Petits poèmes en prose ou le Spleen de Paris de Charles BAUDELAIRE, 1869 (posthume), Le Livre de poche
Baudelaire a hésité sur le titre de ce recueil projeté dès 1857. Celui de Petits Poèmes en prose souligne l'originalité de son entreprise qu'il définit ainsi : Quel est celui de nous qui n'a pas [...] rêvé le miracle d'une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience? (Dédicace à Arsène Hous-saye, 1862). Le titre retenu en 1863, Le Spleen de Paris, désigne la source principale de leur inspiration qui est la vie insolite et douloureuse de la grande ville moderne, si souvent proposée à l'attention des artistes par Baudelaire dès 1846 (cf. Curiosités esthétiques), et déjà peinte dans Les Fleurs du mal (Tableaux parisiens). Le recueil contient cinquante poèmes classés sans ordre significatif. Conformément au sens du titre Le Spleen de Paris, qui en donne la tonalité, il s'agit d'abord d'anecdotes, de choses vues, d'impressions parisiennes que l'imagination du poète transforme en symboles et qui sont le point de départ de méditations lyriques (Les Veuves, Le Vieux Saltimbanque, Le Joujou du Pauvre). Baudelaire y joint des scènes allégoriques (Chacun sa chimère, Le Fou et la Vénus), des récits symboliques qui prennent la dimension d'une nouvelle (Portraits de maîtresses, Les Vocations), des histoires extraordinaires à la manière d'Edgar Poe (Une Mort héroïque, La Corde), des fables d'inspiration satanique (Les Tentations ou Éros, Plutus et la Gloire, Le Joueur généreux) On y reconnaîtra les thèmes favoris de Baudelaire : - le drame du poète prisonnier du spleen, déchiré entre la Réalité et l'idéal (Le « Confiteor» de l'artiste, La Chambre double, Les Foules, Enivrez-vous, Les Fenêtres), - la grande ville avec son peuple de déshérités et de personnages bizarres qu'il peint avec une fraternelle compassion (Le Désespoir de la vieille, Les Veuves, Le Vieux Saltimbanque, Le Gâteau, Crépuscule du soir, Les Yeux des pauvres, Mademoiselle Bistouri) , - la femme et son mystère fascinant et irritant (La Femme sauvage, Un Hémisphère dans une chevelure, La Belle Dorothée, Les Bienfaits de la lune), - le voyage, la mer, l'inconnu, le désir furieux de fuir ailleurs (L'Invitation au voyage, les Projets, Déjà, Le Port, Anywhere out of the world [N'importe où hors du monde]). Ce recueil est la parfaite expression de la sensibilité de Baudelaire et l'illustration du travail que son imagination opère sur le réel. Par l'attitude artistique dont il donne l'exemple, par la modernité de sa forme, il a exercé une influence considérable, contribuant, en particulier, à faire entrer le poème en prose dans les usages littéraires.
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