Databac

PISAN ou PIZAN Christine de

PISAN ou PIZAN Christine de (1365-vers 1430). D’origine vénitienne, fille d’un astrologue convié à la cour de France par Charles V, elle est veuve tôt et, contrainte par des difficultés financières, entreprend de gagner sa vie en écrivant. Auteur de poésies, de traités politiques et d’une biographie de Charles V, elle dénonce ouvertement la misogynie de la seconde partie du Roman de la Rose, rédigée par Jean de Meung. Elle finit ses jours au couvent de Poissy et sera la seule à narrer l’épopée de Jeanne d’Arc (pitié de Jeanne d’Arc, 1429).
Née à Venise vers 1363, Christine de Pisan vient en France à l'âge de 3 ans pour être élevée à la cour du roi Charles V le Sage, où son père devient l'astrologue puis le conseiller du roi. À 15 ans, elle épouse un gentilhomme picard, Pierre de Castel. Veuve dix ans plus tard, elle se consacre à ses trois enfants. La mort de son mari l'a laissée dans une situation précaire. Pour tromper son chagrin, elle écrit de nombreuses poésies légères (ballades, rondeaux, lais, virelais, complaintes amoureuses) ainsi que des poésies plus longues et des ouvrages en prose (Livre des faits et bonnes mœurs du roi Charles V). Devenue célèbre, elle est si appréciée que le roi Henri V d'Angleterre lui propose d'intégrer sa cour. Elle refuse, trop attachée à la France. Quand les Anglais envahissent Paris en 1418, la poétesse part s'enfermer dans un monastère des environs et garde désormais le silence. On suppose qu'elle s'est réfugiée à Poissy où sa fille est religieuse. Durant onze ans, plus personne n'entend parler de celle qui s'abstient dorénavant d'écrire le moindre vers. Elle ne sort de son silence qu'en apprenant l'existence de Jeanne d'Arc et de ses premiers exploits contre les Anglais. Sa fibre poétique se réveille alors brusquement et elle écrit, dans l'exaltation des récentes victoires, cinquante-six strophes d'un long poème consacré à la Pucelle. Elle meurt en 1431, la même année que son héroïne.


CHRISTINE DE PISAN 1364-1431 Poétesse d’expression française, née de parents italiens, à Bologne ou à Venise. Son père s’était établi en France en qualité de médecin et astrologue officiel de Charles V On la marie à quinze ans au sieur du Castel, notaire royal, qui la laisse, à vingt ans, veuve avec trois fils. En un temps où il est une chose entendue que la « dame » a pour seule fonction d’être l’inspiratrice et de rendre l’homme poète, elle s’avise d’être poète elle-même, et de choisir l’homme (au sens où Simone de Beauvoir le nomme : être humain de sexe masculin) comme thème ; pis, comme inspirateur. Plus scandaleux, encore : elle abandonne à l’occasion la poésie et l’amour, pour librement, courageusement philosopher; pour protester contre la guerre (Lamentations, 1410) ou pour proposer son point de vue sur l’état (Livre du corps de policie, c’est-à-dire « Livre de l’institution politique », 1407). Parallèlement et non sans un certain cynisme, elle gagne sa vie en vendant de tous côtés des poèmes de circonstance : virelais et rondeaux. Elle fait confectionner, de ses œuvres, maintes éditions de belle présentation (véritables « livres-objets » avant la lettre) qu’elle va proposer aux riches seigneurs, soucieux de remplir, sans rien lire, le plus souvent, les rayons de leur bibliothèque. Elle polémique contre ses adversaires littéraires ; dans le Dit de la Rose, par exemple, elle prend à partie le second auteur du Roman de la Rose, Jean de Meung, trop misogyne à son goût. Somme toute, cette femme est à proprement parler le premier homme de lettres, en ce sens qu’elle n’est aux gages d’aucun grand seigneur, et qu’à la pointe de sa plume elle subvient à l’entretien d’une famille et à l’éducation de trois enfants. Pourtant le bouillant et brillant auteur du Trésor de la cité des dames (1406) nous retient moins, aujourd’hui, que le chantre naïf de la Pucelle d’Orléans (Ditié de Jeanne d'Arc, 1429) et l’être vulnérable, désarmé, cette fois, qui apparaît dans ses pièces brèves, celles en particulier qu’on a réunies sous le nom de Ballades du veuvage où une pauvre femme chante très simplement sa solitude.