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Publié le 17/05/2020
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2005 CENTRES ÉTRANGERS SÉRIE ES /S
Objet d'étude : Convaincre, persuader et délibérer.
Textes :
Texte A - PASCAL, Pensées (1670)
Texte B - LA FONTAINE, Fables (1693), "Le Philosophe scythe"
Texte C - VOLTAIRE, Le Mondain (1736)
Texte D - ROUSSEAU, Rêveries du Promeneur solitaire (1776-1778), "Cinquième Promenade".
Texte A - PASCAL, Pensées (1670)
Tous les hommes recherchent d'être heureux.
Cela est sans exception, quelques différents moyens
qu'ils y emploient.
Ils tendent tous à ce but.
Ce q ui fait que les uns vont à la guerre et que les autres
n'y vont pas est ce même désir qui est dans tous le s deux, accompagné de différentes vues.
La
volonté [ne] fait jamais la moindre démarche que ve rs cet objet.
C'est le motif de toutes les actions de
tous les hommes.
Jusqu'à ceux qui vont se pendre.
Et cependant depuis un si grand nombre d'années j amais personne, sans la foi, n'est arrivé à ce
point où tous visent continuellement.
Tous se plaig nent, princes, sujets, nobles, roturiers, vieux,
jeunes, forts, faibles, savants, ignorants, sains, malades, de tous pays, de tous les temps, de tous
âges et de toutes conditions.
[...]
Qu'est-ce donc que nous crie cette avidité et cet te impuissance, sinon qu'il y a eu autrefois dans
l'homme un véritable bonheur, dont il ne lui reste maintenant que la marque et la trace toute vide, et
qu'il essaie inutilement de remplir de tout ce qui l'environne, recherchant des choses absentes le
secours qu'il n'obtient pas des présentes, mais qui en sont toutes incapables, parce que ce gouffre
infini ne peut être rempli que par un objet infini et immuable, c'est-à-dire que par Dieu même.
Texte B - LA FONTAINE, Fables (1693), "Le Philosophe scythe"
Un Philosophe austère, et né dans la Scythie
1,
Se proposant de suivre une plus douce vie,
Voyagea chez les Grecs, et vit en certains lieux
Un sage assez semblable au vieillard de Virgile
2,
Homme égalant les Rois, homme approchant des Dieux,
Et, comme ces derniers, satisfait et tranquille.
Son bonheur consistait aux beautés d'un Jardin.
Le Scythe l'y trouva qui, la serpe à la main,
De ses arbres à fruit retranchait l'inutile,
Ébranchait, émondait, ôtait ceci, cela,
Corrigeant partout la Nature,
Excessive à payer ses soins avec usure.
Le Scythe alors lui demanda :
« Pourquoi cette ruine : Était-il d'homme sage
De mutiler ainsi ces pauvres habitants ?
Quittez-moi votre serpe, instrument de dommage;
Laissez agir la faux du Temps :
Ils iront assez tôt border le noir rivage
3.
— J'ôte le superflu, dit l'autre, et l'abattant,
Le reste en profite d'autant.»
Le Scythe, retourné dans sa triste demeure,
Prend la serpe à son tour, coupe et taille à toute heure;
Conseille à ses voisins, prescrit à ses amis.
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