PICASSO Pablo

PICASSO Pablo. (pseud. de Pablo Ruiz Blasco — Picasso étant le nom de la mère de l’artiste). Peintre, sculpteur, graveur et céramiste espagnol. Né à Malaga (Andalousie) le 25 octobre 1881, mort à Mougins (Alpes-Maritimes) le 8 avril 1973. Fils d’un professeur de dessin, il manifeste très jeune des dons de peintre exceptionnels. Lorsque sa famille se fixe à Barcelone, il y suit les cours des Beaux-Arts. A cette époque, ses œuvres attestent d’un parfait savoir-faire académique (Science et charité, 1893), l’énergie de l’artiste se manifestant surtout dans ses portraits (Fillettes aux pieds nus, 1895). En 1900, il fait un séjour à Paris. Berthe Weil lui achète une toile. Ambroise Vollard organise une exposition en 1901. A Barcelone, le peintre fréquente le groupe « El Quatre Gats ». A Madrid, il est l’un des fondateurs de la revue Arte Jovén qui publie ses premiers dessins. Ses toiles où dominent les tonalités d’un bleu froid (période bleue) montrent surtout des êtres misérables (Célestine, 1903; L’Etreinte, 1903). Il s’installe à Paris en 1904, dans un baraquement devenu célèbre, « Le Bateau-Lavoir ». Il y rencontre Max Jacob, Van Dongen, Salmon, Apollinaire et Matisse. De jeunes saltimbanques en costumes d’arlequin, des petites filles apparaissent sur ses toiles dans des camaïeux roses (période rose). Ayant au préalable médité la leçon de l’art grec (La Coiffure, 1906) et surtout des arts primitifs (Nu sur fond rouge, 1906), il peint Les Demoiselles d’Avignon (1907), toile qui rompt définitivement avec la figuration traditionnelle et marque le début des recherches cubistes. La rencontre enthousiaste de Braque (1907) correspond au début d’une collaboration étroite entre les deux artistes. Ensemble ils réduisent leur palette au noir et au blanc qu’animent des ocres et des gris-bleu (Usine à Horta de Hebro, 1909), ensemble ils introduisent dans leurs toiles des éléments hétéroclites comme nouveau matériau plastique (Nature morte à la chaise cannée, 1912), inaugurant ainsi la série des papiers collés (1911-1914). Au cubisme analytique des premiers temps succède un cubisme synthétique où les formes se simplifient pour évoquer la silhouette des objets (Bouteille, verre et violon, 1913). A partir de 1914, Picasso privilégie la couleur et les formes souples. Toutes les possibilités du Cubisme inventoriées (mais non abandonnées pour autant) il revient brutalement à un réalisme extrêmement précis et subtil (Deux Femmes assises, 1920). En 1917, Diaghilev lui commande des décors pour le ballet Parade, dont l’argument est de Jean Cocteau et la musique d’Erik Satie. Bien des éléments de ce décor figurent le retour au réalisme de Picasso. Il peint à cette époque de grands nus inspirés de la statuaire romaine (période antique). De 1918 à 1925, la forme humaine s’allonge, se distord, devient plus maniérée, il travaille la surface par formes planes (Les Trois Musiciens, 1921). A partir de 1925, l’influence du surréalisme apparaît et s’impose un temps dans son œuvre. Il est bouleversé par la Guerre d’Espagne (Songes et mensonges de Franco, 1936), et à la suite du bombardement de la petite ville basque, il réalise le fougueux Guernica (1907). Il peint ensuite une série de portraits dans lesquels les parties constitutives du visage sont reconstruites avec une imagination et une liberté étonnantes (Portrait de Dora Maar, 1937, Femme qui pleure, 1937). En 1944, Picasso adhère au Parti communiste et en 1949 il crée la fameuse Colombe pour l’affirmation du « Mouvement de la Paix ». Mais il évita le piège du réalisme socialiste et poursuivit son œuvre de peintre avec la plus grande liberté. C’est avec la même verve et le même génie dans l’invention des formes qu'il s’adonna, jusqu’à la fin de sa vie, à la céramique, à la lithographie et à la sculpture. On doit également à Picasso un certain nombre de textes littéraires. Dès 1935, il avait montré des poèmes à Zervos — qui publia l’un d’eux dans les Cahiers d’Art, et un ensemble paraîtra en 1948 dans la même publication. Il écrivit une pochade théâtrale — en trois jours, 14-17 janvier 1941 — et l’intitula Le Désir attrapé par la queue (1945). La continuité du graphisme des Proses poétiques 1941-1944 (1948) correspond à la mise en place du jeu de l’écriture d’un peintre par rapport à la conception visuelle de son œuvre plastique. En novembre 1947, il commence la rédaction d’une pièce, Les Quatre Petites Filles, qui ne sera publiée qu’en 1968. Son poème L'Enterrement du comte D’Orgaz ne paraîtra qu’après sa mort, en 1978.

