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Pascal a écrit : « Le moi est haïssable. » Vous semble-t-il que le « moi » de Pascal soit absent des Pensées ?

Publié le 09/12/2021

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« Pascal a écrit : « Le moi est haïssable.

» Vous semble-t-il que le « moi» de Pascal soit absent des Pensées? C'est avant tout un sujet d'analyse auquel vous pourrez ajouter une partieexplicative.

Vous avez à faire l'analyse de cette idée du moi, puis à fairel'analyse (on pourrait dire aussi bien la description [C.

P., p.

146]) du moi quel'on trouve dans les Pensées pour comparer avec ce que vous aurez dit de lalittérature personnelle.

Vous pourrez enfin expliquer ce qu'il y a de personnel.Une œuvre littéraire peut être personnelle parce que l'écrivain y parle de lui etplus particulièrement de ce qui ne peut appartenir qu'à lui : événementsprécis, goûts, manies, — ou bien de ce qui lui est arrivé, de ce qu'il a éprouvé,pensé, etc., mais que beaucoup d'autres ont pu vivre, éprouver, pensercomme lui.

Pascal avait un excellent exemple de ces deux formes delittérature personnelle dans les Essais de Montaigne; et c'est à eux qu'ilsonge.

On les retrouve aussi bien dans les Confessions de Rousseau.

Ontrouve la première, mais plus souvent la seconde, dans la plupart des grandesœuvres romantiques.

Aucune de ces deux formes n'est dans les Pensées dePascal.

Jamais Pascal ne dit ou suggère : « C'est ainsi que, moi, je pense ouje .sens.

» Il s'efforce toujours de donner au lecteur cette impression que sapensée, son jugement doivent être ceux de tout lecteur cultivé capable de le comprendre.Par contre, la personnalité d'un auteur peut s'exprimer par le fait qu'il pense ou sent ce que personne d'autre nepourrait penser ou sentir comme lui ; et surtout parce qu'il exprime ce qu'il pense et ce qu'il sent avec un accent,dans un style qu'on ne rencontre nulle part ailleurs.

Supprimons tous les passages où Montaigne parle de lui ; negardons que les parties impersonnelles ou bien celles où nous pourrons écrire « on » à la place de « je », les Essaisn'en exprimeront pas moins exactement la personnalité de Montaigne ; tout comme les Fables refléteraient aussibien La Fontaine si l'on donnait un caractère impersonnel aux quelques passages ou fragments où il se metdirectement en scène.

C'est cette sorte de moi qu'on peut retrouver dans les Pensées : 1° La religion de Pascal,quelle que soit son orthodoxie, est bien une religion à lui et à lui seul, par un mélange d'implacable austéritéjanséniste, de rigueur ascétique et d'ardeur frémissante, de pitié fraternelle pour une humanité anxieuse etmisérable; 2° Le mouvement surtout et le style des Pensées sont l'image de l'âme de Pascal et de la sienneseulement, par l'alliance de la rigueur logique, déductive et d'une sensibilité, d'une imagination qui suscitent lesimages, les tours frappants, les mots hardis et colorés.L'explication est dans le caractère même de Pascal, chrétien qui veut penser aux autres et jamais à lui.

Mais ellepeut être cherchée aussi dans l'esprit du temps.

D'une part, la doctrine classique est formée et elle ne veut étudierque l'homme en général.

— D'autre part, vers 1655-1660, il y a encore dans les mœurs et dans la littérature uncertain désordre, une certaine liberté ; la règle classique n'est pas encore entrée fortement dans la pratique.

Blaise Pascal dans une formule célèbre des Pensées proclame que « le moi est haïssable ».

Il s'en explique au nom devaleurs morales : « En un mot, le moi a deux qualités : il est injuste en soi, en ce qu'il se fait centre de tout ; il estincommode aux autres, en ce qu'il les veut asservir : car chaque moi est l'ennemi et voudrait être le tyran de tousles autres ! » (VII, 455).

C'est pourquoi Pascal condamne les Essais de Montaigne : « Le sot projet qu'il a de sepeindre ! » (II, 62).Trois siècles plus tard, Paul Léautaud affirme le contraire dans son Journal, sur un ton provocateur : « Il paraît qu'ilest immoral de parler de soi.

Moi je ne sais guère que parler de moi » ; « Le "moi" pas du tout haïssable, bien aucontraire ».

Et cet auteur met ses idées en application, en puisant largement dans sa vie pour écrire ses œuvres.Qui a raison des deux? Le moi a-t-il une place dans la littérature, ou est-il contraire à la nature de cet art ?La vogue actuelle des mémoires, des journaux, des romans autobiographiques montre que le public, contrairement àPascal, apprécie les ouvrages où l'écrivain se peint.

Le « moi » présente en effet un intérêt réel, qui prend diversesformes.Il est légitime de parler de soi pour apporter un témoignage historique sur une période ou des événementsimportants.

Dès l'Antiquité, Xénophon raconte son expédition militaire en Asie Mineure dans l'Anabase, et sonexpérience de disciple auprès d'un grand philosophe dans Les Mémorables et L'Apologie de Socrate.

Au xx5 siècle, A.Malraux retrace sa participation à la guerre d'Espagne et à la vie littéraire ou politique dans les Antimémoires.

Il estpassionnant de comparer les récits parfois discordants du duc de La Rochefoucauld et du cardinal de Retz sur laFronde, conspiration des nobles contre la royauté, à laquelle ils prirent part.

Parler de soi peut aussi devenir unearme de combat pour dénoncer les injustices d'un régime : A.

Soljenitsyne en racontant son incarcération dansL'Archipel du Goulag révèle la cruauté du système de répression communiste.Souvent, l'écrivain veut témoigner d'un destin individuel hors du commun, ou bien éclairer le public sur une carrièrelittéraire.

Ainsi Chateaubriand retrace sa riche expérience d'homme politique et d'auteur dans ses Mémoires d'outre-tombe.

J.-P.

Sartre dans Les Mots dévoile son enfance et ses premières lectures.

Le but de J.-J.

Rousseau, dansses Confessions, est de rétablir la vérité sur son caractère, « défiguré », dit-il dans son Avertissement, par sesennemis.

Plus modestement, Montaigne annonce au début des Essais qu'il se peint pour que ses parents et amis le. »

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