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Pharsale, la

Pharsale, la. Poème épique latin de Lucain (39-65 apr, J.C.), en hexamètres et en dix livres, sur la guerre civile entre Pompée et Jules César (le titre des manuscrits est De bello civili, « Sur la guerre civile » : le nom Pharsalia dérive d’un contresens sur IX, 985). Le poème semble ne pas avoir été achevé et se termine brutalement au dixième livre avec la guerre de César en Egypte, Lucain avait probablement l’intention de continuer son récit jusqu’à la mort de César, si ce n’est au-delà. Sa source principale était Tite-Live, mais naturellement il ne se proposait pas de retracer l’histoire complète de la guerre, et, à quelques omissions près, Lucain ne s’éloigne que rarement de la vérité historique. Par exemple, il dépeint Cicéron haranguant Pompée à la veille de la bataille de Pharsale : en réalité, Cicéron, malade, n’avait pu assister à la bataille. Le poème témoigne d’une sympathie ; marquée pour la cause de Pompée et de la république. Le livre I évoque, d’abord les origines de la guerre et dépeint de manière vivante les personnalités des deux chefs; puis il raconte la traversée du Rubicon par César qui rentre en Italie. Un passage frappant montre l’Esprit de Rome faisant face à César et lui refusant le droit d’avancer. Puis sont décrites la consternation à Rome, la fuite des citoyens et des sénateurs. Le livre II poursuit le récit des événements en Italie (avec une longue digression sur les massacres de Marius et de Sylla, la détermination de Caton (2) et de Marcus Junius Brutus à résister à César, l’épisode de la résistance de Corfinium (sous le commandement du sénateur Lucius Domitius Ahenobarbus), la retraite de Pompée à Brindisi et sa fuite en Épire. Le livre III traite de l’occupation de Rome par César, et de la bataille terrestre et navale de Massilia (Marseille) il y a là une description remarquable du bois sacré des Druides, que César fit abattre dans le voisinage de la ville. Le livre se termine, par la description terrifiante d’une bataille navale. La première partie du livre IV traite de la campagne de César en Gaule. Le récit nous emmène ensuite en Illyrie (au nord-ouest de la Grèce) et traite d’un incident : la tentative d’évasion de quelques, soldats de César sur trois radeaux. L’un d’eux est arrêté et les soldats qui se trouvaient à bord, des Gaulois d’Opitergium (Oderzo), se tuent les uns les autres plutôt que de se rendre. Vient ensuite l’expédition en Afrique de Curion, le commandant de César, sa défaite et sa mort, aux mains de Juba. Il y a une digression sur la légende d’Hercule et d’Antée. Les parties les plus intéressantes du livre V décrivent l’oracle de Delphes, que le Pompéien Appius va consulter et dont il reçoit une réponse ambiguë; et la tentative de César pour traverser la mer Adriatique sur un petit bateau, une nuit de tempête. Le livre VI est consacré au combat autour de Dyrrhachium (Épidamnos en Illyrie) et à la retraite de César en Thessalie. Le combat à mort de Scae-va, un centurion de César, est décrit d’une manière très expressive (en réalité, il survécut, : avec, selon César, 120 trous dans son bouclier). Sextus Pompéius (le plus jeune des fils de Pompée) consulte la sorcière thessalienne Erichtho, qui utilise la nécromancie pour prédire le destin dès Pompéiens. Cet épisode horrifie Lucain. Le livre VII décrit le rêve favorable mais trompeur de Pompée; avant la bataille de Pharsale, la bataille elle-même, et ses conséquences. Le livre VIII traite de la fuite de Pompée d’abord à Lesbos, où il retrouve sa femme, puis en Égypte, et de son assassinat dans ce pays, sur l’ordre de Pothinus; le ministre du pharaon. Dans le livre IX, l’esprit de Pompée est emporté au ciel et Caton prononce un panégyrique splendide en l’honneur du chef défunt. Caton décide de: continuer la guerre et se dirige avec ses troupes vers la Maurétanie (Afrique du Nord). Fort, de ses convictions stoïciennes et de la justice de la cause qu’il a choisie; il refuse de consulter l’oracle d’Ammon. Ce livre est pour une large part un éloge de Caton. Il y a une digression sur les serpents égyptiens, leur origine légendaire dans le sang de Méduse, la Gorgone, et leurs différentes espèces. Les Egyptiens présentent la tête de Pompée à César, qui, hypocrite, se lamente sur son destin. Le livre X décrit les actions de César en Égypte, et ses relations avec Cléopâtre. Il est assiégé par les troupes de Pothinus et d’ Achillas. Le poème se termine alors brutalement à ce moment. Lucain s’est trouvé confronté à une tâche difficile : écrire une épopée sur des événements survenus un siècle à peine avant son époque. En stoïcien, il a rejeté la convention épique des interventions divines qui agissent sur le cours des actions humaines, leur substituant un Destin ou un Hasard impersonnels. Il a introduit un certain nombre de digressions, qui apportent souvent des informations en apparence sans rapport avec le récit (voir livre IX, supra). De manière générale, son œuvre est souvent rhétorique jusqu’au ridicule, et son insistance sur les effets grotesques (par exemple sa description de César savourant son petit déjeuner parmi les cadavres après la bataille de Pharsale, et des bêtes sauvages qui dévorent les corps). Mais elle se déroule avec beaucoup de force et d’éclat ; les scènes à sensation sont intercalées entre des passages à la puissance et au pathos considérables, comme par exemple la description de Pompée faisant ses adieux à. l’Italie. Lucain témoigne d’un don évident pour l’épi-gramme incisive et certains vers sont devenus célèbres: victrix . causa deis placuit sed victa Catoni («la cause des vainqueurs a plu aux dieux, la cause des vaincus a plu à Caton ») ; à propos de César, nil actum credens cum quid superesset agendum (« il croyait n’avoir rien fait quand il restait quelque chose à faire»); et sur l’amitié: nulla fides unquam miseras elegit amicos. (« aucune loyauté ne s’attache jamais à des amis dans-. le malheur »). Les sentiments de Lucain pour son sujet étaient sincères': il détestait César et ce qu’il représentait, tout en reconnaissant sa grandeur. Il fait de Pompée un personnage tragique et suscite, la sympathie pour l’homme comme pour, sa cause. Le vers est un peu monotone par sa technique, et manque de souplesse, mais la rhétorique, dans les meilleurs passages, est vigoureuse et transporte le lecteur.

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