PICASSO, Pablo Ruiz (Malaga, 1881-Mougins, 1973). Peintre, dessinateur, graveur, sculpteur et céramiste espagnol. Il fut le plus célèbre et le plus discuté des artistes du XXe siècle. Créateur, avec Georges Braque, du cubisme, il assimila aussi dans ses oeuvres de multiples influences, de l'art nègre au surréalisme. Sa production, gigantesque, fut selon Malraux « la plus grande entreprise de destruction et de création de formes de notre époque ». Fils d'un professeur de dessin, Picasso manifesta très jeune des dons exceptionnels. Reçu à 17 ans à l'Académie des beaux-arts de Barcelone puis à l'Académie royale de San Fernando à Madrid - qu'il ne fréquenta pas -, Picasso fit de nombreux voyages à Paris puis se fixa définitivement en France en 1904. Installé à Paris, il travailla dans un atelier à Montmartre, au Bateau-Lavoir, y rencontra des poètes (Guillaume Apollinaire) et des artistes (Henri Matisse). De 1901 à 1904 datèrent ses premiers tableaux de l'« époque bleue » suivis par ceux de la « période rose » (jusqu'en 1907). Après un voyage en Hollande (1905) et sa liaison avec Fernande Olivier, Picasso fit la connaissance de Georges Braque et d'André Derain (1936) et découvrit avec eux les arts primitifs (masques nègres et polynésiens). Rompant alors avec la figuration traditionnelle, il peignit Les Demoiselles d'Avignon (1907, New York, MOMA), tableau inachevé et composite considéré comme le point de départ du cubisme. Du « cubisme analytique » qui fragmentait la réalité en de multiples facettes (L'Usine de Horta de Ebro, 1909, Leningrad ; Homme à la guitare, 1911, Paris, musée Picasso), Picasso passa au «cubisme synthétique» qui tendait à reconstruire l'objet dans des plans simplifiés (Nature morte dans un paysage, 1915, Paris). Il exécuta à la même période (1912-1914) des peintures et des dessins entremêlés de matériaux divers (morceaux de papier peint, de journaux, de verre) qui donnèrent naissance au « collage » et au « papier collé », autre voie du cubisme synthétique. Lors de la Première Guerre mondiale, Picasso collabora à la réalisation des décors pour les ballets russes de Diaghilev et rencontra Olga Khoklova qu'il épousa (1918). En 1926, sa rencontre avec les surréalistes André Breton et Paul Éluard l'engagea dans l'exploration de l'abstraction pure {Peintre à la palette et au chevalet, 1928, Paris, musée Picasso). En 1936, frappé par la guerre civile d'Espagne, il peignit son célèbre tableau Guernica (Madrid, musée du Prado) - ville détruite par l'aviation allemande au service des franquistes - qui fut présenté au pavillon espagnol lors de l'exposition internationale de 1937. Après la Seconde Guerre mondiale, installé dans le sud de la France (Antibes, Vallauris puis Mougins), Picasso se consacra en même temps qu'à la peinture à la sculpture, qu'il avait pratiquée de façon intermittente et à la céramique. Adhérent du parti communiste depuis 1944, il avait participé à trois congrès mondiaux pour la paix pour lesquelles il dessina la célèbre Colombe pour la paix. Compagnon de Dora Maar puis de Françoise Gilot, Picasso avait épousé en 1961 Jacqueline Roque.