Oral français
Publié le 10/02/2024
Extrait du document
«
Parcours : « L’alchimie poétique : la boue et l’or »
Texte n°1 : Charles Baudelaire, « Correspondances »,
in Les Fleurs du Mal, « Spleen et Idéal » (édition de 1857)
IV.
– Correspondances
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La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
– Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.
Parcours : « L’alchimie poétique : la boue et l’or »
Texte n°2 : Charles Baudelaire, «°A une Malabaraise »,
in Les Fleurs du Mal, « Les Épaves » (édition de 1866)
IV.
– À une Malabaraise.
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Tes pieds sont aussi fins que tes mains, et ta hanche
Est large à faire envie à la plus belle blanche ;
À l’artiste pensif ton corps est doux et cher ;
Tes grands yeux de velours sont plus noirs que ta chair.
Aux pays chauds et bleus où ton Dieu t’a fait naître,
Ta tâche est d’allumer la pipe de ton maître,
De pourvoir les flacons d’eaux fraîches et d’odeurs,
De chasser loin du lit les moustiques rôdeurs,
Et, dès que le matin fait chanter les platanes,
D’acheter au bazar ananas et bananes.
Tout le jour, où tu veux, tu mènes tes pieds nus
Et fredonnes tout bas de vieux airs inconnus ;
Et quand descend le soir au manteau d’écarlate,
Tu poses doucement ton corps sur une natte,
Où tes rêves flottants sont pleins de colibris,
Et toujours, comme toi, gracieux et fleuris.
Pourquoi, l’heureuse enfant, veux-tu voir notre France,
Ce pays trop peuplé que fauche la souffrance,
Et, confiant ta vie aux bras forts des marins,
Faire de grands adieux à tes chers tamarins ?
Toi, vêtue à moitié de mousselines frêles,
Frissonnante là-bas sous la neige et les grêles,
Comme tu pleurerais tes loisirs doux et francs,
Si, le corset brutal emprisonnant tes flancs,
Il te fallait glaner ton souper dans nos fanges
Et vendre le parfum de tes charmes étranges,
L’œil pensif, et suivant, dans nos sales brouillards,
Des cocotiers absents les fantômes épars !
Parcours : « L’alchimie poétique : la boue et l’or »
Texte n°3 : Charles Baudelaire, « Alchimie de la douleur »,
in Les Fleurs du Mal, « [Suite à] Spleen et Idéal » (ajouts de 1861)
Alchimie de la douleur
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L’un t’éclaire avec son ardeur,
L’autre en toi met son deuil, Nature !
Ce qui dit à l’un : Sépulture !
Dit à l’autre : Vie et splendeur !
Hermès inconnu qui m’assistes
Et qui toujours m’intimidas,
Tu me rends l’égal de Midas,
Le plus triste des alchimistes ;
Par toi je change l’or en fer
Et le paradis en enfer ;
Dans le suaire des nuages.
Je découvre un cadavre cher,
Et sur les célestes rivages
Je bâtis de grands sarcophages.
Parcours : « L’alchimie poétique : la boue et l’or »
Texte n°4 : Henri Michaux, « Le Grand Combat »,
in Qui je fus (1927)
LE GRAND COMBAT
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Il l'emparouille et l'endosque contre terre ;
Il le rague et le roupète jusqu'à son drâle ;
Il le pratèle et le libucque et lui barufle les ouillais ;
Il le tocarde et le marmine,
Le manage rape à ri et ripe à ra.
Enfin il l'écorcobalisse.
L'autre hésite, s'espudrine, se défaisse, se torse et se ruine.
C'en sera bientôt fini de lui ;
Il se reprise et s'emmargine...
mais en vain.
Le cerceau tombe qui a tant roulé.
Abrah ! Abrah ! Abrah !
Le pied a failli !
Le bras a cassé !
Le sang a coulé !
Fouille, fouille, fouille,
Dans la marmite de son ventre est un grand secret
Mégères alentour qui pleurez dans vos mouchoirs ;
On s'étonne, on s'étonne, on s'étonne
Et on vous regarde,
On cherche aussi, nous autres, le Grand Secret.
Parcours : « L’alchimie poétique : la boue et l’or »
Texte n°5 : Georges Perec, « Sois soumis mon chagrin »,
extrait de « Trois chansons par un fils adoptif du Commandant Aupick », in La Disparition (1965) © Denoël
Charles Baudelaire, « Recueillement »,
in Les Fleurs du Mal, « Ajouts de 1868 ».
Georges Perec, « Sois soumis mon chagrin »,
extrait de « Trois chansons par un fils adoptif du
Commandant Aupick », in La Disparition (1965) ©
Denoël
Recueillement
« Sois soumis mon chagrin »
Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.
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Sois soumis, mon chagrin, puis dans ton coin sois sourd.
Tu la voulais la nuit, la voilà, la voici :
Un air tout obscurci a chu sur nos faubourgs,
Ici portant la paix, là-bas donnant souci.
Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma Douleur, donne-moi la main ; viens par ici,
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Tandis qu’un vil magma d’humains, oh, trop banals,
Sous l’aiguillon Plaisir, guillotin sans amour,
Va puisant son poison aux puants carnavals,
Mon chagrin, saisis-moi la main ; là, pour toujours,
Loin d’eux.
Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées ;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;
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Loin d’ici.
Vois s’offrir sur un balcon d’oubli,
Aux habits pourrissants, nos ans qui sont partis ;
Surgir du fond marin un guignon souriant ;
Le Soleil moribond s’endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l’Orient,
Entends, ma chère, entends la douce nuit qui marche.
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Apollon moribond s’assoupir sous un arc,
Puis ainsi qu’un drap noir traînant au clair ponant,
Ouïs, Amour, ouïs la Nuit qui sourd du parc.
Parcours : « écrire et combattre pour l’égalité »
Olympe de Gouges, Déclaration des Droits de la Femme et de la
Citoyenne (14 septembre 1791)
Texte n°6 : Le « Préambule » et les deux premiers articles
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DECLARATION DES DROITS DE LA FEMME ET DE LA CITOYENNE
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À décréter par l’Assemblée nationale dans ses dernières séances ou dans celle de la
prochaine législature.
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PRÉAMBULE
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Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la nation, demandent d’être
constituées en Assemblée nationale.
Considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des
droits de la femme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des
gouvernements, [elles] ont résolu d’exposer, dans une déclaration solennelle, les droits
naturels, inaliénables et sacrés de la femme, afin que cette déclaration, constamment
présente à tous les membres du corps social , leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs
devoirs, afin que les actes du pouvoir des femmes et ceux du pouvoir des hommes, pouvant
être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus
respectés, afin que les réclamations des citoyennes, fondées désormais sur des principes
simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution, des bonnes
mœurs, et au bonheur de tous.
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En conséquence, le sexe supérieur en beauté comme en courage dans les souffrances
maternelles, reconnait et déclare, en présence et sous les auspices de l’Être suprême, les
droits suivants de la femme et de la citoyenne.
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ARTICLE PREMIER.
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La femme nait libre et demeure égale à l’homme en droits.
Les distinctions sociales ne peuvent
être fondées que sur l’utilité commune.
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II.
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Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles
de la femme et de l’homme : ces droits sont la liberté, la propriété, la sureté, et surtout la
résistance à l’oppression.
Parcours : « écrire et combattre pour l’égalité »
Olympe de Gouges, Déclaration des Droits de la Femme et de la
Citoyenne (14 septembre 1791)
Texte n°7 : début du « Postambule »
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POSTAMBULE.
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Femme, réveille-toi ; le tocsin1 de la raison se fait entendre dans....
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