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QUELQUES FIGURES MICROSTRUCTURALES : LES FIGURES DE DICTION ET DE CONSTRUCTION

Publié le 16/12/2023

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« QUELQUES FIGURES MICROSTRUCTURALES : LES FIGURES DE DICTION ET DE CONSTRUCTION Rappel : On distingue 2 grandes catégories de figures : les figures micro-structurales et les figures macro-structurales. Les figures micro-structurales regroupent les figures de diction, les figures de construction et les figures de sens (ou “tropes”). Les figures macro-structurales regroupent les figures de pensée. Biblio : Les figures de style, Catherine Fromilhague, Nathan 128 I- LES FIGURES DE DICTION A- MODIFICATION DU MOT • aphérèse : effacement d’un phonème en début de mot • apocope : effacement symétrique en fin de mot • épenthèse : Insertion dans le mot ex : “merdre !” • le mot-valise : il y a combinaison et fusion d’au moins deux termes partiellement homophones ex : “pianocktail” (B.

Vian) B- FIGURES DE “CONTINUITÉ PHONIQUE” • allitération : répétition de phonèmes consonantique • assonance : répétition de phonèmes vocaliques • homéotéleute : même chose que la rime mais en prose ex : “ils étaient cossus, bourrus, obtus” (Flaubert) “ Ha ! Badebec, ma tendrette, ma braguette…” (Rabelais) • paronomase : association de termes ayant des profils phonétiques proches - in praesentia : il pleure dans mon coeur / comme il pleut sur la ville (Verlaine) Les mains des amantes d’antan jonchent ton sol (Apollinaire) - in absentia : tout un implicite sémantique, proche de l’allusion s’élabore dans cette figure.

ex.

: honneur du père honneur du fils honneur du Perroquet Saint-Esprit (Prévert) II- LES FIGURES DE CONSTRUCTION B- LA REPETITION Elles concernent l’organisation syntaxique de l’énoncé, la relation entre signifiants morpho-syntaxiques 1/ Du matériel sonore à l’organisation syntaxique • épitrochasme : accumulation de mots courts et expressifs ex : “Adieu, veaux, vaches, cochon, couvée.” (La Fontaine) “ Quand on m’aura jeté, vieux flacon désolé, Décrépit, poudreux, sale, abject, visqueux, fêlé.” (Baudelaire) 2/ La répétition lexicale a) la répétition sans variation (signifiants identiques) • la réduplication ou épizeuxe : répéter consécutivement dans le même membre de phrase certains mots d’un intérêt marqué ex : “O triste, triste était mon âme A cause, à cause d’une femme” (Verlaine) • le parallélisme ou hypozeuxe : figure fondée sur un parallélisme appuyé de groupes syntaxiques le plus souvent juxtaposés.

Cette rhétorique de l’empilement est une des marques génériques du lyrisme dans ses aspects incantatoires et même litanique. ex : “Je suis la plaie et le couteau ! Je suis le soufflet et la joue ! Je suis les membres et la roue Et la victime et le bourreau !” (Baudelaire) • anaphore rhétorique : répétition en tête d’un groupe syntaxique d’un mot ou d’un groupe de mots : imprime un élan rythmique à l’énoncé. ex : “O toi que j’eusse aimé, ô toi qui le savais !” (Baudelaire) • épiphore : symétrique de l’anaphore, la répétition se faisant en fin de groupe ex : “Sur le perron une dame apparut, parée pour la visite, coiffée pour la visite, avec des phrases prêtes pour la visite” (Maupassant) • antépiphore : répétition de la même expression en tête et en fin d’une unité de discours. ex : “Adorable sorcière, aimes-tu les damnés ? Dis, connais-tu l’irrémissible ? Connais-tu le remords aux traits empoisonnés ? A qui notre coeur sert de cible ? Adorable sorcière, aimes-tu les damnés ?” (Baudelaire) • épanalepse : répétition d’un membre de phrase autonome ex : “Que diable allat-il faire dans cette galère ?” (Molière) répété 7 fois • anadiplose : reprise au début d’une phrase d’un mot (ou d’une expression) utilisé à la fin de la phrase précédente. ex : “[…] il me conduisait aux Bouffons, à un concert, à un bal, où j’espérais rencontrer une maîtresse.

