SIDO
Publié le 12/04/2024
Extrait du document
«
Texte 1.
Il fait un temps de bourrasques et de cicatrices
Eléments d’introduction :
Le poème étudié se situe dans la section « L’onde du chaos » qui porte en ouverture une citation de la
philosophe et poétesse anglaise Kathleen Raine : « Aux aguets, nous faisons écho / Aux rumeurs de
l’abîme ».
Cette citation place les poèmes de la section dans une dimension engagée, critique, en écho aux
problématiques qui agitent le monde actuel.
Projet de lecture : Nous verrons comment s’y prend Hélène Dorion, dans ce poème engagé, pour montrer
une nature menacée par les humains et leur comportement.
Nous pouvons séparer le poème en trois mouvements :
- v.
1 à 13 : Un monde en proie au chaos
- v.
14 à 17 : Le rôle de la poésie et le sens de l’écriture
- v.
18 à 27 : L’autrice fait ressentir l’urgence d’un changement
1.
Hélène Dorion dépeint un monde en proie au chaos, à la destruction.
Idée v.
1 et 2 : un état des lieux du chaos
Présent d’énonciation
Il fait
Parallélisme de construction /
rythme binaire
Un temps de … et de …
Un temps de … et de …
Gradation ascendante logique
Bourrasques < cicatrices < séisme On va vers le pire : crescendo
le
déterminant indéfini « aucune »
et le double sens du mot
« vague » renvoient à l’idée de
promesses vides.
Les images négatives se
succèdent et montrent la rapidité
avec laquelle tout disparaît
Vocabulaire de la nature mêlé à
celui de la destruction,
souffrance
Déterminant possessif
Oiseau > refuge
Terre > ravagée
Jardins > éteints
Nos
Couleurs/parfums
Rose / lavande
Image d’une nature désolée,
abandonnée, détruite
Proximité : l’espace de tout le
monde.
Rapport entre l’extérieur
et l’intérieur (cultiver son jardin)
Fausses odeurs ? rappel
d’espoir ?
Idée v.
10 à 12 : une perte de sens dans un monde détruit
Typographie
Espaces vides
Métonymies
Verre éclaté / écrans morts/nord
perdu
Allitérations
Questions
«k»«t»«r»
De pourquoi de comment
Le sens disparaît peu à peu, les
choses sont peu à peu détruites
Référence aux actions humaines
(technologies) liées à la
destruction jusqu’à la perte de
repère (perdre le nord sur sa
boussole)
Violence de la destruction
Questions sans réponse
Idée v.
13 : un vers pour résumer du sens du poème
Typographie
Périphrase
Vers central, seul
Tout un siècle
Métaphore
Défaire le paysage
Mis en valeur
20ème siècle : siècle de progrès
mais peut-on se réjouir de tous
ces progrès ?
21ème siècle ? est-ce qu’il sera
celui de la destruction totale ?
Verbe défaire met en évidence la
notion d’action humaine.
Construction étrange car on ne
peut pas défaire un paysage :
comme si l’homme jouait avec la
nature, comme si on pouvait la
faire et la défaire
2.
Hélène Dorion interroge le sens de la poésie et de l’écriture dans ce monde chaotique
Idée des v.
14 à 17 : elle revient sur le fait d’écrire face à ce constat terrible
Déterminant possessif
Mon chant
Métaphore
Chant
Métaphore
Mon chant soulève…muets
Champ lexical du vide
Poussière, muets, trou béant
Seule fois dans le poème : retour
sur soi, son rôle
Référence au lyrisme : se place
dans la lignée d’Orphée et d’une
poésie qui est aussi musique
Semble dire que la poésie a un
pouvoir
Mais échec de la poésie : là où
Oprhée faisait venir à lui tous les
animaux, ici, la poésie ne semble
Antithèse
« chant » vs « spectacles muets »
Comparaison
comme un trou béant
dans la maison noire des mots
plus pouvoir faire venir qui que
ce soit
La poésie même semble avoir
perdu sa force créatrice
Image sombre de la littérature
entière (maison des mots) qui
semble disparaître, comme si les
mots perdaient leur pouvoir
3.
Hélène Dorion tente de faire percevoir l’urgence face à cette situation
Idée v.
18 à 21 : la critique de la société de consommation dans un propos déstructuré
syntaxe
il fait un temps jamais assez
un temps plus encore
Typographie
Espaces vides
Vers de plus en plus courts
Jamais assez plus encore plus
encore plus
Accumulation d’adverbes
Phrase déconstruite, il manque
les prépositions attendues (de),
les phrases ne sont pas finies, ce
qui traduit une perte de sens
Le sens disparaît peu à peu, tout
est détruit
Renvoient à une forme de cercle
vicieux de la société de
consommation : on en veut
toujours plus, on n’en a jamais
assez > finit par ne plus rien y
avoir (comment lire le dernier
plus ? )
Idée v.
