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Personne

Personne Autrui est qualifié de «personne» en tant qu'on reconnaît (domaine du respect) qu'il possède une valeur intrinsèque qui empêche qu'on le réduise au statut de chose (domaine de l'utile).

PERSONNE

Du latin persona, masque de théâtre, d’où personnage, c’est-à-dire rôle que l’on tient dans la société. Cependant la personne ne se confond pas avec le personnage car elle ne s’appréhende pas de l’extérieur : le personnage qu’autrui voit de moi est éventuellement (selon Sartre) un objet plus ou moins néantisé, mais jamais il ne coïncide avec ce que je devine en moi comme mouvement d’auto-création et de personnalisation. Il n’y a personne que là où se ressent une intériorité. Mais loin d’être acquise une fois pour toutes, elle est construite par un dynamisme interne qui ne cesse d’aller plus avant dans la recherche de l’authenticité. Ce à quoi la personne s’oppose le plus franchement est donc l’objet, le spécimen d’une série dont tous les éléments sont à peu près interchangeables.

♦ Comme l’a montré Marcel Mauss, la notion de personne est l’objet d’une véritable élaboration historique. Elle apparaît à Rome comme forme juridique : par la suite, d’ailleurs, la pensée juridique distinguera la personne physique, celle d’un individu soumis à la loi et en bénéficiant, de la personne morale, être de raison ou sujet juridique représenté par un ou plusieurs individus (par exemple une société commerciale).

♦ La « personne » devient morale et métaphysique avec le christianisme ; le Moyen Âge, la Renaissance et même Descartes ne considèrent encore dans l’âme que la faculté de penser. Il faut attendre le xviiie siècle pour en venir à concevoir une conscience individuelle dotée de liberté et respectable par les droits particuliers qui lui sont reconnus. Ainsi, Kant oppose la dignité de la personne considérée comme fin en soi à la valeur relative et marchande de la chose qui n’est qu’un moyen. La personne se distingue alors de l’individu par le fait que l’unité caractéristique des deux notions est morale et volontaire pour la première, et seulement biologique et reçue pour la seconde. En outre, si l’individu relève du privé, la personne débouche sur l’universalité de droits et de valeurs reconnus à tout être humain.

PERSONNE 1. L’être humain quand il est conscient et responsable (la personne est le principe de la morale). Se distingue d’individu — voir ce mot. 2. Personne juridique ou morale, par opposition à personne physique : sujet fictif considéré par le droit (une société commerciale, un journal sont des personnes morales) et représenté par des individus (le directeur de la société ou du journal). Personne Du latin persona, « masque de théâtre », d'où « rôle », « caractère ». - Etre humain considéré en tant qu’individu doué de raison, capable de distinguer le bien du mal, libre et responsable. - En droit, sujet juridique, auquel la loi fixe des droits et des devoirs. - Chez Kant, sujet moral doué d’une valeur absolue et existant comme fin en soi, par opposition à la chose. • Pour Kant, les êtres raisonnables, ou personnes, existent comme « fins en soi », et non pas simplement comme des moyens dont telle ou telle volonté pourrait user à son gré. À ce titre, toute personne a droit au respect.  


PERSONNE (n. f., étym. : latin persona : masque de théâtre ; d’où le sens continuellement sous-jacent de personnage : rôle que joue l’individu). Cf. Hobbes : « Est une personne celui dont les paroles ou les actions sont considérées soit comme lui appartenant, soit comme représentant les paroles ou actions d’un autre ou de quelque autre réalité à laquelle on les attribue par une attribution vraie ou fictive. » 1. — (Scol.) Substance individuelle de nature rationnelle (cf. Boece) ; c’est en ce sens que l’on parle des trois personnes de la Trinité. 2. — L’être humain considéré comme individu conscient du bien et du mal, libre et responsable. 3. —Personne morale : a) Ensemble des qualités qui constituent une personne au sens 2, et conçues comme distinctes de sa réalité physique, b) Être de raison, susceptible d’être sujet moral ou jur., qu’il corresponde à un individu phys. ou non : une société de commerce constitue une personne morale. Rem. : le nominalisme de Hobbes conduit à la définition suivante : « Une multitude d’hommes devient une seule personne quand ces hommes sont représentés par un seul homme. » 4. — Personne physique : a) Le corps d’un être humain en tant qu’il manifeste une personne morale au sens a. b) Tout être humain en tant qu’il peut s’associer avec d’autres personnes, constituer une personne morale au sens b, et qu’il est distinct de celle-ci. 5. —Personne juridique : personne morale au sens b, susceptible d’être sujet du droit ; ensemble des propriétés qui définissent ce sujet. 6. — Personnalité : a) Caractère de la personne aux sens 2 ou 3. b) Forme que prend la vie psychique chez l’homme normal et qui suppose la conscience d’être un moi unique et permanent ; maladie de la personnalité : tout trouble psychique qui rend cette forme impossible, c) Originalité ; caractère propre à un individu humain, d) Individualité remarquable par son rôle social, sa renommée, e) Préoccupation excessive pour ses propres qualités et mérites (rare et inusité auj.) ; cf. personnel, sens d ; Syn. égoïsme, f) Personnalité de base (angl : basic personality) : (psycho., socio.) « Configuration psychologique propre aux membres d’une société donnée et qui se manifeste par un certain style de vie » (Dufrenne). 7. — Personnalisme : toute doctrine qui prend la personne au sens 2 comme valeur suprême ; en part., doctrine d’E. Mounier et de son disciple J. Lacroix. 8. — Personnel : a) Qui se rapporte à la personne en un sens quelconque du mot ou à la personnalité au sens b. b) (Jur.) Qui concerne les personnes par opposition aux choses ; opposé à réel (impôt personnel, par opposition à impôt réel), c) Individuel, propre, d) Qui rapporte tout à soi, qui ne tient pas compte des autres : un jeu personnel, un pouvoir personnel ; cf. sens 6 e.