Opéra

« LE MARIAGE DES TALENTS ëopéra naît à Florence en Italie durant la Renaissance dans le but de reconstituer le théatre antique.

ëopéra est l'union de l'art dramatique, de la musique et de la danse .

Cette œuvre théatrale chantée où se mêlent symphonies, chorégraphies et décors forme • l'œuvre par excellence » (opera).

Pourtan~ l'interprétation musicale reste prépondérante et la voix occupe la place centrale puisqu'elle relie le mot au son.

Cette composition pour soliste, chœur et orchestre est retranscrite en livrets (text e mis en musique) et souvent inspirée d'une œuvre littéraire majeure .

dévolue aux arias , le développement de l 'action aux récitatifs .

Le genre de l'opéra sérieux (opera seria) fixe ses codes : il compte cinq protagonistes, dont registres vocaux et rôles sont prédéterminés .

Le livret présente un homme de pouvoir (ténor), deux hommes plus jeunes en rivalité (primo uomo et secundo uomo, souvent castrats) , et deux rôles féminins (prima donna et secundo donna) .

EN FRANCE La France fut le premier pays à accuei llir l'ars nova italien.

Mazarin passa plusieurs commandes , dont un drame lyrique à Cavalli , spécialiste des opéras de cour (Didon , Xerxés, Hercule amoureux ) .

ëopéra s1ntégra ___________ _, à la culture française sous Louis XIV DE l'ÉLITISME AU DIVERTISSEMENT BAROQUE À FLORENCE les premiers opéras apparaissent en Italie à la fin du XVI' siècle.

Les mariages des grandes familles sont le prétexte de réjouissances et les membres d 'une académie florentine, (la Camerata florentina) , convaincus que les tragédies grecques classiques étaient chantées , inventent un genre musical destiné à la déclamation tragique .

Cette musique est monodique , elle accompagne le texte déclamé en cantor recitando .

En 1600 , La Camerata fait jouer Eurydice (Jacopo Peri et Giulio Caccini, librettiste Ottavio Rinuccini) pour fêter au palais Pitti les noces de Marie de Médicis avec Henri IV.

À VENISE la cité des Doges brille par ses compositeurs , dont le grand madrigaliste Claudio Monteverdi.

Il annonce une esthétique nouvelle et fonde les critères du genre : la polyphonie rejoint l'orchestre concertant (clarinette, bassons , contrebassons, hautbois , luths) ; le chant soliste est mis en avant.

Orphée de Mon teverdi (tiré d'Homère , 1607) Les modè les florentins sont dépassés en mise en scène, mélodie et expressivité voca le.

Ari11nnt1 de Monteverdi (1616) fut un énorme succés.

Ne reste de la partition que le mythique Lamento d'Ariane.

Le Couronnement de Poppée (1642) .

Ce dernier opéra de Monteverdi fut un événement historique .

Les duos d'amour entre la soprano (la courtisane Poppée) et le castraVsoprano (l'empereur Néron) relévent de la perfection .

À ROME Le dramma per musica, mieux structuré que les premiers essais florentins, affirma aussi sa singularité.

ëexpression de l'émotion y est grâce à Lully , jeune Florentin devenu compositeur de la cour .

Il inventa la tragédie lyrique française .

Les livrets en français sont inspirés des auteurs tragiques et interprétés en chanter­ parler ; l'action se déroule en cinq actes proscrivant les airs longs, virtuoses mais répétitifs (les arias) .

Les chœurs et le grand orchestre sont mis en valeur dans l'accompagnemen~ des ouvertures et des passages symphoniques .

Lully créa également l'opéra-balle~ combinaison de danses , de chants choraux et d'effets scéniques.

LE XVIII ' SIÈCLE : LES GENRES ÉVOLUENT l'OPtRA BOUFFE OU OPhA-COMIQUE D 'origine napolitaine, l'opera buffa , inspiré de la commedia dell'arte, requérait des registres de voix variés.

Baldassare Galuppi mit en musique douze livrets du dramaturge Goldoni qui enchantèrent le public vénitien.

L11 hrv11nte m11itresse (opéra bouffe en deux actes de Pergolése , libr.

A.

F.

Gennaro, 1733) .

Histoire d'amour entre un vieux maitre (Uberto, basse) et sa servante (Serpina, sopr .).

