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Plutarque

Publié le 09/12/2021

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Natif de Chéronée en Béotie, Plutarque vit le jour vers l'an 50 de notre ère, à une époque où l'Antiquité classique se mettait à boucler ses comptes et, de vivant, ne lançait plus guère dans la circulation que la menue monnaie de la grammaire et de la rhétorique moralisante représentée aussi par la prédication ou diatribe populaire. Un gigantesque résumé de la pensée, de la science et de l'histoire s'imposait : ce fut l'œuvre de Plutarque. Mieux peut-être que Balzac, il eût pu dire : en ma tête j'ai porté un monde. Le demi-siècle, tout de même, et le quart du suivant allaient fournir encore, en première ligne, la satire sulfureuse de Juvénal et les torches de l'historien Tacite, qui versent la flamme et l'ombre sur les convulsions d'une pâte humaine empruntée aux carnages et à l'orgie. De ce demi-siècle, la première décennie allait se signaler par le suicide à main forcée des deux grandes figures de la période précédente : le philosophe stoïcien (tragédien aussi à ses heures) Sénèque, et le poète Lucain, deux Cordouans que le sort mêla aux préoccupations toujours dangereuses et à la présence funeste de Néron. C'est encore là, paraît-il, que se place un fait divers : Epaphroditos, l'affranchi du tyran, brisant pour s'amuser la jambe de l'esclave stoïcien Epictète. Après ces monstruosités, suivies encore d'un ébranlement général de l'empire, quand les armées, à la mort de Néron (an 68), convergèrent de l'Ibérie, de la Germanie, du Danube et de la Judéo-Syrie vers la capitale pour essayer, chacune pour son compte, d'instituer empereur leur général, après les sacrilèges perpétrés par la soldatesque sur la personne auguste de Rome, après les massacres où s'écroulèrent Vitellius, Galba et Othon, la paix du glaive s'établit. Les légions du Danube et de Syrie, victorieuses, ouvraient à Vespasien leur chef les portes du Capitole (an 70). Plutarque avait vingt ans. La dynastie des Flaviens (Vespasien, Titus, Domitien) assura au monde impérial une paix relative jusque vers la fin du premier siècle. Cette dynastie fut relayée en 98 par celle non moins fameuse et non moins excellente des Antonins, qui remplirent les trois quarts du second siècle (ne parlons pas de l'affreux Commode) et dont les trois premiers représentants, Nerva, Trajan et Hadrien coïncident avec l'arrière-été, l'automne et l'hiver de Plutarque, si vraiment l'écrivain s'éteignit une dizaine d'années après la mort de Trajan, survenue en 117. Malgré des séjours à Rome, un voyage en Égypte, Plutarque fut toujours un provincial attaché à son municipe de Chéronée. Géant du travail, il fut en même temps bon citoyen et bon père de famille. Il fait un peu songer à Littré, par ses mœurs irréprochables et sa curiosité encyclopédique. Alors qu'à Rome on se pressait autour des honneurs, il déroulait dans le calme, à Chéronée, ses fleuves immenses : les Vies parallèles, et les Moraux ou Œuvres morales. Il disait que celui qui abandonne sa cité ressemble à l'adultère, délaissant pour une concubine sa légitime épouse. Les provinces d'ailleurs n'eurent pas trop à souffrir au cours des désastres impériaux, et Néron, adoré de la plèbe romaine, était fort apprécié des Grecs, qu'il gâtait. Plutarque rompt une lance en faveur du repos de son âme, à la fin d'une des Œuvres morales, intitulée Des délais de la Justice divine. Dans le grand mélange de l'Empire, Plutarque resta purement grec, se vantant d'ignorer le latin.

« Plutarque Natif de Chéronée en Béotie, Plutarque vit le jour vers l'an 50 de notre ère, à une époque où l'Antiquité classique se mettait à boucler ses comptes et, devivant, ne lançait plus guère dans la circulation que la menue monnaie de la grammaire et de la rhétorique moralisante représentée aussi par la prédicationou diatribe populaire.

Un gigantesque résumé de la pensée, de la science et de l'histoire s'imposait : ce fut l'œuvre de Plutarque.

Mieux peut-être queBalzac, il eût pu dire : en ma tête j'ai porté un monde.

Le demi-siècle, tout de même, et le quart du suivant allaient fournir encore, en première ligne, la satiresulfureuse de Juvénal et les torches de l'historien Tacite, qui versent la flamme et l'ombre sur les convulsions d'une pâte humaine empruntée aux carnageset à l'orgie.

