passe
Publié le 06/12/2021
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passe n.f. (angl. Pass). Procédure mise en place par J. Lacan dans son école pour poser la question de la fin de la psychanalyse, et renouveler à partir de là les questions de l'analyse didactique et de la nomination des analystes.
Depuis 1918, les associations de psychanalystes s'accordent à considérer qu'il est indispensable que tout psychanalyste ait été lui-même analysé. Il ne s'agit pas seulement, comme dans les années antérieures, d'une simple expérience ponctuelle destinée à faire reconnaître au praticien la réalité de l'inconscient. On considère plutôt que, sans une analyse approfondie, celui-ci projetterait trop couramment sur ses patients ses propres difficultés et qu'il faut donc limiter au maximum les zones d'ombre, les points aveugles n'étant au demeurant jamais totalement réductibles chez le psychanalyste comme chez n'importe qui. S. Ferenczi est un de ceux qui ont insisté le plus sur la nécessité de pousser aussi loin que possible ce que la tradition nomme «analyse didactique «.
Cette exigence, cependant, peut-elle être précisée ? La plupart des instituts de psychanalyse, ceux qui se rattachent à l'Association Psychanalytique Internationale (I.P.A.) en sont venus à une conception formaliste de l'analyse didactique : nombre et durée des séances déterminés à l'avance, choix de l'analyste limité à une courte liste de « didacticiens «, planification de l'enseignement théorique devant accompagner, au bout de quelques années, la cure elle-même. Au terme de ce parcours le sujet postulant au titre de psychanalyste peut être autorisé à conduire des analyses sous contrôle. Tout ce dispositif donne à ces instituts la forme de groupes fortement hiérarchisés qui induisent facilement un certain conformisme.
Pour Lacan, qui souhaitait que son école fonctionne selon de tout autres principes, le sujet qui s'engage dans une psychanalyse à visée didactique n'a pas à être distingué, dans un premier temps, de l'analysant tout-venant. Comment son désir pourrait-il se révéler dans une démarche codifiée, dans des structures bureaucratiques? En revanche, cela ne dispense pas de s'interroger sur ce qui peut faire qu'un psychanalysant puisse devenir analyste, d'autant que ce passage ne va pas de soi. Devenir analyste, en effet, c'est accepter, notamment, de faire fonction d'objet a pour l'analysant : dans le transfert l'analyste est à cette place de l'objet qui a causé le désir de l'analysant, mais parce que le rapport de l'homme à son objet est ainsi fait, il est par là même objet d'horreur, objet d'angoisse, objet finalement rejeté au terme du processus.
Lacan imagine donc une procédure particulière qui permettrait à ceux que leur psychanalyse a menés en ce point de passage à l'analyste d'en témoigner. Pour lui « l'analyste ne s'autorise que de lui-même «, au sens où personne ne peut prendre à sa place les responsabilités qui sont les siennes dans l'effectua-tion de son acte. Cela n'empêche pas qu'une institution puisse reconnaître un psychanalyste. Dans le dispositif prévu par lui, ceux qui sont concernés par le passage à l'analyste, les «passants «, s'adressent à des '
Lacan, parallèlement à ce mode de nomination assez révolutionnaire, en maintenait un autre plus traditionnel qui, sur la base de la qualité professionnelle des psychanalystes, pouvait les désigner comme Analystes Membres de l'École (A.M.E.).
Bien que Lacan ait considéré que la passe était un échec, beaucoup de groupes issus de son école en ont repris la procédure. C'est aujourd'hui un des enjeux de la formation de l'analyste que de savoir s'il est toujours essentiel de reprendre de façon systématique l'examen de ce qui produit le désir de l'analyste en tant qu'élément opérant dans une cure (désir dont l'objet est peut-être d'ailleurs très différent de l'objet du fantasme), ou si une telle procédure pose plus de difficultés qu'elle n'en résout.
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