Résumé: Aurélien de LOUIS ARAGON

« Aurélien de LOUIS ARAGON Louis Andrieux dit Aragon (1897-1982) est d'abord, à côté d'André Breton, l'un des promoteurs de la révolutionsurréaliste.

Rompant avec ce mouvement en 1931, sans pour autant renoncer à la poésie, il s'engage dans une voieplus réaliste et plus traditionnelle.

En même temps que commence pour lui une ère de production romanesque, ilparticipe aux luttes politiques.

Adhérent au Parti communiste depuis 1927, rédacteur à l'Humanité et directeur desLettres Françaises, il reçoit le prix Lénine international de la Paix en 1957.

Bien que ses positions à l'égard de laliberté d'expression dans les républiques socialistes et devant l'invasion de la Tchécoslovaquie en 1968 par l'arméesoviétique aient été controversées, il reste jusqu'à sa mort un porte-parole ardent des idéaux prolétariens.Elsa Triolet (1896-1971), belle-soeur du poète soviétique Maïakovski et romancière de talent, a inspiré à Aragon,dont elle a partagé la vie et la pensée, ses plus beaux cycles de poèmes. Aurélien, écrit dans la clandestinité en 1943-1944, occupe une place privilégiée dans le cycle romanesque du Monderéel dont il forme le quatrième tome.

Cette large fresque sociale constitue une chronique des années 1889 à 1940.Les Voyageurs de l'impériale évoque jusqu'en 1914 la mutation des sociétés et les Cloches de Bâle, de 1904 à 1912,les luttes ouvrières.

Les Beaux Quartiers restitue l'atmosphère troublée à la veille de la guerre de 14-18.

Avant lessix volumes des Communistes qui retracent de février 1939 à juin 1940 l'histoire d'un monde à nouveau en situationd'avant-guerre et de guerre, Aurélien marque une sorte de pause.Dans ce roman, moins engagé que les autres, l'amour devient la dominante.

L'action, qui se déroule au cours del'hiver 1921-1922, met en présence Bérénice Morel, jeune provinciale arrivée à Paris, et Aurélien Leurtillois, qui vientde sortir de la guerre pour entrer dans le plaisir et l'oisiveté.

Cette liaison avorte, mais laisse Aurélien dans un siprofond désespoir qu'il se range et s'enrôle dans le monde des affaires.

En juin 1940, aux jours de l'exode et de ladéfaite, Aurélien et Bérénice se rencontrent à nouveau, mais plus rien ne les unit.

Chez lui est morte cette « passionsi dévorante qu'elle ne peut se décrire » : le goût de l'absolu, qu'elle a gardé.

Bérénice meurt d'une balle perdue...• Le retour des personnages : Aragon le pratique dans l'ensemble du cycle.

Les personnages secondaires sontnombreux, mais demeurent des comparses.

Ils tissent autour des deux jeunes gens un réseau d'idées reçues quipèsent sur leur destin.

Ils représentent la société mondaine qui, dans l'entre-deux-guerres, a tué les idéaux.• Aurélien, c'est moi : on a voulu trouver des clés à ce roman et voir, par exemple, en Aurélien l'écrivain Drieu laRochelle.

Aragon s'est expliqué : Aurélien pose « la question du roman, de l'invention des personnages, de leurressemblance avec des modèles multiples, des motifs profonds de l'auteur pour se livrer à ce mélange d'aveux, deportraits, de mensonges et de masques ».• Un grand roman d'amour nostalgique : « L'impossibilité du couple est le sujet même d'Aurélien.» Dans ce tableaud'une génération déterminée au lendemain de l'armistice de 1918, le décalage s'accroît entre Aurélien, anciencombattant désenchanté et Bérénice qui n'a que vingt-deux ans.

C'est un «divorce d'idées » de part et d'autre de lanotion d'absolu. Quand, en 1942-1943, Aragon, résistant, se lance dans la rédaction d'Aurélien, sa compagne Eisa Triolet écrit LeCheval blanc, roman quête d'un bonheur douloureux, voire insaisissable.

Aurélien multiplie les références à l'histoireet à ses acteurs.

Parmi ceux-ci, on reconnaît Drieu la Rochelle, ami d'Aragon.

La divergence de leurs opinionspolitiques mit bientôt fin à leurs relations. Desoeuvré, à jamais marqué par cette Première Guerre mondiale dont il a réchappé, Aurélien erre...

jusqu'au jour oùson regard croise celui de Bérénice. Il n'y a pas d'amour heureuxAurélien, au sortir de la Première Guerre mondiale, ne trouve goût à rien.

Rentier, célibataire, il passe ses journées àarpenter Paris sans autre but que celui de tuer le temps et les souvenirs douloureux qui l'assaillent.

Au cours d'unesoirée mondaine, il rencontre Bérénice dont la simplicité apparente contraste avec l'affectation des autres invités.Bientôt, celle qui n'avait d'abord pas su captiver son regard hante ses pensées et semble donner un sens àsa vie.

Une passion toute spirituelle les unit l'un à l'autre.

Mais Bérénice, la femme au double visage énigmatique,cette femme au "goût de l'absolu", renonce à leur relation, peut-être pour la préserver, et quitte Paris .en nelaissant à Aurélien que le regret d'un amour sans lendemain.

Quand il la reverra quelques années plus tard, ilmesurera non sans cruauté la distance qui désormais les sépare.

La Seconde Guerre mondiale fait retentir les canonsdans les campagnes ; Bérénice n'échappera pas aux tirs, abandonnant pour toujours Aurélien à ses souvenirs. Roman du monde réelTour à tour journaliste, essayiste, poète surréa-- liste, romancier, Louis Aragon est l'auteur d'une quantitéd'ouvrages témoignant d'une activité débordante et d'une insatiable curiosité.

En 1927, quelques années après larévolution soviétique, il donne une nouvelle orientation à son travail d'écrivain, aligné autant sur les programmeslittéraires du parti communiste que sur son inspiration.

Il tente avec Aurélien de décrire, à travers l'évocation dedestins individuels, la réalité sociale, et en particulier la société bourgeoise en proie à ses contradictions.

Aragon atoujours témoigné le plus grand attachement au roman â1 Aurélien, sans doute parce qu'il contient plus que toutautre des souvenirs chers à son auteur.. »