De ce demi-siècle, la première décennie allait se signaler par le suicide à main forcée des deux grandes figures de la période précédente : lephilosophe stoïcien (tragédien aussi à ses heures) Sénèque, et le poète Lucain, deux C ordouans que le sort mêla aux préoccupations toujours dangereuseset à la présence funeste de Néron.

C'est encore là, paraît-il, que se place un fait divers : Epaphroditos, l'affranchi du tyran, brisant pour s'amuser la jambede l'esclave stoïcien Epictète.

Après ces monstruosités, suivies encore d'un ébranlement général de l'empire, quand les armées, à la mort de Néron (an 68),convergèrent de l'Ibérie, de la Germanie, du Danube et de la Judéo-Syrie vers la capitale pour essayer, chacune pour son compte, d'instituer empereur leurgénéral, après les sacrilèges perpétrés par la soldatesque sur la personne auguste de Rome, après les massacres où s'écroulèrent V itellius, Galba etOthon, la paix du glaive s'établit.

Les légions du Danube et de Syrie, victorieuses, ouvraient à V espasien leur chef les portes du Capitole (an 70).

Plutarqueavait vingt ans.

La dynastie des Flaviens (Vespasien, Titus, Domitien) assura au monde impérial une paix relative jusque vers la fin du premier siècle.

C ettedynastie fut relayée en 98 par celle non moins fameuse et non moins excellente des Antonins, qui remplirent les trois quarts du second siècle (ne parlonspas de l'affreux Commode) et dont les trois premiers représentants, Nerva, Trajan et Hadrien coïncident avec l'arrière-été, l'automne et l'hiver de Plutarque,si vraiment l'écrivain s'éteignit une dizaine d'années après la mort de Trajan, survenue en 117.

M algré des séjours à Rome, un voyage en Égypte, Plutarquefut toujours un provincial attaché à son municipe de Chéronée.

Géant du travail, il fut en même temps bon citoyen et bon père de famille.

Il fait un peu songerà Littré, par ses mœurs irréprochables et sa curiosité encyclopédique.

A lors qu'à Rome on se pressait autour des honneurs, il déroulait dans le calme, àChéronée, ses fleuves immenses : les Vies parallèles, et les M oraux ou Œuvres morales.

Il disait que celui qui abandonne sa cité ressemble à l'adultère,délaissant pour une concubine sa légitime épouse.

Les provinces d'ailleurs n'eurent pas trop à souffrir au cours des désastres impériaux, et Néron, adoré dela plèbe romaine, était fort apprécié des Grecs, qu'il gâtait.

Plutarque rompt une lance en faveur du repos de son âme, à la fin d'une des Œuvres morales,intitulée Des délais de la Justice divine.

Dans le grand mélange de l'Empire, Plutarque resta purement grec, se vantant d'ignorer le latin. C'était un patriote, que ses fonctions d'archonte (conseiller municipal) à C héronée, et de prêtre d'Apollon à Delphes, remplissaient d'une juste joie.

Unmodeste dans la grandeur.

Il ne trouvait rien de plus important que l'amélioration de son âme et les progrès moraux qu'il voulait faire accomplir à sa famille,à ses intimes, à sa cité.

C hose curieuse, il ne semble pas avoir connu le christianisme, lui qui l'avait pourtant rejoint à bien des égards.

Il n'en fait nulle partmention.

A Rome, il avait d'illustres amitiés, appartenant à l'entourage immédiat de Trajan : un grand personnage consulaire, Sossius Senecio, et Fundanus,le familier de Tacite et de Pline. Plutarque expose sa doctrine dans son traité De la vertu morale (chap.

V ).

La centralité, qui définit la vertu morale, évoque la notion de centre d'un cercle.Car, dit Plutarque au chapitre suivant, elle n'est pas mélange des vices, elle n'environne pas le domaine du manque, pas plus qu'elle n'est entourée dudomaine de l'excès.

Autrement dit, nous le précisons en français, la vertu morale dans le sens de Plutarque n'a pas pour image un cercle, qui serait plutôt lavertu inférieure et relative qu'il nomme continence (enkrateia).

Elle est le centre du cercle, une centralité (mésotès) ou perfection qu'il nomme tempéranceou chaste sagesse (sôphrosynè).

Plutarque développe : il y a milieu et milieu.

Le moyen terme entre le blanc et le noir, c'est le gris.

La moyenne entrequatre et douze, c'est huit.

Le moyen terme entre le bien et le mal, c'est l'indifférent.

Mais, s'exclame P lutarque : ni le gris, ni huit, ni l'indifférent, bien quemoyens termes, ne sont des centralités.

