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PROGRÈS / PROGRESSISME

PROGRÈS. n.m. (lat. progressas «marche en avant»). ♦ 1° Changement vers une amélioration (cet élève a fait des progrès) implique donc imperfection. ♦ 2° Parfois, tout processus qui va dans une certaine direction, bonne ou mauvaise (les progrès de la maladie, de l'alcoolisme). ♦ 3° Avec une majuscule, le Progrès. Idéologie (le progressisme) selon laquelle les temps où nous vivons sont meilleurs que les précédents, et ceux qui viennent seront encore meilleurs ; idéologie répandue au XVIIIe siècle (d'où le mépris de cette époque pour le Moyen Age) et au XIXe siècle (en particulier chez les marxistes). — Fait place aujourd'hui à un pessimisme noir, tout aussi injustifié.


progrès, mouvement en avant. — En bonne logique, le progrès peut être en bien comme en mal. Mais couramment, quand on parle du progrès de la civilisation, de la nature humaine, il s'agit d'un progrès vers le bien : vers l'accroissement des connaissances de l'esprit et du bonheur de l'homme. La croyance au progrès était un des principes de l'esprit encyclopédique au XVIII e siècle, du positivisme au XIXe siècle : par progrès, les philosophes du XVIIIe siècle (Diderot, Voltaire, les encyclopédistes) n'entendaient pas seulement un progrès des sciences, mais surtout un progrès social dans le sens des libertés politiques et du bien-être économique. A. Comte, après avoir reconnu toute la valeur de l'« évolution industrielle », considérait que le principal objet de la progression humaine consistait dans l'« amélioration continue de notre propre nature », dont les attributs éminents sont lz« intelligence » et la « sociabilité ». Maintenant, quel que soit l'idéal que les doctrines philosophiques nous invitent à promouvoir, peut-on dire que l'histoire réelle confirme la vision positiviste? C'est un fait qu'il existe un progrès des sciences, donc un progrès des techniques et, par là même, du bien-être des hommes; mais peut-on dire que, sur le plan humain, notre époque actuelle ait plus de « valeur » que les époques antérieures? La valeur d'une époque se caractérise par sa « culture » : à cet égard, il est impossible de dire que la culture moderne soit supérieure à celle des Anciens, pas plus que la culture française nzest supérieure à la culture allemande ou anglaise; il s'agit simplement de cultures « différentes ». Si l'on considère la multiplication des découvertes scientifiques et philosophiques, ou des créations artistiques, on reconnaîtra, par exemple, la supériorité du siècle de Périclès (Ve av. J.-C.) ou de la Renaissance, sur le Moyen Age européen. De ce point de vue, et pour ne considérer que le développement des sciences, le XXe siècle n'a certainement point d'équivalent dans l'histoire. Mais, en ce qui concerne le progrès de la nature humaine, il faut distinguer deux optiques : 1° du point de vue individuel, il n'y a pas de progrès, il n'y en aura jamais : chaque homme qui vient à la vie doit réapprendre complètement à surmonter ses passions et à faire triompher la raison; il y aura toujours des coléreux, des instinctifs, des angoissés, etc.; mais, 2° du point de vue de l'histoire des hommes, on peut noter une évolution progressive des constitutions des Etats dans le sens d'une plus grande liberté, une évolution des rapports entre Etats dans le sens d'une plus grande cohésion et, par là même, d'une paix durable et organisée. Bref, l'histoire des individus est une perpétuelle répétition des mêmes erreurs et des mêmes emportements, que seuls les progrès et surtout la généralisation de l'éducation peuvent nous permettre de surmonter plus facilement; en revanche, l'histoire de l'humanité révèle un progrès dans le sens de l'association des nations et des hommes les uns avec les autres. Mais, en vérité, la paix n'est pas une fin en elle-même : si l'organisation de la paix mondiale représente un progrès « moral », propice au développement de la culture et des arts, et requis pour l'amélioration des conditions de vie, il faut aussi remarquer, avec Hegel, que seule la diversité des pays peut maintenir entre eux un état de concurrence propice au progrès technique et scientifique. Hegel affirmait même la nécessité d'un certain état de menace extérieure pour entretenir et secouer les consciences nationales, pour maintenir en éveil l'esprit compétitif des sociétés, ainsi que leur volonté propre de création ou d'expression : la nature humaine est ainsi faite qu'il n'y a pas de progrès sans stimulation extérieure. On peut conclure que les véritables périodes de progrès global (à la fois artistique et technique) correspondent, historiquement, aux époques de paix effective (propice au développement des arts et aux progrès sociaux) et aux époques de risques de guerre (propices au développement des techniques et des sciences).


Progrès Du latin progressas, « marche en avant », « accroissement ». - Passage graduel du moins bien vers le mieux ; évolution dans le sens d’une amélioration. - Avec une majuscule (le Progrès), marche en avant de la civilisation, grâce au développement des sciences et des techniques. • L’idée de progrès se traduit chez Auguste Comte par la « loi des trois états », selon laquelle l'esprit humain se développe en passant nécessairement par trois époques, ou trois « états de civilisation » successifs : l'état théologique, l’état métaphysique et l'état positif. • Pour Gabriel Marcel, « plus les techniques progressent, plus la réflexion est en recul ». PROGRESSISME, n. m. 1° Doctrine politique qui croit au progrès social, économique et politique, et préconise des réformes hardies pour faire aboutir son idéal de justice et de liberté. Le progressisme s’oppose aux partis conservateurs ou «réactionnaires». Il est en principe «à gauche». Des idées progressistes. Un progressiste dangereux. 2° Attitude d’adaptation et de rénovation de l’Église catholique dans les années 1960. Le progressisme chrétien. Dans ce sens, les «progressistes» s’opposaient aux «intégristes». Par extension, attitude d’ouverture religieuse et sociale, par opposition aux intégrismes ou aux fondamentalismes.


PROGRES (n m., étym. : latin progredior : je m’avance). 1. — Compte tenu d’une direction donnée, d’un point A sur cette direction, on appelle progrès d’un mobile situé avant A sur cette direction, toute diminution de sa distance à A. 2. — Par ext., tout accroissement quantitatif d’un phénomène quelconque : les progrès de l’alcoolisme. 3. — Au sens figuré, on parle de progrès dans un processus évolutif soit lorsqu’on pense que l’évolution s’effectue selon des étapes qui se rapprochent d’une fin déterminée, soit lorsque, sans que cette évolution procède par étapes déterminées d’avance et se fasse vers une fin parfaitement claire, on suppose cependant que chacune des étapes est, d’un certain point de vue ou absolument, préférable à la précédente, c.-à-d. présente une amélioration quelconque. 4. — Le progrès : notion confuse visant le fait que l’histoire constituerait un progrès au sens 3. 5. — Progressif : a) Qui constitue un progrès aux sens 2 ou 3. b) Qui se fait graduellement, de façon continue. 6. —Progression : a) Marche en avant, b) Fait d’effectuer un progrès, c) (Math.) Suite de nombres dont chaque terme est construit à partir du précédent par addition ou multiplication d’un même nombre.