22-23 : un appel à la responsabilité collective
Pronom indéfini
On
Futur
pourra
Négations
Verbe à l’infinitif
On ne pourra pas toujours
refaire
Hyperbole
Tout
Collectif = nous > cela nous
concerne tous > responsabilité
collective
Appel à regarder les choses en
face, la réalité ce qui arrivera de
façon certaine
Mise en garde
Fait écho à « défaire » au v.
13 :
certaines erreurs ne sont déjà
plus rattrapables.
Mise en garde
du mythe, du leurre de la toute
puissance humaine
qui consisterait à se prendre pour
un dieu omnipotent
Idée v.
24 à 27 : une sombre prophétie
Préposition > CC de temps
Dans ce temps
Zeugme
Temps de bile et d’éboulis
L’anaphore est modifiée, et la
phrase ressemble à un résumé
de tout ce qui a été dit
Parallèle avec le v.
1 : le zeugme
met en lien le corps (bile) et la
Allitérations
Vocabulaire péjoratif
En « b »
Bile / éboulis
Personnification
Les forêts tremblent
Article défini + présent
« les » (et non Mes forêts) +
tremblent
Déterminant possessif
Nos pas
Préposition
Sous nos pas
Métaphore finale + présent
d’énonciation
La nuit approche
terre (éboulis), comme une seule
entité en train de se déliter.
dégoût
Evoquent la destruction, ce qui
est mauvais.
Bile dans la théorie
des humeurs : soit jaune (colère),
soit noire (anxiété) > idées
négatives liées à ce qui détruit.
Image de fragilité, de peur ou de
destruction selon le sens du
verbe (effet des séisme et
bourrasques des v.
1 et 2 ?).
Toutes les forêts : effet
généralisant si présent de vérité
générale ou d’actualité si présent
d’énonciation : on les voit devant
nous : image qui marque
Intéressant de noter qu’elle ne
parle pas de « mes forêts » mais
elle dit « nos » pas : ce qui fait
trembler les forêts, c’est l’action
de tous
Effet négatif d’avoir voulu se
rendre comme les maîtres de la
nature : on l’infériorise, elle est
coupée de nous (dans un autre
vers)
Fonctionne comme une
prophétie, pessimiste.
La nuit
renvoie au chaos, à la fin du
monde.
Conclusion : Poème profondément marquant par la puissance des images que l’on y trouve et la vérité de
ce qui y est dit, même si tout est implicite.
Texte 2 : « Mes forêts sont de longues tiges d’histoire »
Eléments d’introduction : Dernier poème qui clôt ce recueil.
Il fait écho au poème liminaire.
Projet de lecture : Nous verrons comment s’y prend Hélène Dorion, dans cet ultime poème où elle métamorphose les forêts, pour révéler le lien
qu’elle a tissé avec elles.
Nous pouvons séparer le poème en trois mouvements :
- v.
1 à 13 : La forêt est un point de repère complexe
- v.
14 à 28 : La forêt est un lieu d’émotions qui permettent d’écrire
- v.
29 à 31 : Un lieu qui console et permet de se retrouver
Mouvement 1.
Hélène Dorion montre que la forêt est un point de repère complexe
Idée 1 : Il y a un parallèle avec le poème liminaire v.
1 et 2 : le recueil se clôt
Même forme du vers
Mes forêts sont
Les deux poèmes sont bien écrits en écho : on a une impression de cercle qui
Elles sont
se ferme, comme une forêt dont on sort, un espace clos qu’on a parcouru et
qu’on va quitter.
Mêmes mots /
Traînées de temps > tiges d’histoire Métaphore du temps et de l’horloge qu’on retrouve ici : les forêts sont les
thématiques
Aiguilles > aiguilles
témoins de notre histoire/l’Histoire.
Des images qui diffèrent
Traînées > tiges
Les formes sont plus claires, définies, moins vagues.
Temps > histoire
Le passage du temps à l’histoire semble être un passage de ce qui est brut à
ce qui est organisé ; de ce qui est senti, à ce qui est compris.
Aiguilles qui percent la terre
On passe d’une forme de brutalité et de violence à une forme de sérénité, de
/déchirent le ciel
calme et d’ordre, de régularité.
> aiguilles qui tournent / à travers
les saisons
Idée 2 : la forêt est un point de repère mouvant, complexe v.
2 à 5
Métaphore de la boussole Aiguilles qui tournent v.
2 à 5
/ horloge
Typographie
« D’est en ouest
jusqu’au
sud /et tout au nord »
Verbes de mouvement +
tournent, vont
locutions adverbiales du
A travers, jusqu’au, et tout
mouvement
La forêt est un point....
»
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