un réseau de textes, un langage codé, une fonction étrange (voir, au mot Narrateur, la distinction avec le mot Auteur), dans laquelle il est parfois difficile de démêler la part du «moi» qui s’exprime et la part de la Littérature qui, selon sa logique propre, traverse ce «moi». Donner un nom spécifique à ce « moi qui devient auteur», pour éviter la confusion avec l’homme global assumant sa vie, est peut-être un procédé fort conforme à la réalité des choses. Quand Jean-Baptiste Poquelin souffre, aime, se dispute ou meurt, il est Jean-Baptiste Poquelin; quand il écrit ou joue, il est Molière. Ce dernier a bien entendu le droit de puiser les matériaux de son œuvre dans la personne du premier.

PSEUDONYME nom masc. - Nom d’emprunt choisi par un écrivain ou un artiste soit pour des raisons esthétiques, soit pour dissimuler son identité.

ÉTYM. : du grec pseudônumos formé sur pseudês - « faux » et onoma = « nom ».

De nombreux écrivains célèbres ont choisi d’avoir recours à un pseudonyme. Ainsi le véritable nom de Molière était Jean-Baptiste Poquelin ; celui de Voltaire, François-Marie Arouet ; celui de Céline, Louis Ferdinand Destouches. Les raisons de ce changement d’identité peuvent être multiples. Romain Gary (déjà un pseudonyme), par exemple, est devenu secrètement Émile Ajar pour recommencer une nouvelle carrière littéraire qui lui a permis d’obtenir une seconde fois le prix Concourt. Philippe Joyaux, encore mineur lors de ses débuts, a dû publier son premier texte sous le pseudonyme de Sollers qu’il a conservé pour ses romans ultérieurs. L’adoption d’un pseudonyme peut, pour l’écrivain, avoir une importance symbolique considérable qui influe sur son oeuvre.

Prendre un nom nouveau - et qui plus est un nom que l’on a choisi -, c’est comme naître à nouveau du seul fait de sa volonté. L’exemple d’Isidore Ducasse, empruntant le nom de Latréaumont à un roman d’Eugène Sue pour en faire Lautréamont, est ici exemplaire.

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