stylistique
Publié le 23/05/2020
Extrait du document
«
Dans Trois contes dont le dernier est Hérodias, la trilogie se traduit par la structure apparente de
triptyque : Iaokanann est décapité après avoir annoncé l'avènement du royaume de Dieu (Père),
Julien s'unit à un lépreux qui se transforme en Jésus (Fils), et enfin l'âme de la servante Félicité sur
son lit de mort, confondant son perroquet avec le Saint Esprit (Esprit), monte au ciel.
La structure
rigide de la trilogie Père-Fils-Esprit encadre la volonté inébranlable du Dieu chrétien, mettant en
valeur l'importance du nombre « 3 », qui sert à déchiffrer cette histoire chrétienne : trois chapitres
comme trois actes au théâtre, trois heures, la troisième heure, les trois galeries de la salle du festin,
les trois gradins de l'estrade où monte Salomé pour la danse, les trois apparitions énigmatiques de
Salomé, le triclinium où s'installent Antipas, Vitellius et Aulus, enfin les trois hommes qui portent la
tête de Iaokanann.
Or, non seulement la structure mais aussi l'écriture s'inspirent de cette trilogie dans l'accusation de
Iaokanann, lancée du fond de la citerne contre Hérodias ainsi que dans la danse de Salomé, les deux
instants critiques pour les deux héros.
C'est d'autant plus surprenant qu'ils incarnent l'un la Parole et
l'autre le Corps féminin, s'opposant généralement l'un à l'autre.
Malgré leur contraste esthétique, la
concordance entre Iaokanann et Salomé se manifeste d'abord sous un autre aspect : Flaubert note
dans le plan pour les invectives de Iaokanann : 1.
ce qu'il est ; 2.
annonce du Messie ; 3.
injures à
Hero.[dias][8], moment où son discours atteint son paroxysme.
D'autre part, il est à remarquer que
la danse de Salomé est répartie de la même manière : 1.
le prélude : la légèreté ; 2.
l'accablement ; 3.
l'emportement de l'amour et l'assouvissement frénétique.
Cela va sans dire que la danse est aussi à
son comble à la troisième étape.
Dès le début, les imprécations de Iaokanann sont scandées selon une mesure à trois temps, de plus
en plus longue[9] : « Malheur à toi, ô peuple ! et aux traîtres de Juda, aux ivrognes d'Ephraïm, à
ceux qui habitent la vallée grasse, et que les vapeurs du vin font chanceler ! » (p.
153)[10] ; « Qu'ils
se dissipent comme l'eau qui s'écoule, comme la limace qui se fond en marchant, comme l'avorton
d'une femme qui ne voit pas le soleil » (p.
153).
Au moyen de la comparaison marquée par la
conjonction « comme », chaque proposition relative devient de plus en plus longue : d'abord avec
un seul verbe pronominal, ensuite un verbe pronominal avec un gérondif, puis un verbe avec un
complément d'objet.
D'autre part, les trois répétitions du pronom « il » avec le futur annoncent la vengeance inéluctable
du Seigneur et symbolisent le dieu impitoyable et le châtiment inévitable : « Il retournera vos
membres dans votre sang, comme de la laine dans la cuve d'un teinturier.
Il vous déchirera comme
une herse neuve ; il répandra sur les montagnes tous les morceaux de votre chair ! » (p.
153)
Enfin, la rage de Iaokanann explose dans ses invectives contre Hérodias jusqu'à ce qu'il incarne la
langue du Messie lui-même, selon un rythme toujours ternaire, de plus en plus combinatoire, ce qui
symbolise la rigidité de la trilogie chrétienne.
La disposition suivante met en relief cet agencement
systématique de la structure flaubertienne :
Le seigneur arrachera,
tes pendants d'oreilles,
tes robes de pourpre,
tes voiles de lin,
les anneaux de tes bras,
les bagues de tes pieds,
et les petits croissants d'or qui tremblent sur ton front,
tes miroirs d'argent,
tes éventails en plumes d'autruche,
les patins de nacre qui haussent ta taille,
l'orgueil de tes diamants,.
»
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