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Vulpem pilum mulare, non mores

Publié le 08/05/2022

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« Vulp~m pilum mutare, non mores Le renard change de poils, mais pas de mœurs Ce proverbe très célèbre apparait pour la première fois dans un passage de la Vie de Vespasien de Suétone ( Vie des douze Césars, 8, 16) : il s'agit de la réplique d'un vieux bouvier qui trouvait l'empereur Vespasien trop cupide.

Paul Diacre fait lui aussi allusion au proverbe (20, 71 S M.).

lorsqu'il affi, 1,1e que la vulpecu/a ne change jamais d' ingenium ; et on retrouve des for11,~les similaires chez plusieurs auteurs du Moyen-Age (cf.

Sutphen 230).

parfois avec une allusion explicite au passage de Suétone, comme chez Jean de Salisbury ( cf.

une lettre de 1167 (202, Pl 119.

225c] ; Policraticus, 3, 14 [ Pl 199, 51 0cd]).

parfois avec quelques transfo, 11,iltions dues aux contextes évoqués (cf.

notamment la comparaison du renard et de l'hérétique chez Maxime de Turin, Homélies.

87 [Pl 57.

452cd] qui affi,11,e que l'hérétique, même lorsqu'il fait semblant de parler avec simplicité (simpliciter), change de discours mais pas de comportement. verba sed non mores); cf.

aussi Walther 34223c : 34223d et en particulier 9632 : Flavos permutai canis vulpecula crines,I at numqr,am more., alterat ipsa suos, >..

fc,1111\lle qu'on retrouve notamment dans les langues néolatines et ge111,aniques, parfois avec quelques légères variantes : cf.

en italien la volpe perde il pelo, ma non il vizio ; en français le renard change de poil, mais non de naturel (cf.

Arthaber 1477, Lacerda-Abreu 305 : Mota 205 ; Schwamenthal-Straniero 5937): en allemand Der Fuchs iindert den Balg, und bleibt ein Schallc : en portugais Raposa, cai o cahelo, mas nào deixa de comer galinha.

Parfois le loup remplace le renard, notamment chez Erasme (Adagio.

3.

9, 19) lupus pilum mutai, non mentem., > (cf.

aussi Walther 14117c) ou en grec, Apostolius ( 12, 66) utilise une foi 111ule très voisine de cette dernière sentence, qui trouve également un précédent dans une épigramme anonyme de l'Antho/ogie Palatine (9, 47), où une chèvre, contrainte d'allaiter un louveteau, prévient son berger que les bonnes actions n'ont jamais changé la nature des êtres: ~ xciptç àÀÀaeal T~V uaLV où 6uvaTQL (pour l'expression Un serpent réchauffé dans mon sein, cf.

n.

2253 ; l'image d' Apostolius rappelle l'histoire du lionceau élevé par des bergers, qui une fois parvenu à l'âge adulte, est rattrapé par sa nature et commet un véritable carnage dans la maison où il a été nourri [Eschyle, Agamemnon, 717-736: cf.

n.

2254]); on trouve des proverbes similaires en médiogrec et en grec moderne (cf.

K.

Krumbacher, Mitte/griechische Sprichworter, Munich, 1894, 126 ; 211) : cf.

en particulier l'amusante fo11111.1le TOv ÀuKo TÜv ÈKOUPfuav KL ÉÀE)'E • trâv Tà trpopa Ta ( >).

Pour les reprises dans nos langues européennes, citons : en italien // lupo cambia (ou perde) il pelo ma non il vizio (en espagnol et en anglais, le loup perd ses grandes dents, mais ne change pas sa nature : Muda el lobo los dientes y no los mientes, et Wolves /ose their teeth, but not their memory ; pour les variantes en dialectes italiens, cf.

SchwamenthalStraniero 3119) ; en français le loup mou"a dans sa peau ou En sa peau mourra le renard (cf.

Lacerda-Abreu 198 sq.; 273).

Dans quelques cas, enfin, le loup et le renard sont remplacés par d'autres animaux : le néogrec lui préfère le porc ; en espagnol le loup est remplacé par l'âne; et en vénitien par le chien ou le coq: Tagia la coa al can, el resta can.

Pour les reprises littéraires, cf.

P.

Levi, Se non ora, quando?, 6) : Chi nasce ebreo resta ebreo.

e chi nasce bisonte resta bisonte, >.. »

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