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Périandre

Périandre (Periandros). Tyran de Corinthe de 625 environ à 585 av. J.-Ci, qui succéda à son père Cypsèlos et conduisit Corinthe à un sommet dé gloire et de prospérité. Selon Hérodote, Périandre demanda à Thrasybule, tyran de Milet, comment, gouverner en toute sécurité. Ce dernier répondit en conduisant le messager dans un champ de maïs et en coupant tous les épis qui dépassaient. Périandre fut probablement un tyran inexorable et on dit qu’il tua sa femme et se querella, avec ses fils. Il fut certainement un homme puissant et énergique, et son bon sens pratique lui valut d’être rangé, par certains, parmi les Sept Sages de la Grèce (son palais est le cadre d’un dialogue de Plutarque, Le Banquet des Sept Sages). Ses édifices ornèrent la cité, en particulier le temple d’Apollon et la construction de la fontaine Pirène, et il fut le protecteur des arts : le poète de dithyrambes Arion séjourna sa cour. Sous son règne, la céramique corinthienne fut la plus répandue dans la Méditerranée, jusqu’au milieu du vie siècle av. J.-C. On l’appréciait pour sa décoration peinte (le « style corinthien» de la maturité). Périandre et son père fondèrent dans la Grèce du Nord-Ouest les colonies dé Leucade, d’Anactorion, d’Ambracie et, plus au nord, d’Apollonia et d’Épidamne, qui permirent le développement du commerce vers l'intérieur des terres et se trouvaient sur l’importante route qui conduit vers l’Italie et l’Occident; au nord-est, sur la pointe occidentale de la Chalcidique, ils fondèrent la ville de Potidée qui devint l’une des cités les plus puissantes de la région. Périandre rendit un arbitrage dans une querelle qui opposait Athènes et Mitylène (il favorisa cette dernière) à propos de Sigée. Il fut probablement celui qui décida la construction du diaulos où chemin de portage à travers l’isthme de Corinthe.

Tyran de Corinthe de 627 à 585 av. J.-C. Successeur de son père Cypsélos, il renforça la tyrannie corinthienne en appuyant son pouvoir sur une garde personnelle. Aristote dit qu'il éleva à la hauteur d'un système l'art de gouverner despotiquement. Pour régler le problème agraire et le servage pour dettes, il interdit l'achat d'esclaves, obligea les paysans à rester sur leurs terres et entreprit une grande politique colonisatrice (fondation d'Apollonia, d'Épidamne et de Potidée) ; il installa en outre un de ses fils à Corcyre. Sous son gouvernement, Corinthe étendit son hégémonie sur toute la côte occidentale de la Grèce et de l'Illyrie. Il développa le commerce et l'industrie, et, peut-être pour favoriser l'expansion économique, aurait renoncé à prélever l'impôt (eisphora). On lui reprocha ses cruautés, mais il fut un protecteur des arts et des sciences, et les Grecs le mirent au rang des Sept Sages. Il eut pour successeur son neveu Psammétique, qui fut renversé en 583 par une révolte aristocratique.

Périandre (v. 627-585 av. J.-C.) ; tyran de Corinthe.

Grâce à sa situation privilégiée entre deux mers (l’Égée à l’est, la mer Ionienne à l’ouest), avec des ports sur les golfes saronique (Cenchrées) et de Corinthe (Léchaion), place d’échange dans le commerce entre l’Orient et l’Occident et centre d’exportation de céramique de grande valeur (notamment des pots à onguent qui servaient aux parfums orientaux et des tuiles d’argile pour les temples), Corinthe la dorienne devient au cours du VIIIe siècle la cité la plus importante de la région, surpassant Sicyone, Mégare et Égine. Sa flotte commerciale et ses constructions navales (les premières trières) sont célèbres, ses colonies (Syracuse, v. 734) anciennes, sa prospérité assurée : le Catalogue des vaisseaux de l’Iliade la qualifie d’opulente. La population de la cité de l’isthme semble s’être lassée plus tôt que le reste de la Grèce du pouvoir oligarchique de ses familles aristocratiques enrichies, telle celle des Bacchiades qui se réserve magistratures et taxes portuaires. Aussi, des tyrans, hommes énergiques, souvent de basse extraction, s’érigent en chefs de la cité au nom de la défense d’intérêts nouveaux (paysans, hoplites) opposés à ceux de l’oligarchie déclinante. De toutes les tyrannies de l’époque archaïque, celle de Corinthe est la mieux connue (Hérodote, Histoires). À la faveur d’une crise, Cypsélos (la légende voit en lui un roturier ; en fait plus vraisemblablement un polémarque, « chef des hoplites ») prend le pouvoir. Il règne trente ans [657-627]. Son fils P. lui succède. Une tradition veut qu’avec P. la tyrannie se soit durcie (garde de trois cents doryphores, mesures somptuaires, nouvelles confiscations). Ce qui est sûr, c’est que, au temps de P., Corinthe fut la cité grecque la plus riche : nouvelles colonies (Epidamne, 627 : Apollonie, 600 ; Potidée, 600) ; développement de la flotte ; construction du diolkos (une route à travers l’isthme qui permet de tirer les bateaux d’un golfe à l’autre) ; activité des artisans. Les relations de P. s’étendent aux tyrans d’Ionie, aux rois de Lydie et d’Égypte. Même Athènes fait appel à lui afin d’arbitrer le conflit qui l’oppose à Mytilène pour la possession de Sigeion. Protecteur de la poésie (le poète Arion aurait fréquenté sa cour) et des grands sanctuaires (Cypséloslade à Olympie, refondateur des jeux Isthmiques), P. se fait cependant des ennemis par sa législation rigoureuse. À sa mort, ses fils étant décédés, son neveu Psammétique ne régna que trois ans : il fut chassé par les Corinthiens. L’aristocratie exilée revint, exerça un pouvoir plus modéré ; Corinthe devint l’alliée de Sparte, l’ennemie des tyrans. Quant au souvenir laissé par P. il fut contrasté. Pour les uns, un homme aux mille perversions. Mais les autres, la majorité, le rangèrent au nombre des Sept Sages de la Grèce.

Bibliographie : E. Will, Korinthiaka, 1955 ; C. Mossé, La Tyrannie dans la Grèce antique, 1969.

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