Yves Tanguy1900-1955Peintre français, naturalisé américain en 1948.

« Yves Tanguy 1900-1955 Peintre français, naturalisé américain en 1948.

En 1918, il s'embarque comme pilotin sur un cargo.

Deux ans plus tard, il rencontre, pendant son service militaire, Jacques Prévert.

En 1923, il aperçoit d'un autobus deux toiles de De Chirico, et décide de peindre.

C'est ce qu'il entreprend en vivant au 54, rue du Château avec Prévert et M.

Duhamel : ses premiers essais d'autodidacte sont des dessins et des pochades — mais dès 1925, Rue de la Santé conjugue une ambiance métaphysique à des perspectives expressionnistes.

La rencontre des surréalistes détermine une évolution rapide : dessins automatiques, peintures collages, dispersion d'éléments figuratifs sans relations apparentes dans un paysage désert ( Rêveuse , 1927).

Dès 1927, il montre ses toiles à la Galerie Surréaliste, et illustre un recueil de Péret, préfacé par Breton.

Progressivement, les éléments reconnaissables disparaissent de sa peinture : la surface, divisée par une ligne “ d'horizon ”, se peuple de figures peu nommables, qui appartiennent davantage à la “ terre ” qu'au “ ciel ”, où flottent cependant quelques formes leur ressemblant ( Extinction des lumières inutiles , 1927).

Ces paysages en perspective aérienne, comme antérieurs à la genèse même du monde, résultent d'un automatisme complet (à l'exception de quelques œ uvres de 1930-1931, réalisées à partir de dessins préparatoires, et qui ne réservent à leur auteur aucun émerveillement) : Tanguy couvre d'abord sa toile de couleurs étendues au hasard, qu'il contemple longuement jusqu'à ce que s'imposent les formes qu'il y discerne — dont les ombres qu'il leur ajoute augmentent la crédibilité.

Peu à peu, ce vocabulaire s'épure : rotules et galets, colonies d'amibes et d'os de seiche, signes zoomorphiques peuplent un espace de mieux en mieux unifié, et semblent se multiplier d'eux-mêmes pour s'organiser en une déroutante tribu, alignée au premier plan (le Ruban des excès , 1932) ou dispersée dans l'espace du tableau (l' Extinction des espèces, II , 1938).

Ces “ êtres-objets ” (Breton) sont assez représentatifs du “ modèle intérieur ” que suppose le surréalisme en peinture pour illustrer en 1938 la couverture du Dictionnaire abrégé du surréalisme ; et cet automatisme, salué par Matta, exerce son influence sur Dominguez ou E.

Frances.

Mais la reconnaissance à l'intérieur du surréalisme ne s'accompagne pas d'un succès public : Tanguy connaît une extrême pauvreté et, réformé en 1939, il part à New York, où il retrouve Kay Sage, rencontrée l'année précédente à Paris et qu'il épouse.

À partir de 1941, installé à Woodbury, le couple accède à la sécurité matérielle, et Tanguy reprend le travail de façon régulière, tandis que ses expositions se multiplient aux États-Unis avec un bonheur irrégulier : sa peinture évolue vers un chromatisme plus intense, tandis que les êtres-objets atteignent des dimensions plus importantes et deviennent presque menaçants ( Ma Vie blanche et noire , 1944).

Après la guerre, Tanguy se tient très au courant des activités de ses amis surréalistes en France, et reçoit régulièrement, à Woodbury, Kiesler, D.

Hare et Miró, plus tard Duchamp et Donati ; il reste par contre assez indifférent aux développements de la peinture américaine : celle qu'il pratique explore trop avant le “ royaume des Mères ” (Breton) pour l'autoriser à s'intéresser à l'abstraction.. »