Une maîtresse ! c’était pour moi l’indépendance […]” (Balzac) NB : s’accompagne volontiers d’hypozeuxe et de gradation ex : “Il y a un spectacle plus grand que la mer, c’est le ciel ; il y a un spectacle plus grand que le ciel, c’est l’intérieur de l’âme” ou “Et l’éther devint l’air, et l’air devint le vent ; / L’ange devint l’esprit, et l’esprit devint l’homme.” • épanadiplose : lorsque de deux expressions corrélatives ou mises en parallèle, l’une commence et l’autre finit par le même mot. ex : “L’homme peut guérir de tout, non de l’homme” (Bernanos) • la concaténation : suite d’anadiploses : amplification d’un discours dont les éléments s’enchaînent ex : “L’union établie en la distinction fait l’ordre ; l’ordre produit la convenance, et la convenance, en choses entières et accomplies, fait la beauté” (Saint François de Sales) “ Forcé de parcourir la route où je suis entré sans le savoir comme j’en sortirai sans le vouloir, je l’ai jonchée d’autant de fleurs que la gaîté me l’a permis ; encore je dis ma gaîté sans savoir si elle est à moi plus que le reste, ni même quel est ce moi dont je m’occupe.” (Beaumarchais) • épanode : reprendre certains mots qui se trouvent au début d’une unité de discours et les expliquer un à un. ex : “C’est dans ce temps que naît une nouvelle figure d’homme, immobile, absent. Immobile sur la neige blanche, penché sur l’absence rouge, ne désirant pus rien au monde.” (C.Bobin) “Selon Pascal, l’homme est à la fois grand et misérable : grand, parce qu’il pense, et misérable, parce qu’il est sujet à toutes les faiblesses.” b) Répétition avec variations morphologiques • le polyptote : emploi de plusieurs formes grammaticales du même mot ; variantes morphologiques d’un terme unique ex : “Madame se meurt, Madame est morte” (Bossuet) “Dans nos ténèbres, il n’y a pas une place pour la Beauté.

Toute la place est pour la Beauté.” (Char) • la dérivation : variations morpho-lexicales sur un radical commun ex : “Ton bras est invaincu, mais non pas invincible” “Une prière aux yeux, et ne priant jamais.” (Rimbaud) “ô nuit effroyable, où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle” (Bossuet) 3/ Du signifiant au signifié, du morphologique au sémantique • antanaclase : Reprise d’un même terme pris en deux sens différents ex : “Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas” (Pascal) • synonymie ou métabole : juxtaposition de termes ayant le même sens, ou du moins un noyau sémique commun.

Ici, seul le signifié est en jeu : ex : “A force de scruter, de le scruter, de creuser l’image, on a vu ce qu’il y avait” (Duras) • gradation : “Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! mais Paris libéré !” B- DISPOSITION / COMBINAISON 1/ Organisation morphosyntaxique a) rupture de l’organisation morphosyntaxique • l’anacoluthe : rupture de cohérence syntaxique ex : “Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l’empêchent de marcher” (Baudelaire) • l’aposiopèse : le locuteur s’interrompt au détriment de la complétude syntaxique du propos.

Typographiquement marqué par des points de suspension : la phrase reste inachevée.

L’aposiopèse impose la présence d’un énonciateur ; le théâtre et le énoncés lyriques sont ses cadres génériques privilégiés. ex : “Je me dis : là était le bonheur peut-être ; cependant…” (Nerval) “Tu vas ouïr le comble des horreurs, / J’aime… A ce nom fatal, je tremble, je frisonne,.... »

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