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PORSENNA, LARS

PORSENNA, LARS. Prince étrusque qui passe généralement pour avoir régné sur Clusium (maintenant Chiusi). C’est un personnage plus légendaire qu’historique, d’autant que son nom est constitué par la réunion de deux titres aristocratiques Parth (champion) et Purthna (notabilité). Il joue un rôle dans les légendes de la jeune République romaine comme allié principal de Tarquin le Superbe, lui aussi d’origine étrusque; celui-ci, après avoir été chassé de Rome, demanda l’aide militaire de ses compatriotes afin de reconquérir le pouvoir. D’après la tradition, Porsenna assiégea Rome à la tête d’une immense armée et prit le Janicule, colline qui surplombe Rome, sur la rive droite du Tibre. Grâce à l’héroïsme d’Horatius Codés, qui défendit le pont du Tibre, Rome lui résista. Plus tard, pendant un siège prolongé, Mucius Scaevola essaya d’attenter à la vie de Porsenna, mais tua à sa place un autre homme car il n’avait jamais vu le roi étrusque. Porsenna fut si impressionné par le courage et la détermination de Scaevola qu’il conclut un traité avec les Romains, acceptant de lever le siège et d’abandonner la cause de Tarquin le Superbe en échange d’un groupe d’otages romains composé par les enfants des citoyens les plus éminents. Une jeune Romaine nommée Cloélia réconcilia totalement Porsenna avec les Romains par un autre acte d’héroïsme, et le roi se retira avec son armée à Clusium.

Porsenna (v. 500 av. J.-C.) ; roi étrusque. Dans les récits de la prise de Rome par le roi étrusque Lars P., de Clusium (Chiusi), dont les annalistes (tel Tite-Live) ont tiré par la suite une interprétation assez cavalière en faveur de Rome, la domination des Etrusques sur le jeune Etat se révèle être un fait historique. Ceux-ci constituent le plus remarquable des nombreux peuples indo-européens (Vénètes, Illyriens, Italiques) ou autochtones (Liguriens) de la péninsule. Le « mystère » de leur origine - une fausse question historique - semble aujourd’hui résolu. Ce peuple se serait constitué au cours des IXe et VIIIe siècles avant J.-C. environ au sein de populations déjà établies qui forment la culture villanovienne. On a qualifié ces Villanoviens de proto-Etrusques : partout où ils existent se développe, sans aucune rupture, la civilisation étrusque. Il n’y a donc pas eu d’invasion massive ou brutale. Leur langue, que l’on lit sans bien la comprendre, faute de textes bilingues, n’est pas indo-européenne. Commerçants, navigateurs, artisans et par-dessus tout métallurgistes, les Étrusques se trouvent en compétition avec les Carthaginois et les Grecs qui, au VIIe et au VIe siècle, donnent une forte impulsion au développement d’un art étrusque spécifique. Les cités-États très peuplées et très développées, d’abord dirigées par des rois, et ensuite par des familles patriciennes, s’associent dans une confédération religieuse à douze, sans but politique. À l’apogée de leur puissance au VIe siècle, en dehors de leur territoire d’origine, les Étrusques possèdent des colonies en Campanie jusqu’au sud de Naples, sur la côte orientale de la Corse et de l’autre côté de l’Apennin entre Bologne et le Pô. Mais ils les perdent, dès le Ve et IVe siècle, en partie à cause des Grecs de l’Italie du Sud et des Samnites, en partie à cause de l’essor de Rome et, au nord, à cause de l’arrivée des Celtes. D’après la tradition romaine, deux des sept rois de Rome auraient été des Étrusques de Tarquinia et un troisième, Servius Tullius, serait de Vulci. Et il y a sans doute une relation entre la chute de Tarquin le Superbe (509) et la campagne que mène P. sur Rome tandis que, plus au sud, une avancée de son fils aurait été repoussée vers 504 par les Grecs de Cume. Des découvertes archéologiques ont confirmé l’exactitude de cette tradition. La Rome des débuts doit une grande partie de ses institutions politiques, militaires, religieuses et culturelles à l’Étrurie. Au cours de longues luttes opiniâtres, cette dernière abandonne morceau par morceau son territoire à la nouvelle puissance, jusqu’à ce que, au IIIe siècle avant J.-C., elle soit entièrement absorbée dans l’orbite de Rome. Au Ier siècle avant J.-C., la langue étrusque et ses traditions étaient déjà presque oubliées et étaient devenues pour les Romains des antiquités. Seule restait vivante une partie de la religion étrusque. Mais l’héritage culturel laissé par ce peuple a étendu ses effets au-delà de l’Antiquité, jusqu’au développement de l’art de la Renaissance italienne. Les témoignages de l’architecture funéraire étrusque, de la peinture, de l’orfèvrerie et de la céramique, et de l’urbanisme qui pour la plupart n’ont été découverts qu’au XIXe et au XXe siècle, font aujourd’hui l’objet d’une science spécifique, l’étruscologie.

Bibliographie : Jean-René Jannot, À la rencontre des Etrusques, Ouest-France, 1987 ; D. Briquel, Les Étrusques, peuple de la différence, 1994.

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