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Polythéisme - Schelling

Polythéisme

• Éclatement d’un monothéisme premier, d’où résulte la séparation de l’humanité en peuples.

•• Il faut distinguer un polythéisme successif (ou Vielgötterei) et un polythéisme simultané (ou Göttervielheit), celui-là seul constituant le polythéisme véritable et proprement dit, même si la différence entre les deux termes allemands n’est guère sensible même à une oreille allemande, et n’est là que pour la commodité de l’expression. Dans le polythéisme successif est déjà inscrite une histoire, par le biais de la théogonie. À la monotonie peu réjouissante du polythéisme simultané, qui se contente de juxtaposer des dieux, s’oppose le caractère mobile, richement articulé et polyphonique du polythéisme successif, qui se présente comme une succession de monothéismes. La naissance des peuples (telle qu’elle relève d’une ethnogonie), la confusion des langues et le polythéisme sont des phénomènes apparus conjointement — comme autant de secousses d’un même ébranlement de la conscience.

••• En admettant l’existence d’un seul Dieu en trois personnes, le christianisme est aux yeux de Schelling un monothéisme en un sens relatif (contre lequel réagira l’Islam), à mi-chemin entre le juif (monothéisme strict du « Dieu jaloux ») et le grec (polythéisme successif), dont Schelling repère pourtant la trace dans le premier verset de la Genèse où, littéralement, « les Elohim créa » (hébreu : bara Elohim). Le polythéisme successif est l’histoire mouvementée de la conscience humaine en proie au dieu qui l’accapare sur le moment, c’est au fond une sorte de monothéisme en marche. Tel qu’il est consigné dans la mythologie qui en est le document, le polythéisme montre les tribulations et les vicissitudes de la conscience humaine « enthousiaste » dans sa soif d’absolu.

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