RENÉ CLAIR.

« RENÉ CLAIR.

On ne dit pas des personnages à la Fritz Lang, à la Murnau, ou à la Rossellini, mais on dit des personnages à la René Clair : il est un des rares créateurs du cinéma qui ait laissé derriè re lui un petit monde qui lui appartient.

La farandole de ses bonsh ommes a pris son élan dans le L una -Park d'ENTR'ACTE, glissé SUR LES TOITS DE PARIS et mêlé LES DEUX TIMIDES aux BELLES DE NUIT.

Ces personnages ont pour grand -père Eugène Labiche et pour on cle Erik Satie ; ils sont épiciers, milliardaires ou chauf feurs de taxi.

Pourvus de bottines, de lorgnons et de boas, ils se poursuivent dans un Paris réinventé par Lazare Meerson sur une musique de Van Parys.

Sur la photo, l'oeil collé à la lunette du Super -Parvo, René Clair a l'air tendu, fidèle à sa réputation d'horloger méticu - leux.

Je ne sais pas ce qu'il regarde, un Gérard Philipe ou une Annabella.

Une fois qu'il aura bien réglé sa mécanique il donnera le coup de pouce et A NOUS LA L IBERTE ! Flicaille et racaille, crémières et sorcières, ils se donnent la main, ribambelle sautillante, soumis aux tentations contrai res de l'ordre et de la provocation, du baisemain et du coup de pied au cul, de la mélancolie et du vaudeville, du drapeau et du lampion, de l'Académie Française et du Collège de Pataphysique.

A l'aube la farandole disparaît dans le lointain, emportant ses fions -fions.

LE SILENCE EST D'OR et le ciel est clair.

Clair comme le jour.

PIERRE TCHERNIA. »