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RACINE Jean

Publié le 07/11/2020

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À Molière, il retire l'Alexandre (d'ailleurs assez mal parti) pour confier l'œuvre à la troupe de l'hôtel de Bourgogne, qui la conduit au triomphe. Il est de fait que cette compagnie rivale excellait dans le tragique, et Molière le savait de reste. Il en fut d'autant plus affecté. Ajoutons que Racine lui enlevait du même coup sa plus grande et belle actrice, la Du Parc, dite « Marquise », dont il était quelque peu épris. Ne quittons pas si vite « Marquise » et relevons au passage qu'outre Molière qui la courtisa sans succès (il l'avait achetée à une compagnie rivale en raison de ses talents de danseuse), et outre Racine qui en fit quelque temps sa maîtresse, cette belle comédienne a encore sa place dans l'histoire de nos lettres pour avoir été convoitée, mélancoliquement, par Corneille (« Marquise, si mon visage / A quelques traits un peu vieux... »). Notons aussi que la célèbre équipe des quatre « grands classiques », ou encore des « quatre amis » dont nous ont parlé naguère nos manuels - Boileau, La Fontaine, Molière et Racine -, n'a guère eu d'existence que symbolique. Ces quatre « chefs de l'école classique » ont été promus tels dans nos livres de classe au siècle dernier ; mais non pas par leurs contemporains. En ce début des années 1660, Desmarets de Saint-Sorlin, Chapelain, Benserade et Quinault - les quatre « grands », aux yeux de la plupart des officiels de l'époque - touchaient une bien plus large pension que Molière, Boileau, La Fontaine ou Racine. Aussi Y Alexandre, œuvre du débutant Racine, vise-t-elle d'abord à plaire à un public friand de Quinault (lequel sera de nouveau le « rival heureux » dans la troisième et dernière partie de sa carrière) et ses héros - Porus, Alexandre - n'entendent se battre ou conquérir le monde que pour un sourire ou, si possible, un soupir, d'Axiane ou de Cléofile. Quand les jansénistes, par la bouche de Nicole en cette même année 1665, attaquent les gens de lettres, ce n'est pas à Racine qu'ils en ont, mais à Desmarets de Saint-Sorlin, célèbre auteur de tragédies, de récits ou d'essais, tant en vers qu'en prose, et de plus premier chancelier de l'Académie française : « Un faiseur de romans et un poète de théâtre, s'écrie Nicole, est un empoisonneur public, non des corps mais des âmes des fidèles, qui se doit regarder comme coupable d'une infinité d'homicides spirituels, ou qu'il a causés en effet, ou qu'il a pu causer par ses esprits pernicieux. » Or, ce n'est pas Desmarets de Saint-Sorlin mais Racine qui, se sentant visé personnellement par ses anciens maîtres, répondra. Cette Réponse à Nicole (janvier 1666), qui est sans doute la première œuvre véritablement réussie du jeune poète, emprunte son style aux récentes Lettres provinciales de Pascal (1655-1657; écrites à la défense des jansénistes, celles-là): même allégresse, même limpidité. Mais on reste atterré de la violence agressive du ton, de l'indécence des railleries (à l'adresse de la mère Angélique, en particulier); surtout quand on songe à l'amour quasi filial qu'à peine deux années plus tôt témoignait encore le jeune homme pour les solitaires du Vallon. Vous pouviez, s'écrie-t-il, employer des termes plus doux que ces mots d'empoisonneur public, et de gens horribles parmi les chrétiens. Pensez-vous que l'on vous en croie sur parole. (Ou, plus loin:) Hé! Monsieur; contentez-vous de donner les rangs dans l'autre monde: ne réglez point les récompenses de celui-ci. Les premiers chefs-d'œuvre L'année suivante (1667), Racine faisait représenter, dans l'appartement de la reine et en présence de la cour, Andromaque. Ce fut un triomphe. Tournant le dos à son glorieux contemporain Quinault - et sans même en passant s'attarder au trop grandiloquent et bravache auteur du Cid -, il revenait d'un seul bond jusqu'aux sources de la tragédie, dans l'Antiquité grecque. Ce faisant, et François Mauriac l'a remarqué, dès 1928 (dans cette étonnante Vie de Jean Racine, qui est un peu pour lui ce que fut pour Chateaubriand la Vie de Rancé), le chrétien Racine retrouve sans y prendre garde l'esprit de Port-Royal : la prédestination augustinienne dont font état les jansénistes rejoint la fatalité (le fatum) de la tragédie antique. Dix années durant, de 1667 à 1677, Racine va régner sur la scène française. Il faut d'abord évoquer d'un mot, ou citer tout au moins, la farce des Plaideurs (1669) qui n'ajoute rien à sa gloire; reconnaissons qu'il n'excelle pas, comme son rival Corneille, en tous les genres également. Avec Britannicus (1669), et Bérénice (1670), il semble précisément qu'il se propose de battre Corneille, et sur son propre terrain. Ne prend-il pas pour thème l'histoire romaine? En réalité, si le cadre de l'action se veut moins « racinien », ses héros le sont toujours en ce sens qu'ils ne sont nullement héroïques, mais victimes de leurs instincts; et plus encore, victimes de circonstances extérieures qui les dépassent. Si Néron, dans la première de ces deux pièces, est un prince criminel, c'est presque malgré lui; si, dans l'autre, Titus agit comme un prince magnanime en sacrifiant l'amour pour voler à son devoir, il ne s'y dirige qu'à contrecœur, en soupirant, sinon en tournant la tête vers Bérénice, qui est restée - là, les bras encore tendus vers lui - à l'autre bout de la scène. Mais attardons-nous un peu plus sur Bajazet (1672) :

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