Resnais (Alain)

« 1 / 2 30 iuin 1965 Série No 50 Fiche N° 599 Resnais (Alain) 1.

Alain Resnais, metteur en scène et réalisateur français, a, depuis le film «L'Année dernière à Marienbad», acquis l'audience d'un public à la fois nombreux et éclairé.

Alain Resnais est l'un des représentants de cette école d'avant-garde du cinéma appelée le cinéma réel.

Armand Gatti (« L'Enclos "• 1961), Chris Marker («Description d'un Combat "• 1960) et Agnès Varda («Le Bonheur "• 1964) ont les mêmes préoc­ cupations et le même goût, bien que leurs moyens soient différents.

2.

Le cinéma réel se distingue du cinéma dramatique traditionnel par l'utilisation de la caméra.

Une prise de vues n'est plus l'enregistrement pur et simple des images.

Le metteur en scène dirige la caméra pour en faire un témoin véritable.

Chaque séquence cherche à découvrir la trace du passage humain.

Cet art du cinéma est celui du signe de la présence de l'homme: le regard a la même importance que le regardé.

3.

Ces préoccupations sont voisines de celles des écrivains du nouveau roman, pour qui le récit doit être vu de l'intérieur Il faut, à ce propos, rappeler qu'Alain Resnais collabore, pour chacun de ses films, avec les écrivains de la nouvelle école: Marguerite Duras pour « Hiroshima mon Amour "• Alain Robbe-Grillet pour « L'Année dernière à Marienbad "• Jean Cayrol pour « Muriel "· 4.

Alain Resnais est né le 3 juin 1922 à Vannes.

Il a été, en 1943, élève de la première promotion de l'IDHEC (Institut des Hautes études cinématographiques).

Ses premiers films sont des documentaires qui révèlent déjà l'essentiel de ses préoc­ cupations: «Van Gogh" (1948) dans lequel paysages, arbres, maisons d'un tableau deviennent des objets réels capables de découvrir le monde intérieur du peintre.

«Les Statues meurent aussi" (1951) était à l'origine un film sur l'art nègre, qui devint, par la vertu des images, un film sur le colonialisme et le racisme, et fut interdit par la censure.

«Nuit et Brouillard " (1955) est un film sur les camps de concentration, uniquement réalisé par le montage de prises de vues récentes.

5.

Les grands métrages de Resnais « Hiroshima mon Amour, (1959), « L'Année dernière à Marienbad" (1961) accentuent encore les effets de cette obsession du monde mental moderne.

Le son et l'image sont utilisés indépendamment l'un de l'autre pour découvrir les thèmes de l'oubli et de la mémoire.

Le travelling ne cesse pas de rapprocher l'œil (de la caméra) de l'objet filmé pour rendre sensible au spec­ tateur la distance qui le sépare de ce qu'il voit.

Le spectateur n'est alors plus un élément passif.

Comme la caméra elle-même, il devient un élément actif du spectacle.

Resnais a dit: •• Je voudrais retrouver les conditions de la lecture, m'adresser au spectateur comme s'il était lecteur -et seul.

" 6.

Tout se passe comme si l'œuvre de Resnais dénonçait devant le public les atteintes de la sensibilité de l'homme par la civilisation moderne, où l'image et le son détruisent peu à peu l'usage de la parole, que celle-ci soit orale ou écrite.

En ce sens, l'œuvre de Resnais peut être tenue pour exemplaire. 2 / 2. »