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Sinn Féin

Publié le 06/12/2021

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1   PRÉSENTATION

Sinn Féin, mouvement nationaliste et républicain irlandais fondé par le journaliste et politicien Arthur Griffith en 1902. « Sinn Féin « est une expression gaélique signifiant « nous, nous-mêmes «.

2   LA LUTTE POUR L’INDÉPENDANCE DE L’IRLANDE

Reprenant la tradition des Fenians et de la Fraternité républicaine irlandaise (Irish Republican Brotherhood), le Sinn Féin se donne pour objectif l’indépendance politique de l’Irlande vis-à-vis du Royaume-Uni et la renaissance de la culture gaélique. Sous la présidence de MacNeill, il se dote d’une aile militaire, les Volontaires irlandais, dont une partie prend part, le 24 avril 1916 — jour de Pâques —, à une insurrection armée sous la conduite notamment de Michael Collins (voir Pâques sanglantes). Ce soulèvement est impitoyablement réprimé par les Britanniques, ce qui intensifie le militantisme des Irlandais et contribue au triomphe du Sinn Féin aux élections législatives de 1918. Les 73 délégués du parti élus au Parlement britannique refusent néanmoins de siéger à Westminster : ils s’autoproclament Dáil Éireann, ou Assemblée d’Irlande, sous la conduite d’Eamon De Valera.

En 1921, après trois ans de conflit, les Britanniques acceptent d’engager des négociations, qui aboutissent à la reconnaissance de l’Irlande du Sud, proclamée État libre d’Irlande en décembre. Ce traité est rejeté par la majorité des membres du Sinn Féin, conduits par De Valera, qui refusait le rattachement des six comtés d’Ulster au Royaume-Uni. La minorité favorable au processus fait scission pour fonder, sous la houlette d’Arthur Griffith, la ligue des Gaëls, tandis que De Valera et ses partisans poursuivent la lutte armée jusqu’en 1923. Ces derniers fondent un nouveau parti, les Républicains, qui prend en 1926 le nom de Fianna Fáil (« Hommes du Destin «) lorsque Eamon De Valera fait son entrée au Parlement. Dès lors, le Sinn Féin ne joue plus qu’un rôle mineur, refusant d’occuper les sièges au Dáil.

3   LA CRÉATION D’UNE BRANCHE ARMÉE : L’IRA

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le Sinn Féin se dote d’une branche armée illégale, l’IRA (Armée républicaine irlandaise), qui, dès la fin des années 1960, mène une lutte active en faveur du rattachement de l’Ulster à la république d’Irlande. En 1970, le Sinn Féin suit le même développement que l’IRA et se scinde en « officiels « marxistes, qui forment le Parti Travailliste (Worker’s Party) en 1982, et en « provisoires «. Seuls ces derniers, favorables à la lutte nationaliste et militaire, conservent le nom de Sinn Féin et continuent de soutenir l’action de l’IRA.

En novembre 1986, le parti abandonne son opposition de longue date à la participation au Dáil, favorisant par conséquent la formation d’un nouveau parti dissident, le Sinn Féin républicain, qui reste fidèle au boycottage. Bien que reconnu comme parti politique, le Sinn Féin est exclu des négociations avec le gouvernement britannique, car il refuse de renoncer à la violence.

4   L’ENGAGEMENT EN FAVEUR D’UNE SOLUTION POLITIQUE

Le 31 août 1994, sous l’influence de Gerry Adams, président du Sinn Féin, l’IRA accepte un cessez-le-feu, lequel est rompu en 1996. En 1997, le Sinn Féin remporte plusieurs succès électoraux : en mai, il gagne son premier siège à la Chambre des communes britannique et obtient son plus grand nombre de représentants au Conseil d’Irlande du Nord ; en juin, il remporte un siège au Dáil, et annonce qu’il renonce au boycottage.

Son engagement sur la voie d’une solution politique au problème de l’Ulster se voit conforté par l’arrivée au pouvoir en république d’Irlande de Bertie Ahern et du travailliste Tony Blair en Grande-Bretagne. Ce dernier, engagé personnellement dans le processus de paix en Ulster, reçoit Gerry Adams à Londres en décembre 1997. Cette rencontre historique, la première depuis 1921 entre un Premier ministre britannique et un dirigeant républicain, ainsi que le nouveau cessez-le-feu décidé par l’IRA et l’adhésion du Sinn Féin aux principes élaborés par l’Américain Mitchell, prévoyant une solution démocratique et acceptée par la majorité de la population d’Irlande du Nord, favorisent la reprise des négociations avec les Britanniques et les unionistes.

