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PRÉSOCRATIQUES (Philosophes)

PRÉSOCRATIQUES (Philosophes). Philosophes grecs, qui étaient aussi des physiciens et des poètes, qui ont vécu avant Socrate ; leurs écrits sont perdus, et ils ne nous sont connus que par des citations que l'on trouve chez Platon, Aristote, et leurs successeurs ; les plus célèbres sont Héraclite et Parménide. Le premier semble avoir exposé la doctrine d'un devenir universel, alors que le second aurait affirmé l'immobilité et la suffisance absolue de l'Être ; ce sont surtout des figures emblématiques de la grande opposition de l'Etre et du Devenir, et il est possible que Platon et Aristote les aient ramenés à ces deux termes extrêmes. Heidegger, puis ses épigones, ont imaginé des spéculations subtiles et obscures qu'ils ont attribuées à ces penseurs si peu déterminables. — Un autre personnage important, c'est Pythagore, mathématicien, mais aussi fondateur d'une secte religieuse. De nombreux autres penseurs sont classés dans cette catégorie : Zénon d'Élée, Anaxagore, qui, selon les dires de Socrate, aurait eu l'idée d'une intelligence ordonnatrice de l'Univers, etc.



PRÉSOCRATIQUES
Le mot doit être pris dans un sens purement chronologique, et non généalogique : datant des VIe et Ve siècles avant J. C., les penseurs présocratiques sont simplement antérieurs à Socrate, mais ils n’annoncent en rien ses idées - bien au contraire. Il est d’ailleurs symptomatique que leurs systèmes s’élaborent à la périphérie du monde grec : en Asie Mineure et dans le sud de l’Italie. ♦ Longtemps occultés et falsifiés par les interprétations de Platon (qui reconnaît bien, dans son Sophiste, accomplir un véritable « parricide » à l’égard de Parménide) et d’Aristote (pour qui ils sont, au mieux, des « balbutiants »), ils n’ont été estimés qu’à partir de Hegel - et surtout depuis Nietzsche et Heidegger. Ce dernier, pour qui ils constituent des énigmes que nous devons scruter avec patience si nous voulons arriver à comprendre d’où nous venons, a en particulier montré que la forme fréquemment poétique de leurs textes - dont ne nous sont parvenus que des fragments rassemblés pour la première fois par Hermann Diels en 1903 -n’est aucunement accessoire, mais que le « poético-noématique » constitue au contraire un mode particulièrement aigu de la pensée. ♦ On peut discuter de l’appartenance complète des présocratiques à la philosophie : si l’on exige, pour qu’existe cette dernière, une démarche purement rationnelle, alors ils n’en font en effet pas partie car leurs énoncés sont fréquemment indifférents à ce que nous nous sommes habitués à considérer comme des exigences logiques minimales. On ne trouve pas chez Héraclite, Parménide, Empédocle ou Anaximandre le souci constant de n’accorder qu’un seul sens à chaque mot, ni le refus de l’ambiguïté sous prétexte d’éviter ce qui apparaîtra à partir d’Aristote comme contradiction. On rencontre en revanche dans leurs écrits, outre des énoncés concernant des problèmes inlassablement reposés depuis lors soit par la science (cosmogonie), soit par la philosophie elle-même (place de l’homme dans l’univers, nature de l’être et de la vérité, etc.), une assurance, un apparent « dogmatisme » qui s’oppose aux interrogations plus modestes de la méthode philosophique : c’est par la vigueur même de leurs affirmations que les présocratiques nous questionnent aujourd’hui, témoignant à leur façon du fond de mythes et de « savoirs » dont la philosophie, pour se constituer, a dû se détacher lors de son transfert dans l’Athènes de Socrate.

Éditions : Les Penseurs grecs avant Socrate (Garnier-Flammarion) ; Les Présocratiques, éd. J.-P. Dumont (Gallimard, « La Pléiade », et « Folio »).