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Simone DE BEAUVOIR, La Vieillesse

Publié le 02/12/2021

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Ce qui caractérise l'attitude pratique de l'adulte à l'égard des vieillards, c'est sa duplicité. Il se plie jusqu'à un certain point à la morale officielle que nous avons vu s'imposer dans les derniers siècles et qui lui enjoint de les respecter. Mais il a intérêt à les traiter en êtres inférieurs et à les convaincre de leur déchéance. Il s'attachera à faire sentir à son père ses déficiences, ses maladresses, afin que le vieil homme lui cède la direction des affaires, lui épargne ses conseils et se résigne à un rôle passif. Si la pression de l'opinion l'oblige à assister ses vieux parents, il entend les gouverner à sa guise : il y aura d'autant moins de scrupules qu'il les pensera plus incapables de se diriger seuls.
C'est d'une manière sournoise que l'adulte tyrannise le vieillard qui dépend de lui. Il n'ose pas franchement lui donner des ordres, car il n'a pas droit à son obéissance : il évite de l'attaquer de front, il le manoeuvre. Il allègue son intérêt bien entendu. Toute la famille se fait complice. On use la résistance de l'aïeul, on l'accable de prévenances qui le paralysent, on le traite avec une bienveillance ironique, on lui parle en bêtifiant et même on échange par-dessus sa tête des coups d'oeil entendus, on laisse échapper des mots blessants. Si la persuasion, les ruses échouent à le faire céder, on n'hésite pas à lui mentir ou à recourir à un coup de force. Par exemple, on n'hésite pas à lui mentir ou à recourir à un coup de force. Par exemple, on le convainc d'entrer provisoirement dans une maison de retraite et on l'y abandonne. La femme, l'adolescent qui vivent dans la dépendance économique d'un homme adulte ont plus de défense que le vieillard : l'épouse rend des services ; l'adolescent deviendra un homme qui pourra demander des comptes ; le vieil homme ne fera que descendre vers la décrépitude et la mort ; il ne sert à rien. Pur objet encombrant, inutile, tout ce qu'on souhaite c'est de pouvoir le traiter en quantité négligeable.
Les intérêts en jeu dans cette lutte ne sont pas seulement d'ordre pratique, mais aussi d'ordre moral : on veut que les vieilles gens se conforment à l'image que la société se fait d'eux. On leur impose des contraintes vestimentaires, une décence de manières, un respect des apparences. C'est surtout dans le domaine sexuel que s'exerce la répression. Quand dans L'adolescent le vieux prince Sokolski pense à se remarier, sa famille monte la garde autour de lui, pour des questions d'intérêt, mais aussi parce que l'idée la scandalise. On menace de le mettre dans un asile d'aliénés : on finit par le séquestrer : il en meurt. J'ai connu des drames analogues dans les familles bourgeoises de ce siècle.
A l'égard de leur mère, les filles éprouvent souvent du ressentiment et leur attitude est analogue à celle des fils avec leur père. Les affections les moins ambivalentes sont celles que la fille éprouve pour son père, le fils pour sa mère. Quand l'ascendant qu'ils chérissent est devenu vieux, ils sont capables de se dévouer pour lui. Mais s'ils sont mariés, l'influence de leur conjoint limite souvent leur générosité.
Quand l'adulte n'a pas de lien personnel avec eux, les vieillards suscitent chez lui un mépris teinté de dégoût : on a vu comment au cours des siècles les auteurs comiques ont exploité ce sentiment. Lhomme âgé apparaissant au plus jeune comme sa caricature, il s'amuse à le caricaturer, afin de s'en désolidariser par le rire. Il entre parfois du sadisme dans cette dérision. J'ai été déconcertée quand j'ai vu à New York le célèbre cabaret où chantent et dansent en relevant leurs jupes d'affreuses octogénaires. Le public s'esclaffait : que signifiait au juste cette hilarité ?
Aujourd'hui les adultes s'intéressent au vieillard d'une autre manière : c'est un objet d'exploitation. Aux USA surtout, mais aussi en France, se multiplient les cliniques, maisons de repos, résidences, des villes même et des villages où l'on fait payer le plus cher possible aux personnes âgées qui en ont les moyens un confort et des soins qui laissent souvent à désirer.


Simone DE BEAUVOIR, La Vieillesse.


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2. Vous expliquerez les mots et expressions suivants :
a) ses déficiences ;
b) il entre parfois du sadisme dans cette dérision ;
c) cette hilarité.
3. Partagez-vous l'opinion de l'auteur qui estime que, dans la société moderne, les vieillards sont des objets de rebut ? Vous développerez votre point de vue à l'aide d'exemples précis empruntés à la vie quotidienne et à la littérature.

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