PRÉSAGES
Terme qui s'applique aux signes que peuvent percevoir quelques initiés qui annonceront que la fin des temps est proche (Matthieu 24).
présages. Un présage, dans la pensée grecque et romaine, était un phénomène ou une circonstance signifiant une bonne ou une mauvaise fortune pour l’avenir, un message envoyé par les dieux. Presque tout incident qui n’allait pas entièrement de soi pouvait être un signe : les rêves, en particulier, mais aussi un phénomène céleste — l’éclair, les comètes, les éclipses, voire une averse; ou un éternuement, un faux pas, un nom ou une phrase entendus en passant. Alors que l’on débattait pour savoir s’il fallait abandonner Rome, en ruine après l’invasion gauloise de v. 390 av. J.-C., ce ne fut pas le talent oratoire de Camille qui empêcha l’exode, mais un centurion qui faisait défiler ses hommes dans le Forum : le Sénat entendit par hasard ses paroles: «Nous ferions aussi bien de nous arrêter là. » Suite à une éclipse, une crainte superstitieuse retarda la retraite athénienne en Sicile durant la guerre du Péloponnèse, ce qui entraîna des conséquences fatales pour Athènes. Mais, inversement, les Romains, prévenus à la veille de la bataille de Pydna (168 av. J.-C.) qu’une éclipse était imminente et que c’était dans l’ordre de la nature, restèrent impassibles, tandis que les Macédoniens, persuadés qu’elle signifiait le renversement de leur royaume, furent remplis de terreur et par conséquent vaincus.
L’observation du vol des oiseaux était d’une importance particulière (voir augures et auspices); la vue d’un oiseau de proie, vautour ou aigle, était significative, comme la direction d’où il volait, gauche ou droite (pour les Grecs la droite était bonne, la gauche mauvaise) ; le présage avait un plus grand poids si l’observateur faisait face au nord. Xénophon, en 401 av. J.-C., entendit le cri d’un aigle perché sur sa droite, et ce signe fut interprété comme tout à fait favorable pour lui. Lors d’un sacrifice, chaque étape pouvait avoir valeur de présage. Les Grecs considéraient comme significatives la résistance ou la bonne volonté de la victime lorsqu’elle s’approchait de l’autel. L’examen des entrailles des victimes sacrificielles était la tâche la plus importante des devins qui accompagnaient les armées en temps de guerre. Avant la bataille de Platée, lors des guerres médiques, Grecs et Perses restèrent dans l’inaction pendant dix jours, parce que les présages, dans les deux camps, n’étaient pas favorables pour l’attaque. Pour une armée, il était d’une grande importance d’avoir un bon devin, quelle que puisse être la signification de «bon». Au cours des guerres médiques, les Spartiates se donnèrent un mal considérable pour s’attacher les services de Teisamènos, qui était censé descendre du devin mythique Iamos. En sa compagnie, les Spartiates et leurs alliés remportèrent cinq victoires.
Les Romains tiraient des présages des oiseaux, des éclairs et des victimes sacrificielles, mais ils attachaient aussi de l’importance, comme les Grecs, à un mot ou une phrase significative; prononcés par hasard. Quand Paul Emile (le vainqueur de Pydna, voir supra) entendit sa petite-fille dire que Persa, leur chien, était mort, il vit dans ces mots un bon présage pour sa campagne contre le roi macédonien Persée. Contrairement aux Grecs, les Romains considéraient en général les signes venant de la gauche comme favorables, ceux venant de la droite comme défavorables, mais sous l’influence grecque ils ont parfois inversé ce schéma d’interprétation.
PRÉSAGE. Signe par lequel on croit prévoir l'avenir. Dans la religion grecque et la religion romaine, un présage était interprété comme la volonté du dieu. Voir Auspices.