Parties récitées et parties chantées .

Cette œuvre déclenchera les Querelle des Bouffons (entre les partisans de l'opéra français sérieux et ceux de l'opéra-comique à l'italienne) .

l'oPtRA BAROQUE Didon et née (Henry Purcell , 1689) .

Opéra en trois actes, inspiré du livre IV de l'[néide de Virgile.

Didon (sopr.), reine de Carthage déclare son amour au prince troyen Énée (ténjbaryton).

Trompé par un mauvais espri~ Énée part pour l 'Italie.

Folle de douleur , Didon se donne la mort .

le lamento de Didon, When 1 am laid in earth est un sommet de l'art lyrique.

Le Roi Arthur (Purcell, 1691 ), opéra d ramatique .

Théâtre parlé avec intermèdes musicaux .

Arthur , roi des Bretons et Oswald roi du Kent se disputent la main d'Emmeline.

Le magicien Osmond et l'Esprit de la terre Grimbald (basse) soutiennent Osmond tandis que Merlin et l'Esprit de l'air Phil id el (sopr.) protègent Arthur .

TIJe F11iry Queen (cinq actes, Purcell, 1692 ) .

Adaptation de Songe d 'une nuit d'été de W .

Shakespeare.

Rinaldo (de Georg Friedrich Haendel, adaptation de la Jérusalem délivrée du Tasse, 1711) .

En 1100, pendant le siège de la première croisade, Godefroy de Bouillon (castrjalto) promet sa fille à Rinaldo (castrjsopr.) s'il remporte la victoire .

ëair de Rinaldo (Cora sposa , acte 1) fut un succés.

Jules César en lgypte (Haendel , 1724) .

Amour et politique dans l'Antiquité.

Le récitatif de César devant la dépouille de son ennemi (acte 1, scène 7 , castr .), le Piangero de Cléopâtre (acte Ill, scèn e 3, sopr.) sont des morceaux d 'anthologie .

Hippolyte et Aricie ~ragédie­ opéra en cinq actes de J.

P.

Rameau, 1733) Thésée (basse), est devenu roi d 'Athènes en éliminant la famille des Pallantides , à l'exce ption d'Aride (sopr.).

Phèdre (meuo-sopr.), son épouse s'éprend d'Hippolyte, fils qu'il a eu d 'une précédente union .

Les Indes galantes (trois actes, Rameau, 1735) .

Cette œuvre fait l'apologie de l'exotisme et de • l'amour dans les contrées lointaines ».

Castor et Pollux (Rameau, 1737) .

Pollux descend aux Enfers pour ressusciter son frère Castor.

LES LUMiiRES : DE GLUCK À MoZART ëopera seria dut s1nspirer de l'opera buffa pour se réformer.

Gluck et son librettiste cazalbigi travaillèrent à restaurer la force de l'action.

les airs, les chœurs , les intermédes dansés devaient servir cette dernière .

Le récitatif sec devient caduc ; l'orchestration se dramatise et enve loppe les récitatifs en recitotivo accompagnoto .

Gluck eut deux carrières : compositeur d'opéra italien , puis maitre-és opéra français à partir de 1n4.

Ses innovations sonnèrent le glas de la tragédie lyrique française et de la musique de Rameau .

Orphée et Eurydice Oibr.

Cazalbigi, 1762) .

Première œuvre réformée de G luck.

Orphée (castrjalto), Eurydice (sopr.).

Le mythe est remanié au dernier acte en /ieto fine (fin heureuse) .

Alceste (Giuck.libr.

Cazalbigi , 1767) Tragédie-opéra en trois actes , inspiré du mythe grec.

Cette œuvre marque un nouveau tournant dans l'histoire de l'opéra .

le personnage principal est une femme fière , obstinée et puissante .

Iphigénie en Au/ide (Gluck.

1n4).

Tragédie-opéra en trois actes, d'apr .

Racine.

Mozart découvre la tragédie lyrique française (Lully, Rameau) et l'opéra­ comique à Paris, puis la scène londonienne.

Il passe un an en Italie où il étudie l'opera seria .

On lui doit entre autres les premiers grands Singspie/e (L'Enlèvement au sérail, La ROte enchantée) : ces opéras mi­ sérieux mi-. »