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Profession : menteur. François Périer

Publié le 16/05/2020

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« Profession : menteur.

François Périer • Cette phrase laconique constitue, à elle seule, le titre donné par l'acteur François Périer à son livreautobiographique (Lé Pré aux Clercs, 1990).

Le célèbre comédien, après cinquante ans de vie professionnelleconsacrée au théâtre (le cinéma n'est pas son vrai métier, comme il s'en explique à la fin de son livre), signale,comme étant à t'origine de sa vocation, l'habitude, contractée dès l'enfance, de se raconter des histoires : « Dès l'enfance, j'ai eu le goût du mensonge.

Du beau mensonge.

Vocation, appel du destin...

Depuis toujours, jeraconte des histoires.

Pour ma défense, et tant pis pour le paradoxe, je dois dire qu'il y avait une sorte d'innocencedans mes mensonges.

Je ne mentais pas par intérêt : je mentais par plaisir.

Je vivais dans un monde embelli par monimagination.

Tous les enfants se créent un univers à l'image de leurs désirs, et tous finissent par y renoncer quandils s'aperçoivent que les autres ne peuvent y trouver place.

Certains s'enferment dans la solitude : la plupartdeviennent adultes.

Moi, je suis devenu comédien...

» (Profession : menteur, p.

9) • Cette passion invétérée s'identifie à une activité de jeu chez cet enfant solitaire, moyennant, du reste, lacomplicité de ses grands-parents maternels; elle se donne le champ libre à l'école et dans la rue où' le bagoutirrésistible d'un camelot exerce sur lui une sorte de fascination (il s'agit de la rue, et non de l'école...).

Le théâtredeviendra vite « un métier d'adulte pour un rêve d'enfant».

Le talent, la chance aidant, son choix professionnel sevoit scellé grâce à un entretien — sollicité puis miraculeusement accordé — avec le grand Louis Jouvet (« C'estennuyeux que tu n'aimes pas les études.

Car le théâtre, tu sais, c'est un métier qu'il faut apprendre.

Comme lesautres.

Et il faut l'apprendre toute sa vie.

Se cultiver.

Savoir.

S'enrichir.

») Après son admission au Conservatoire, où son maître, André Brunot, lui inculque, précisément, «l'amour du travailbien fait, la fierté de l'artisan», l'ancien élève du Cours de René Simon (en 1935) conquiert d'emblée succès etcélébrité dès 1938 (dans Les Jours heureux, de C.A.

Puget, au Théâtre Michel puis au Théâtre de Paris).

Succèsjamais démenti par la suite.

Ce n'est pourtant pas en jouant Les Mains sales, de Sartre, en 1948, au ThéâtreAntoine, que François Périer connaîtra la gloire; celle-ci viendra quand il créera Bobosse, comédie d'André Roussin,en 1950 (à Bruxelles, puis à Paris et à Lyon).Dès le lever du rideau, il fait le poirier sur scène ! Sans devoir renoncer, par la suite, au répertoire léger (comédiesdivertissantes, vaudevilles du théâtre de boulevard) grâce auquel il s'était taillé ses plus francs succès, FrançoisPérier se tourne vers des œuvres plus exigeantes de recherche ou d'avant-garde : Les Séquestrés d'Altona deSartre, en 1966; Le Diable et le Bon Dieu, en 1968, également de Sartre, au T.N.P., puis, en 1969, la même pièce aufestival d'Avignon, qui lui vaut un triomphe.Double registre du répertoire, dédoublement du comédien (ou duplicité du menteur professionnel ?) : la dualité del'acteur accompli rejoint et prolonge celle de l'enfant qu'il était, puisque ce dernier s'était inventé un compagnon deroute idéal, un « double» glorieux de lui-même, un certain Désiré Mestiféri, qu'il lui faudra bien supprimer quand samère entreprendra de faire sa connaissance.Mais tout comédien ne s'éprouve-t-il pas divisé dans son être même? Vilar se nommait lui-même familièrement Totoet Gérard Philipe se parlait parfois à la seconde personne et s'écrivait des lettres d'injures! En tout cas, FrançoisPérier s'adjuge avec fierté, et humour, cette qualité de menteur professionnel : « Ainsi, j'ai toujours voulu mener de front une carrière grand public, tournée vers le rire, et une autre, plus secrète,moins tapageuse, plus proche peut-être de l'essence du théâtre.

Là encore, cela m'a valu d'être souvent regardéd'un drôle d'œil.

Pour qui se prend-il celui-là? Qu'est-ce que c'est que cet olibrius? Pourquoi ne veut-il pas rentrerdans le rang ? J'ai le goût du paradoxe mais pas celui du malentendu.

Je suis las d'entendre les muscadins duthéâtre périphérico-subventionné se gausser de mes succès de boulevard, tout comme il m'énerve qu'un certainpublic B.C.B.G.

refuse de me voir autrement qu'en personnage de vaudeville.

Eh bien oui, mesdames et messieurs, jesuis double, ce qui est bien la moindre des choses pour un menteur professionnel.

Et sur ce point, je crois bienn'avoir jamais essayé de tromper personne.»(Profession : menteur, p.

253) Jouer, c'est mentir sciemment.

François Périer sait bien que, comme le remarquait Diderot, dans son Paradoxe sur lecomédien, l'art du comédien est affaire de jugement et de calcul, en particulier lors de la représentation.

Enl'occurrence, l'art du mensonge est une nécessité : il faut mentir pour incarner un personnage que l'on n'est pas, etle spectateur est le premier à se louer d'un tel dédoublement.

Dans le cas personnel de François Périer, le publics'était accoutumé à l'image, ou à l'«emploi», du brave type toujours prompt à manifester ses bons sentiments, desorte que cette seconde nature avait été identifiée à la «vraie» personnalité de l'acteur : le personnage et lapersonne se confondaient dans l'esprit même de François Périer !Or, en 1955, François Périer accepte, au cinéma, de tenir le rôle de l'ivrogne Coupeau, dans Gervaise, uneadaptation de l'Assommoir de Zola, sous la direction de René Clément.

En 1956, Fellini lui fait jouer, sans l'aviser àtemps, le rôle de l'honnête petit employé qui, subitement, se mue en un affreux escroc et trompe la trop créduleCabiria, dans Les Nuits de Cabiria.

Au théâtre, le pas est franchi quand il interprète Tartuffe, de Molière, en 1961, àla Comédie des Champs-Elysées.

Or, dans ce dernier rôle, François Périer souffre, soir après soir, d'incarner unpersonnage qu'il juge dégradant :. »

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