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Sonnet de Louise Labé : « Je vis, je meurs.»

Publié le 19/12/2021

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« Je vis, je meurs: je me brûle et me noie, J'ai chaud extrême en endurant froidure; La vie m'est et trop molle et trop dure, J'ai grands ennuis entremêlés de joie. Tout en un coup je ris et je larmoie, Et en plaisir maint grief tourment j'endure, Mon bien s'en va, et à jamais il dure, Tout en un coup je sèche et je verdoie. Ainsi Amour inconstamment me mène Et, quand je pense avoir plus de douleur, Sans y penser je me trouve hors de peine. Puis, quand je crois ma joie être certaine, Et être en haut de mon désiré heur, Il me remet en mon premier malheur. Louise LABÉ Le sonnet de Louise Labé : « Je vis, je meurs.,.

», composé en 1555, s'inscrit dans une tradition poétique qui célèbre l'amour tout en décrivant les tourments qu'il fait endurer à celui ou celle qu'il possède.

Mais le mot « tourments » est ici bien insuffisant pour choquer la variété des émotions ressenties par le poète.

L'amour l'investit et lui fait perdre tous repères.

Il triomphe de sa raison et son pouvoir paraît sans limites.

La seule défense que le poète puisse opposer au désordre de l'amour semble bien l'écriture elle- même qui, en quatorze décasyllabes, ordonne la confusion de l'esprit et des sens. L'amour de la Belle Cordière — c'est ainsi qu'on surnommait Louise Labé — est d'abord une expérience de l'émotion.

Non pas une émotion unique que l'on pourrait résumer en un mot.

Amour se décline au pluriel.

Pluriel de la sensation et du sentiment dont il parcourt toute la gamme.

Et s'il engage l'être tout entier, c'est d'abord à travers le corps soumis aux éléments : l'amour-feu, l'amour-flot embrase et engloutit, fait connaître simultanément le chaud et le froid : « je me brûle » (v.

1), « J'ai chaud » (v.

2), « et me noie » (v.

1), « en endurant froidure » (v, 2). À ces premières atteintes s'ajoutent, selon un procédé d'accumulation, de nouvelles sensations tactiles ou visuelles : « La vie m'est et trop molle et trop dure » (v.

3) ; « je sèche et je verdoie » (v.

8). Il est clair que cette dernière image permet de glisser de la sensation au sentiment, du physique au moral étroitement « entremêlés » par la structure des deux quatrains et par la succession des propositions indépendantes qui les composent : « je verdoie » (v.

8) évoque métaphoriquement la joie de l'amour dans laquelle l'être s'épanouit comme une plante, alors que « je sèche » (v.

8) suggère les peines endurées par celle qui aime. On retrouve d'ailleurs, tout au long du poème, cette dualité du sentiment amoureux et l'on peut ordonner en deux séries antithétiques le lexique des émotions exprimées par Louise Labé : « ennuis » (v.

4), « je larmoie » (v.

5), « tourment » (v, 6), « douleur » (v. 10), « malheur » (v.

14) / « joie » (v, 4), « je ris » (v.

5), « plaisir » (v.

6), « hors de peine » (v.

11), « désiré heur » (v.

13). Mais ce qui étonne est moins la contradiction de sensations et de sentiments que leur réunion dans un même vers ou dans deux vers successifs.

En ce sens la figure des émotions serait plutôt ici l'oxymore, l'association des contraires renforcée par des effets de symétrie (v, 1/v.

2) ou de chiasme comme celui des vers 6 et 7 (plaisir-tourment) : « Mon bien s'en va » (tourment) - « à jamais il dure » (plaisir). Le poète suggère ainsi admirablement le désordre de l'amour, la confusion des sens qu'il suscite.

À l'instant où il s'empare de nous, le plaisir est une souffrance.

Cette fusion des contraires est réalisée par une grande variété de tours grammaticaux : — la juxtaposition : « Je vis, je meurs » (v.

1) ; — la coordination : « je me brûle et me noie » (v.

1) ;. »

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