Pierre Abélard1079-1142Il fut d'abord à Paris l'élève de Guillaume de
Publié le 22/05/2020
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Pierre Abélard
1079-1142
Il fut d'abord à Paris l'élève de Guillaume de Champeaux, qu'il ne tarda guère à
supplanter ; après la célèbre histoire d'amour avec Héloïse, qui se situe vers 1113, Abélard
enseigna successivement à Nogent, au “ Paraclet ”, puis de nouveau à Paris où il mourut.
Son œ uvre, à la fois philosophique et théologique, comprend essentiellement le Sic et Non ,
la Dialectica , des Gloses , la Theologia Christiana et l'Ethica .
Il doit sans doute à l'âpre
controverse qui l'opposa à Guillaume de Champeaux sur le problème des universaux le
début de sa renommée.
Le problème, déjà pose par Porphyre, était de savoir si les
universaux, qui renvoient aux genres et aux espèces des êtres naturels, existent dans la
réalité ou seulement dans la pensée, pour Guillaume, l'universel est une réalité “ tout
entière à la fois dans chacun des individus d'une même espèce ”.
Abélard reprend les
objections du Parménide : comment le même universel peut-il être tout entier en lui-même
et tout entier en chacun des individus dont il est le genre ou l'espèce ? De plus, si l'on
définit, par exemple, l'homme comme un animal raisonnable, comment expliquer la
coexistence en lui de deux universaux qui s'excluront par ailleurs chez le cheval ? La
solution d'Abélard est remarquable en ce sens qu'elle dépasse l'opposition
réalisme-nominalisme et, par une analyse de l'abstraction, jette les bases d'une explication
psychologique des idées.
L'universel a bien une certaine réalité, mais uniquement à titre
de concept prédicatif : il exprime une qualité qui peut se dire de plusieurs choses, mais il
n'a pas de sens si on le sépare de ces choses.
Comment un universel se forme-t-il ? Nos
perceptions produisent en nous des images ; elles peuvent subsister à titre individuel et
constituer des objets de pensée singuliers, ou s'unir en représentations plus imprécises,
plus générales.
Les universaux ne sont ainsi que “ le sens des noms ” (nominum significatio)
et il n'y a de connaissance réelle que du particulier ; la solution d'Abélard a certainement
contribué à rendre son autonomie à la logique, et fait de lui un précurseur direct de
Guillaume d'Occam.
Le même génie et la même fougue caractérisent son œ uvre
proprement théologique.
S'il a vivement attaqué les dialecticiens (comme Roscelin), donne
la chasse aux hérésies sur La Trinité et proteste de sa soumission à l'autorité, il est vrai
aussi qu'il a fait du Timée un commentaire singulièrement hardi, s'attachant à y retrouver
tous les détails du dogme.
Mais c'est dans son Ethica que ses véritables tendances
apparaissent le plus nettement : seule l'intention permet de juger la valeur morale d'un
acte, le péché naît d'un désaccord entre la représentation du juste et notre conduite ; ce qui
l'amène à rejeter la transmission de la faute originelle et la doctrine de la réversibilité des
mérites du Christ sur chaque chrétien.
Ces thèses difficiles à apprécier, qui dévaluent la
grâce au profit de la connaissance et ont un relent de pélagianisme, expliquent la
condamnation que l'attention vigilante de saint Bernard valut à Abélard..
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