VILLY SORENSEN
Publié le 16/05/2020
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VILLY SORENSEN
né en 1929
EN donnant, en 1962, son Grand Prix à Villy Sorensen, l'Académie danoise provoqua deux
choses fertiles : elle attira l'attention du grand public sur une excellente œuvre poétique, critique
et philosophique «jeune », et elle affirma l'existence d'une nouvelle génération et l'autorité de
celle-ci
dans le panorama local de la culture.
Sur Villy Sorensen, peu de chose à dire, sauf qu'il est Copenhaguois et qu'il interrompit
ses études de philosophie à l'Université de Copenhague, pour les reprendre, pendant un certain
temps, à celle de Freiburg.
En 1953, et en 1955, il fit paraître respectivement Histoires bizarres et Histoires sans danger.
Ce sont des fables, des légendes modernes.
Quand une tradition de valeurs a été rompue, dit
quelque part Villy Sorensen, il faut chercher une cohérence plus profonde que la tradition.
Et
cette nouvelle cohérence, il essaie de l'atteindre par son art du conte original, « bizarre » et
fantaisiste.
Signalons
la parenté avec Der Erwiihlte, de Thomas Mann.
Comme l'écrivain allemand,
Sorensen a pour ainsi dire haussé les vieux symboles engloutis à une double lumière moderne et
humoristique.
Il s'agit de rendre conscients les gens d'un patrimoine commun de la vieille Europe,
patrimoine auquel un monde technifié et surorganisé les a rendus étrangers.
Mais si ce patrimoine
a été oublié, cela ne signifie pas qu'il soit devenu inefficace.
Le « trauma >>, dans le sens personnel
et dans le sens social, est le sujet principal de cet art de fabliau.
Au cours du congrès grotesque
moderne sur la vérité, dans la ville fictive de Sand burg (en danois le mot « sand » signifie à la
fois «vrai » et « sable »), survient soudain un être double, effrayant, jumeau siamois du nom de
Duo.
Les réactions des
participants à cette irruption de l'irrationnel parmi eux, et les conséquences
diaboliques de
l'opération à laquelle est soumis Duo, sont racontées avec une déformation de
cauchemar et une logique absurde qui rappelle Kafka.
Villy Sorensen a écrit en effet un pastiche
ironique de Kafka, intitulé l'Affaire du meurtre- en sous-titre « une idylle kafkaïenne ».Du point
de vue stylistique, cependant, Sorensen est très loin de Kafka.
De même que ses contes traitent
souvent des hommes qui s'accrochent aux débris d'une conception écroulée du monde, sans être
capables de les rassembler en une combinaison nouvelle et encore moins, évidemment, de les
remplacer par d'autres éléments, sa forme aussi se révèle, jusqu'aux ramifications les plus fines,
un jeu entre l'ancien et le nouveau.
Des expressions courantes sont légèrement détournées, et
brillent
d'une lumière nouvelle, ou bien de façon ironique et naïve, elles sont prises à la lettre,
ou encore combinées entre elles selon un principe qui pourrait être illustré en français si Sorensen
écrivait
un conte intitulé Roméo et Iseult.
Pour lui, il n'y a aucun doute que la réalisation du moi, ou, pour employer un terme de Jung,
le processus de l'individuation, constitue le problème central dans toute vie humaine.
Ainsi, une
histoire de Faust masquée peut concerner un garçon qui devient le sauveur de la nation pendant
une occupation totale par des tigres.
Fif (Truc) -tel est le nom du garçon- ne peut cependant.
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