Car ils n'ont aucune excellence, ils ne sont pas des sommets (akrotès).

Il ne suffit donc pas, ajoutons-nous, d'êtresitué entre deux extrêmes (akron) pour apparaître sommité (akrotès).

Le bien comporte en soi une élévation mystérieuse.

Il ne comporte, comme ditPlutarque, aucun mélange.

La partie affective de l'âme, les élans de la passion, utilisés par la vertu morale, éprouvent donc mystérieusement unetranssubstantiation.

C ela est le point original de la doctrine de Plutarque.

En effet, la langue est en général empruntée à Platon, la notion de centre parfaitremonte à Pythagore.

L'attelage de l'âme, selon Platon, a pour cocher l'intellect ou esprit (noûs) et pour chevaux le cœur ou élan généreux (thymos) et ledésir ou élan ignoble (épithymia).

Nous savons maintenant que par la vertu morale, Plutarque voulait amadouer le cheval vicieux, mais non le châtrer.

Ilvoulait transformer en élan généreux et noble notre concupiscence, transformer l'épithymia en thymos, pour que l'attelage prenne des ailes et ques'accomplisse l'ascension.

Moins grand que Platon, Plutarque se meut essentiellement dans le domaine du quotidien et du pratique, laissant à son illustredevancier l'investigation du dernier bien. Par l'insuffisance de la langue, P lutarque est le plus souvent forcé de faire apparaître dans ses exemples la vertu morale sous l'aspect d'un moyen terme oumédiété, plutôt que sous celui de la centralité.

Ainsi, il la compare à la note médiale et bien dans le ton, par rapport à l'aiguë extrême (néthè) et à la basseextrême (hypatè).

De même, le courage se situe entre la lâcheté et la témérité.

Mais il n'est pas un mélange, il est une perfection, un sommet.

Pratiquement,Plutarque doit recourir quand même à l'image du mélange, du compromis : "Un homme qui craint de s'enivrer ne jette pas son vin, il le mélange." Le miracle,c'est que ce mélange aboutit à la pureté, qui en est le contraire.

C 'est le saut mystérieux de l'enkrateia (continence, maîtrise relative de soi) à lasôphrosynè (tempérance, maîtrise de soi parfaite et sans effort).

Plutarque s'oppose aux stoïciens, ces utopistes qui veulent détruire la passion au lieu del'utiliser en l'épurant. Et maintenant, deux phrases empruntées au début d'un traité des Moraux, intitulé Le démon de Socrate, nous feront saisir la tournure d'esprit du limierPlutarque au cours de son immense enquête : "Ceux qui viennent voir les tableaux en profanes et sans rien entendre à l'art ressemblent aux gens quisaluent à la fois toute une compagnie ; mais les connaisseurs, les amateurs, adressent un mot personnel à tous ceux qu'ils rencontrent.

De même, devantles actions réelles, l'esprit paresseux se contente pour sa gouverne de demander l'essentiel et l'issue de l'affaire ; mais s'il a le goût du noble et du beau,celui qui contemple les œuvres que la vertu, comme un art très haut, a exécutées, se plaît surtout aux particularités.

Le résultat, lui, tient largement duhasard." Toute son œuvre est issue de sa doctrine.

Domptant un tempérament que l'on devine, sous les apparences du calme, formidable, il le déversa en quelquesorte dans des travaux qui semblent excéder les limites humaines.

Il nous donne l'impression d'appliquer littéralement la théorie de Balzac, qui veutremplacer la jouissance immédiate et matérielle par une immense promenade intellectuelle à travers le jardin de l'histoire, des passions et des souffrances.Les Vies Parallèles, qui comparent, couple à couple, un grand Hellène à un grand Romain (A lexandre, César ; Thésée, Romulus, etc.) font défiler sous nosyeux à la fois ravis et horrifiés la galerie héroïque de l'A ntiquité.

Plutarque entre dans tous les détails, retourne et tord ses personnages, les plonge dans lesgouffres.

C'est le plus passionnant des romanciers, et le plus vrai, puisque les faits qu'il relate sont, en général, empruntés à des documents.

En cela, il estgénie unique, puisque, pratiquement, l'A ntiquité n'a pas connu le genre du roman.

Dans les Moraux également on trouve des passages d'une force poétiqueécrasante, préfigurant et valant largement les envolées de Dante ou de Shakespeare. Bien de son temps, Plutarque semble avoir cru à l'existence de démons ou génies, qui correspondent à peu près aux anges du christianisme.

Il était, commeBalzac, environné de forces spirituelles.

D'où la puissance de son œuvre.. »

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