Le 10 avril 1998, un accord de paix est signé au château de Stormont, compromis entre la volonté des protestants de rester sous l’autorité britannique et l’aspiration de la minorité catholique à s’unir avec la république d’Irlande. Envisagé par le Sinn Féin comme une étape intermédiaire vers la réunification de l’Irlande, cet accord divise cependant le mouvement, bien que Gerry Adams, son dirigeant, en soit l’un des principaux artisans. Le Sinn Féin se trouve ainsi tiraillé entre les exigences de l’électorat catholique, favorable à la paix, et celles des adversaires de tout compromis, notamment parmi les membres de l’IRA, qui craignent que cet accord vienne renforcer la position des unionistes en Ulster. Approuvé massivement par les Irlandais, l’accord de Stortmont prévoit une Assemblée, qui est élue en juin 1998. David Trimble, le Premier ministre qui en est issu, tarde à former un gouvernement, posant comme condition préalable à l’entrée de membres du Sinn Féin dans son équipe l’engagement ferme par l’IRA de déposer les armes. Deux membres du Sinn Féin, dont Martin MacGuiness, ancien commandant de l’IRA, font finalement partie du premier gouvernement autonome biconfessionnel, formé en novembre 1999. Gouvernement de courte durée, puisque, deux mois plus tard, en raison de dissensions toujours vives, Londres suspend les institutions. L’IRA revient sur ses engagements et, tout en maintenant le cessez-le-feu, elle quitte la commission chargée du désarmement des milices. Toutefois, en mai 2000, l’IRA s’engage à mettre ses armes « entièrement hors d’usage de façon totale et vérifiable «. Cette proposition historique relance le processus de paix en Irlande du Nord en ouvrant la voie au retour du gouvernement autonome à Belfast. Mais rien n’évolue, de sorte que le Premier ministre d’Irlande du Nord, David Trimble, démissionne de ses fonctions en juillet 2001 afin de faire pression sur l’IRA pour qu’elle engage effectivement son désarmement. Or, en octobre 2001, pour la première fois, Gerry Adams demande à l’IRA d’accomplir « un geste significatif sur la question des armes «, qui « pourrait sauver le processus de paix de l’écroulement «. Aussitôt l’IRA détruit ses premières armes devant des inspecteurs internationaux, ce qui permet une nouvelle relance du processus de paix. Lors des élections générales d’Irlande en mai 2002, le Sinn Féin effectue une percée électorale importante, hors de ses terres d’élection habituelles, en devenant le quatrième parti en termes de voix en Irlande (6,5 p. 100 des voix) et en passant de 1 à 5 sièges de députés. Peu après, au mois de juin, Alex Maskey est le premier membre du Sinn Féin à être élu maire de Belfast. Mais au mois d’octobre 2002, quatre militants du Sinn Féin sont soupçonnés d’avoir espionné le ministre britannique chargé de l’Irlande du Nord. Ils sont arrêtés et les institutions nord-irlandaises sont suspendues jusqu’à nouvel ordre par Londres.

Lors de l’élection de l’Assemblée d’Irlande du Nord en novembre 2003, le Sinn Féin remporte 24 p. 100 des suffrages (24 sièges, + 6) devant le Parti social-démocrate et travailliste (SDLP) qui recueille 17 p. 100 des suffrages (18 sièges, - 6). Alors que, dans le camp protestant, ce sont les « ultras « du Parti unioniste démocratique (DUP) qui l’emportent, la défaite des modérés incite une fois encore les observateurs au pessimisme quant à l’évolution institutionnelle de l’Irlande du Nord. En juin 2004, le Sinn Féin obtient pour la première fois deux élus au Parlement européen de Strasbourg, l’un en Irlande, où le parti double son score précédent en recueillant 11,4 p. 100 des suffrages, et l’autre en Irlande du Nord ; il gagne un siège à la Chambre des communes à l’issue des élections générales de mai 2005. Au mois de juillet suivant, l’espoir d’une solution politique appelée de ses vœux par Jerry Adams trouve une nouvelle impulsion avec l’annonce par l’IRA de son abandon de la lutte armée.

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