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Polygnote de Thasos

Polygnote de Thasos (première moitié du Ve s. av. J.-C.) fut le premier grand maître : la majeure partie de son œuvre fut peinte à Athènes, ou à proximité, et il était encore possible de la voir six siècles plus tard. Son art pour représenter les caractères de ses personnages (ethos) et leur dignité dans la simplicité établirent sa réputation. Il suggérait la profondeur en disposant des figures à différents niveaux et les montrait projetées en avant ou en arrière du plan de la surface (voir Delphes à propos de ses peintures dans la Lesché des Cnidiens décrite par Pausanias). Un autre peintre et sculpteur célèbre de cette période fut Micon d’Athènes. Il n’y avait, à cette époque, aucun usage de la perspective ; la technique consistait à dessiner les contours avec un tracé linéaire sobre, puis à les recouvrir avec des aplats de couleurs. La suggestion du modelé des formes par des hachures ou par une graduation de couleurs semble être apparue lentement, mais, vers le milieu du Ve siècle, un tel effet d’ombrage était utilisé pour les objets arrondis, tandis que les plis étaient dépeints avec des traits épaissis pour suggérer la profondeur. À la fin du Ve siècle, Apollodore fut appelé le «peintre d’ombres» (skiagraphos), ce qui suggère qu’il fut le premier à utiliser l’effet d’ombrage de manière plus systématique. On dit que Zeuxis, son contemporain plus jeune, est allé plus loin dans cette direction. Les ombres projetées apparaissent à la fin du IVe siècle av. J.-C., mais ne sont guère fréquentes avant le IIIe siècle. Les sujets les plus populaires, dans l’Antiquité, étaient des figures mythologiques, disposées en petits groupes : Persée portant secours à Andromède, par exemple. On exécuta aussi quelques grandes compositions, en particulier des scènes de batailles. Parrhasios, un autre peintre de la fm du Ve siècle, était réputé pour ses croquis. La caricature est apparue à la fin de ce siècle, la nature morte sans doute au siècle suivant, et le portrait au milieu du IVe siècle. On ne sait pas clairement quand le principe de la perspective fut compris. Les peintres céramistes attiques se contentaient de raccourcir à l’occasion la longueur des meubles. Au Ier siècle apr. J.-C., les vues architecturales peintes à Pompéi montrent que l’on appliquait alors une forme rudimentaire de perspective. Les traditions de la peinture grecque se sont poursuivies à l’époque hellénistique et romaine. On a supposé que la peinture de paysage est d’abord apparue à l’époque hellénistique peut-être au IIe siècle av. J.-C. à Alexandrie, où elle témoignerait d’une nouvelle appréciation de la nature, évidente par exemple dans les Idylles de Théocrite. En Italie, peu après 100 av. J.-C., sont apparues des fresques, décorant les murs intérieurs des maisons, qui visaient à donner l’illusion d’un espace à trois dimensions. Les sujets étaient souvent empruntés à la mythologie grecque, soit sous forme de scènes entières, soit sous forme de figures isolées, comme Orphée ou un Centaure, et situés dans un cadre architectural d’une grande splendeur et d’une fantastique complexité. On a retrouvé dans une maison du mont Esquilin, à Rome, une partie d’une frise représentant des scènes de L’Odyssée d’Homère ; elle date du milieu du Ier siècle av. J.-C. Un grand nombre de peintures murales ont été découvertes à Pompéi, Herculanum et Stables (à 6 km environ de Pompéi et ensevelie dans la même éruption de 79 apr. J.-C.); elles comprennent des scènes de la vie contemporaine, et plusieurs se distinguent par une grande beauté de couleurs, de ligne et d’expression. La peinture remarquable de la période augustéenne que l’on appelle le Jardin de Livie, dans la villa de Livie à Prima Porta, montre un parc derrière une barrière de bois peu élevée, les arbres, verts et sombres, scintillant d’oiseaux et de fruits brillamment colorés. Les artistes romains ont aussi produit quelques agréables peintures de natures mortes, fruits et œufs disposés avec les couverts de la table témoignant d’un intérêt pour les détails de la vie domestique simple, d’une façon qui rappelle à nouveau la Grèce hellénistique.

Vers le IVe siècle apr. J.-C., les standards techniques déclinent. Les mêmes styles se sont maintenus pendant les trois siècles suivants, mais, vers 700 apr. J.-C., le style byzantin caractéristique s’était établi en Orient, tandis qu’en Europe occidentale les invasions barbares avaient plus ou moins détruit l’art de la peinture et sa tradition née en Grèce.

Polygnote, peintre (île de Thasos, ve s. av. J.-C.- Athènes). Fils d’Aglaophon, peintre célèbre, il avait un frère, Aristophon, également peintre et son fils Aglaophon suivit aussi ses traces. Venu très jeune à Athènes, il y reçut droit de cité. Introduit dans la famille de Miltiade, il s’attacha à son fils Cimon, dont il resta l’ami. Il vécut toujours dans la riche société athénienne et travailla gratuitement, ce qui lui valut la faveur de toute la cité. Son œuvre est très vaste et son rôle important pour les progrès de la peinture, car il fut le premier à avoir donné de la vie à ses personnages en dessinant des visages mobiles : yeux, lèvres entrouvertes, expression des traits. Son œuvre la plus importante est la décoration du Pœcile sur l'agora d’Athènes, où il avait représenté la prise de Troie, tableau central, entre les compositions de Panainos et de Micon. Mais il avait travaillé aussi très habilement à la décoration du portique de Delphes ; un tableau représente Troie après sa défaite, tombée aux mains des Grecs; l’autre était une scène de descente aux Enfers. Dans le temple d’Athéna à Platées, il avait représenté le massacre des prétendants par Ulysse. À Athènes, mis à part le Pœcile, il décora le Théséion, le temple des Dioscures (avec Micon), la pinacothèque, dans laquelle on pouvait voir de nombreuses compositions de lui, et plus particulièrement des sujets mythologiques; il travailla aussi dans un temple de Thespies. Sur le plan technique, il n’utilise que la polychromie courante : blanc, jaune, rouge, noir. Mais sa plus grande originalité est d’avoir su traduire admirablement les sentiments sur les physionomies. Il fut le premier à rendre la transparence des étoffes, à dessiner des personnages en partie cachés. Nombre de ses peintures furent imitées par les potiers, grâce à quoi on peut se faire une idée de ce qu’a pu être son art. Il était aussi statuaire.




Thasos. île montagneuse de l'archipel grec, au large de la Thrace, colonisée par Paros v. 680 av. J.-C.. Ses mines d'or et celles exploitées par les Thasiens sur le continent assurèrent sa prospérité. Elle fit partie de la confédération de Délos , avant de se révolter en 465 et d'être vaincue en 463. Elle se joignit dès sa création à la seconde Confédération athénienne. En 340, elle fut prise par Philippe II de Macédoine et resta sous la dépendance des Macédoniens jusqu'à la conquête romaine en 196. Elle abrita aux VIIe et vie siècles av. J.-C. une florissante école de sculpture et fut le lieu de naissance du peintre Polygnote.

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